Vagues et îlots de chaleur: une première carte interactive de la vulnérabilité

Laetitia Arnaud-Sicari
Collaboration spéciale
Les conséquences sur la santé des gens touchés par des îlots ou des vagues de chaleur sont multiples.
Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir Les conséquences sur la santé des gens touchés par des îlots ou des vagues de chaleur sont multiples.

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche: enjeux climatiques

De plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses à cause des dérèglements climatiques, les vagues de chaleur frappent de plein fouet le pays. Dans le but de mesurer la vulnérabilité de la population et les effets de l’exposition à ce phénomène météorologique à l’échelle du Canada, une équipe de recherche du Département de géographie de l’Université Laval a lancé en mai dernier un outil sous forme de cartographie Web qui est accessible à tous.

Financée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, cette nouvelle carte interactive de la vulnérabilité de la population canadienne aux vagues de chaleur accablante a été conçue en s’appuyant sur quatre indices : la sensibilité, la capacité à faire face, l’exposition et la vulnérabilité.

« On a évalué les îlots de chaleur urbains en regardant la différence de température entre les zones urbaines et les zones végétalisées. On peut voir qu’une personne peut vivre dans un endroit où il y a un écart de 15 degrés entre son secteur et la région environnante. Ça permet de voir aussi s’il y a des îlots de fraîcheur à proximité », explique Nathalie Barrette, professeure au Département de géographie de l’Université Laval et co-chercheuse du projet.

« Ensuite, on regarde ce qui génère la vulnérabilité. Donc, si vous habitez dans une zone où il y a un indicateur de sensibilité qui est élevé ou faible, et la capacité d’y faire face. Il y a tous les lieux dans lesquels une personne peut aller se réfugier lorsqu’il y a des épisodes de chaleur, comme des piscines publiques, des centres commerciaux », ajoute l’experte au sujet de la carte, qui permet d’observer 156 régions métropolitaines et agglomérations canadiennes.

Plus concrètement, cette carte peut servir comme « outil d’accompagnement » pour les décideurs politiques, pour les professionnels de l’aménagement, de l’urbanisme et de la santé publique et pour le grand public. « Si je suis un décideur politique et que j’ai de l’argent à mettre, par exemple, dans un projet de verdissement, ça m’indique quelles régions prioriser », explique la professeure.

Les effets de la chaleur

« Une des choses qui m’ont frappée quand on a terminé l’outil, c’est qu’on associe souvent les vagues de chaleur et les canicules aux grosses villes. Le résultat nous montre [que] les petites et les moyennes villes sont également touchées, et elles vont l’être de plus en plus », souligne Mme Barrette.

Les conséquences sur la santé des gens touchés par des îlots ou des vagues de chaleur sont multiples. « Sur la santé, on sait qu’il y a les maladies cardios et respiratoires. On peut aussi noter une augmentation de la violence, donc il y a des conséquences sur la santé mentale. Tous ceux qui ont des conditions comme le diabète ou une insuffisance rénale sont vraiment plus exposés. Les coups de chaleur sont aussi l’une des principales causes de mortalité pendant ces épisodes », énumère-t-elle.

Pour amortir les effets de ces phénomènes météorologiques, des solutions à court terme existent, selon Nathalie Barrette. « L’une des premières mesures qu’on peut mettre en place […] est le verdissement, pour diminuer les îlots de chaleur. Le blanchiment des toitures et des surfaces peut aussi aider. L’idée est de rendre moins imperméable un lieu », indique la professeure.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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