Des « télédétectives » à la rescousse de la Terre

Laetitia Arnaud-Sicari
Collaboration spéciale
La télédétection joue un rôle clé dans la lutte contre les feux de forêt.
Photo: Getty Images La télédétection joue un rôle clé dans la lutte contre les feux de forêt.

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche: enjeux climatiques

La Terre brûle. Littéralement. Sécheresses, feux de forêt et vagues de chaleur… Le Canada n’est pas épargné par les pires répercussions des changements climatiques. Au coeur des solutions, on trouve des « détectives » en géomatique et en télédétection qui, à l’aide de leurs outils, surveillent ces phénomènes météorologiques afin de prendre des décisions plus éclairées avant, durant et après ces événements.

« La télédétection […] c’est la capacité d’observer la Terre [en cherchant à distance] de l’information au moyen de capteurs sur drone, de mobiles, de radars, de sonars, etc. », résume Richard Fournier, professeur titulaire au Département de géomatique appliquée de l’Université de Sherbrooke et membre du CARTEL, l’un des plus importants centres de recherche universitaire au Canada en télédétection. « Quand on fait de la télédétection, on est des télédétectives. On se demande de quels capteurs on a besoin [selon la situation] », précise-t-il.

« On a fait de grandes avancées technologiques depuis qu’on a ces moyens-là. Avant ça, il fallait se balader sur le terrain en permanence. On ne pouvait pas couvrir tout le terrain. Ça causait des problèmes d’échantillonnage », fait remarquer Victor Danneyrolles, professeur et chercheur à Université du Québec à Chicoutimi et membre lui aussi du CARTEL.

La télédétection joue d’ailleurs un rôle clé dans la lutte contre les feux de forêt, comme ceux qui brûlent actuellement au Canada. « Pour la prévention, ça nous donne des indices pour les priorités et pour voir quels endroits sont plus sensibles. Quand il y a des feux, on peut voir où ils se propagent [et quelles communautés sont touchées] », explique M. Fournier. « On a la donnée quasiment en temps réel. On sait tout de suite où ça a brûlé et on peut ensuite prendre des mesures, comme reboiser ou faire des coupes de récupération », ajoute M. Danneyrolles.

Obstacles sur le chemin

D’après M. Fournier, même si la technologie a connu des percées majeures ces dernières années, l’avancement des connaissances liées à la télédétection se voit freiné pour trois principales raisons. « Aujourd’hui, on n’est pas en déficit de technologie, mais en déficit de savoir-faire pour être au niveau des données que nous avons pour les traiter rapidement et efficacement », dit-il.

Puis, bien que la télédétection soit très utilisée, elle reste néanmoins peu connue de la relève, ce qui la limite également. « Les jeunes qui se cherchent une carrière ne savent pas qu’on peut faire de la géomatique ou de la télédétection et devenir de bons détectives en environnement. Ce qu’on voit en général, ce sont des gens qui vont étudier en écologie, en génie, en gestion urbaine, etc. Aux deuxième et troisième cycles, ils vont davantage voir que ça existe », constate Richard Fournier.

La politique représente aussi un défi de taille lorsqu’on essaie de mettre en place des solutions pour s’adapter aux perturbations climatiques. « Quand on va arrêter d’écouter trop les signes de dollar, on va essayer de trouver le signe de compromis entre le développement de la population et son bien-être pour trouver de belles solutions [face aux changements climatiques] », souligne M. Fournier.

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