Le Canada devrait surpasser ses cibles de réduction du méthane, dit Trudeau

Le premier ministre Justin Trudeau, accompagné du ministre Steven Guilbeault, était présent au Sommet de l’ambition climatique à New York, mercredi.
Adrian Wyld La Presse canadienne Le premier ministre Justin Trudeau, accompagné du ministre Steven Guilbeault, était présent au Sommet de l’ambition climatique à New York, mercredi.

Le Canada est sur la bonne voie pour atteindre et même dépasser les objectifs de réduction des émissions de méthane provenant des champs pétroliers, a déclaré mercredi le premier ministre Justin Trudeau, lors du Sommet de l’ambition climatique, un rassemblement d’une trentaine de pays en marge de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU).

Un projet de règlement attendu avant la fin de l’année permettrait au Canada d’atteindre, voire de dépasser, son objectif de réduire de 75 % d’ici 2030 le méthane provenant du secteur pétrolier et gazier par rapport aux niveaux de 2012, a indiqué le premier ministre.

Le modérateur de l’ONU a préalablement présenté le premier ministre en rappelant clairement que le Canada « était l’un des pays à avoir le plus augmenté » sa production de combustibles fossiles l’année dernière, un détail que M. Trudeau n’a reconnu qu’indirectement — et avec un soupçon de politique intérieure.

« En 2015, le Canada — un important fournisseur de pétrole et de gaz — était loin derrière en matière d’action climatique », a-t-il reconnu, sans dire à haute voix que 2015 était l’année où ses libéraux ont pris le pouvoir.

« Grâce à un travail acharné, nous avons réussi à changer cela. En fait, les émissions du Canada ont tendance à diminuer », a-t-il souligné.

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’est lui aussi permis un soupçon de politique partisane.

Le Canada n’a été invité à participer au sommet de l’ONU qu’en raison des efforts qu’il a déployés jusqu’à présent pour prendre au sérieux ses obligations climatiques, a souligné M. Guilbeault.

« Je pense que si vous posiez la question : “Le Canada aurait-il été invité ici il y a 10 ans sous le gouvernement de Stephen Harper”, la réponse est évidemment non », a-t-il raillé.

« Pierre Poilievre ne croit pas — et le Parti conservateur du Canada ne le croit pas — que le changement climatique soit une question à laquelle il vaut la peine de prêter attention », a poursuivi le ministre, pour qui les progrès sur le méthane sont particulièrement remarquables.

« C’est un gaz à effet de serre très puissant, mais si nous pouvons travailler collectivement pour réduire les émissions de méthane, nous pouvons réduire de près de 1 °C l’augmentation de la température dans les décennies à venir. C’est énorme », a-t-il relevé, ajoutant que son gouvernement veille à ce que la « transition énergétique se fasse d’une manière qui soit juste et équitable pour les travailleurs ».

M. Trudeau a également déclaré lors du sommet que le Canada allouerait 700 millions de dollars supplémentaires au Poverty Reduction and Growth Trust, un fonds destiné à aider les pays en développement à faire face aux changements climatiques.

Une feuille de route à l’atteinte difficile

Le premier ministre participera également à des réunions de haut niveau sur la création de nouveaux modèles financiers pour aider les pays en développement à trouver des solutions durables à la crise climatique.

Ces objectifs, établis en 2015 comme feuille de route de l’ONU pour un monde sûr, équitable et pacifique, incluent de nobles ambitions telles que l’élimination de la pauvreté et de la faim, la garantie d’une eau propre et la fin des inégalités.

Le thème de l’assemblée de cette année est « Reconstruire la confiance et raviver la solidarité mondiale » – deux éléments que même António Guterres a reconnus mardi comme étant difficiles à trouver ces derniers temps.

Les progrès sont largement au point mort, entravés par l’intransigeance politique, la lenteur des économies postpandémiques et l’escalade des conflits en Ukraine et dans le monde en développement.

« Notre monde est en train de devenir déséquilibré, a déclaré le secrétaire général de l’ONU lors de son discours d’ouverture. Les tensions géopolitiques augmentent. Les défis mondiaux se multiplient. Et nous semblons incapables de nous unir pour y répondre. »

M. Trudeau a gentiment exhorté les dirigeants à prendre au sérieux la réalisation de ces objectifs.

« Il ne s’agit pas d’une liste de souhaits générée par des universitaires et des nantis mondiaux. Ce sont les éléments constitutifs du succès dans chacun de nos pays et dans chacune de nos communautés, a-t-il déclaré. [Mais ces objectifs] deviendront plus durs et plus chers [à atteindre] à mesure que nous nous traînerons les pieds. »



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