Fitzgibbon reste ouvert au nucléaire, malgré la fermeture de Legault

«Quand on regarde ce qui se passe dans le monde – parce qu’il faut regarder en dehors du Québec –, le nucléaire, c’est un incontournable. Si les gens pensent que la planète doit se décarboner sans le nucléaire, c’est faux», a déclaré mercredi le ministre Pierre Fitzgibbon.
Christinne Muschi La Presse canadienne «Quand on regarde ce qui se passe dans le monde – parce qu’il faut regarder en dehors du Québec –, le nucléaire, c’est un incontournable. Si les gens pensent que la planète doit se décarboner sans le nucléaire, c’est faux», a déclaré mercredi le ministre Pierre Fitzgibbon.

Malgré la fermeture de son chef, le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, persiste et signe : il faut évaluer toutes les sources d’énergie, y compris le nucléaire. Et ce sera aux Québécois de décider ce qu’ils pensent de cette option.

« Les ambitions du Québec en termes de croissance économique et de décarbonation sont telles qu’il faut regarder toutes les alternatives, ce que Michael Sabia fait, ce qu’on fait au ministère de l’Énergie. On décidera après, collectivement, dans la population, quelles sont les sources d’énergie renouvelable ou d’énergie à bas fossiles », a affirmé le ministre en période de questions, mercredi.

« Quand on regarde ce qui se passe dans le monde – parce qu’il faut regarder en dehors du Québec –, le nucléaire, c’est un incontournable. Si les gens pensent que la planète doit se décarboner sans le nucléaire, c’est faux. Tout le monde est d’accord », a ajouté M. Fitzgibbon.

Mardi à New York, le premier ministre François Legault a affirmé au sujet du nucléaire que « pour l’instant, on ne touche pas à ça ».

Sommet sur l’ambition climatique

Le gouvernement est à la recherche de nouvelles sources d’énergie. François Legault assure qu’il existe bon nombre d’avenues à explorer – l’efficacité énergétique, les négociations avec Terre-Neuve-et-Labrador au sujet des centrales de Churchill Falls et Gull Island, rehausser les barrages existants et en construire de nouveaux –, et que le nucléaire n’en fait pas partie pour l’instant.

Le premier ministre Legault était de passage à New York cette semaine, notamment pour assister au Sommet sur l’ambition climatique à l’ONU qui s’est déroulé mercredi.

Il se dit fier pour tout le Québec de cette invitation, même s’il n’a pas pu prendre la parole, contrairement à son homologue fédéral, Justin Trudeau. « On le savait », assure le premier ministre en mêlée de presse tout juste avant de se rendre au sommet.

« Il y a une centaine de pays qui ont été invités. Seulement neuf États, dont le Québec, qui ne sont pas des pays. Il y aura des échanges et c’est surtout l’occasion de rencontrer d’autres dirigeants », a-t-il ajouté.

« Héros »

M. Legault a toutefois pris la parole lors d’une rencontre du groupe Beyond Oil and Gas Alliance – dont le Québec fait partie – qui s’est tenu mardi. L’ancien vice-président américain Al Gore était présent. Durant son allocution, M. Gore a qualifié les membres de ce groupe de « héros ».

« Les générations futures se souviendront de cette alliance et diront […] qu’ils étaient des héros », a-t-il lancé.

Les partis d’opposition ont réagi mercredi matin à cette déclaration.

« Souvenez-vous que M. Legault, dans la campagne de 2018, n’avait aucun plan sur l’environnement. C’était la dernière de ses priorités. Et, lors de la dernière élection, bien, il avait déposé, vous vous souviendrez, le Plan pour une économie verte, qui n’avait pas les moyens de ses ambitions », a soutenu le péquiste Joël Arseneau.

« Le plan qui est présenté par le gouvernement, ce n’est pas le plan d’un héros en environnement. Car il n’atteint pas les cibles de réduction, les cibles de son propre gouvernement », a affirmé la solidaire Alejandra Zaga Mendez.

« François Legault est l’héritier d’engagements qui ont été pris par des gouvernements libéraux, notamment responsables. Qu’est-ce qu’il fait aujourd’hui François Legault, le pseudo-géant vert ? » a questionné le chef libéral par intérim, Marc Tanguay.

Même le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a lancé une pointe envers le Québec au sujet de sa participation à ce groupe groupe Beyond Oil and Gas Alliance.

« Le Québec s’est engagé à faire partie de cette organisation-là. On continue d’importer du pétrole au Québec : 360 000 barils de pétrole par jour. On ne produit pas, mais il y a quelqu’un d’autre qui le produit pour nous, les Québécois qui l’utilisons. On a besoin de ce genre d’initiatives, mais il faut regarder l’ensemble de l’équation », a-t-il illustré mercredi dans l’enceinte de l’ONU à New York.

Consensus sur l’environnement au Québec ?

Lors de son passage à New York, le premier ministre a affirmé que la question de la lutte contre les changements climatiques fait consensus au sein des partis politiques québécois, malgré le fait que ses adversaires politiques lui reprochent régulièrement son manque d’ambition.

« J’ai toujours considéré qu’au Québec, les partis ne se distinguent pas sur l’environnement parce qu’on est tous d’accord », a-t-il dit en entrevue avec La Presse canadienne dans la résidence officielle du Québec à New York.

Il affirme d’ailleurs être surpris de voir, lorsqu’il rencontre ses homologues des autres provinces, que ce n’est pas consensuel chez eux.

Mais comment explique-t-il alors qu’il se fasse critiquer par ses adversaires – Québec solidaire particulièrement – qui l’accusent de ne pas en faire suffisamment ? « C’est plus de la rhétorique », répond-il.

« Sincèrement, comment on peut dire qu’on n’en fait pas assez alors qu’on est les meilleurs en Amérique du Nord », ajoute le premier ministre. Une ligne qui sera d’ailleurs répétée à de nombreuses reprises durant son passage à New York.

Le premier ministre pense d’ailleurs que la majorité de la population québécoise est sensible à la question des changements climatiques. Il se questionne toutefois sur ceux qui n’y croient toujours pas.

« Tsé les fameux complotistes, il faut vraiment être “bocké”. C’est comme une évidence qu’il y a des changements climatiques et qu’il y a des impacts importants, des inondations et des températures extrêmes », a lâché le premier ministre.



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