Une voie rapide d’immigration seulement critiquée par l’Université McGill

L’Université McGill critique un système à deux vitesses qui pénalisera ses étudiants étrangers.
Michael Monnier Archives Le Devoir L’Université McGill critique un système à deux vitesses qui pénalisera ses étudiants étrangers.

Une voie rapide d’immigration permanente applicable uniquement aux étudiants étrangers ayant étudié en français préoccupe fortement l’Université McGill, qui estime qu’il s’agit d’un système à deux vitesses qui exclura des étudiants.

« Étant donné que ces personnes possèdent un diplôme québécois, qu’elles sont jeunes et qu’elles vivent déjà ici, en français, depuis plusieurs années, elles constituent un bassin exceptionnel où recruter de nouveaux Québécois et de nouvelles Québécoises », écrit le premier ministre du Québec, François Legault, dans le cahier de consultations sur la planification pluriannuelle de l’immigration, en les décrivant comme « des candidats idéaux ».

Cela fait réagir l’Université McGill, qui enseigne et fait de la recherche principalement en anglais, et qui pense que cette approche pénalisera les étudiants étrangers « même s’ils peuvent démontrer une excellente connaissance orale et écrite du français ».

« Nos étudiants risquent de sortir perdants de cet exercice », a déclaré Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante) de l’Université McGill, lors de son passage aux consultations mercredi après-midi. À la suite de la réforme proposée au volet « diplômés » du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), un diplômé du Québec pourra déposer une demande de résidence permanente dès la fin de ses études au lieu d’attendre les 12 ou 18 mois d’expérience de travail actuellement exigés.

Une voie rapide qui crée un système « à deux vitesses » et qui exclura des étudiants, croit-il. Il cite en exemple un étudiant de McGill originaire de Chine qui l’a contacté récemment. Celui-ci suit des cours de français tout en étudiant dans son programme à temps plein en anglais afin de « s’intégrer à la société québécoise ». « Cet étudiant s’inquiète maintenant pour son projet de vie au Québec, qu’il a patiemment construit au cours des dernières années », souligne-t-il.

Une bonne part de l’effectif étudiant songera à d’autres options que l’Université McGill, refroidie par les difficultés de s’établir au Québec par la suite, appréhende Fabrice Labeau. « Si on peut assouplir les règles, nous, on peut travailler fort sur la francisation », assure-t-il. L’établissement accueille présentement 12 000 étudiants étrangers, ce qui représente 30 % de sa population étudiante.

« Ne serait-il pas préférable d’évaluer chaque candidat à l’immigration individuellement plutôt que d’indiquer d’emblée une préférence pour ceux ayant suivi un programme francophone ? » demande l’université dans son mémoire.

Une voie de passage existe, dit Fréchette

 

Une voie de passage existe, a tenu à préciser la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, en réponse aux préoccupations de l’université.

« Les étudiants qui auront obtenu un diplôme dans un programme en anglais auront tout de même la possibilité d’appliquer pour le PEQ “diplômés”, s’il advenait qu’ils ont fait trois ans d’études en français au niveau secondaire ou postsecondaire », a-t-elle dit. Il est également possible pour eux de déposer leur candidature à la résidence permanente après une année d’expérience de travail s’ils maîtrisent le français au niveau requis.

Une réponse qui n’a pas semblé convaincre Fabrice Labeau, qui a, de son côté, invoqué l’attractivité des universités. « Leur fermer la porte à la voie rapide, c’est une difficulté », dit-il.

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