Les premières cohortes d’infirmières immigrantes débarquent en région

Québec avait fait le vœu d’accueillir 1000 infirmières issues de l'immigration, au printemps 2022, et de prioriser 7 régions aux prises avec des pénuries sévères: l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Baie-James et l’Outaouais.
Photo: Jacques Nadeau archives Le Devoir Québec avait fait le vœu d’accueillir 1000 infirmières issues de l'immigration, au printemps 2022, et de prioriser 7 régions aux prises avec des pénuries sévères: l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Baie-James et l’Outaouais.

Les premières cohortes d’infirmières recrutées à l’étranger pour les hôpitaux en région commencent à travailler comme tel cet automne. Quelque 600 des 1000 professionnelles ont été trouvées jusqu’à présent, même si la majorité d’entre elles resteront loin des territoires priorisés par le gouvernement dans sa quête de régionalisation de la main-d’œuvre.

Une quarantaine d’infirmières et d’infirmières débarquent en renfort ce mois-ci en Gaspésie en provenance de la Côte d’Ivoire et de la République démocratique du Congo. Elles s’ajoutent à la quarantaine d’autres arrivées l’an dernier et qui terminent cet automne leurs études d’appoint. « Pour le système de santé en Gaspésie, c’est une excellente nouvelle, se réjouit le directeur des ressources humaines du CIUSSS local, Alain Vézina. En termes d’infirmiers, infirmières, on véhicule souvent le chiffre d’une centaine de personnes qui manquent en Gaspésie. »

Elles forment les premières grandes cohortes d’infirmières issues de l’immigration destinées aux régions. Québec a fait le vœu d’en accueillir 1000 au printemps 2022 et de prioriser 7 régions aux prises avec des pénuries sévères : l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Baie-James et l’Outaouais.

Cependant, ils sont seulement 200 à avoir été embauchés dans ces coins de pays. La part du lion de ce millier revient aux grandes régions de Montréal et de Québec. Les quelques dizaines de nouvelles recrues sont donc partout bienvenues, mais insuffisantes. Uniquement pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la pénurie se compte en centaines. Ces renforts de l’étranger ne pourront pas inverser les tendances lourdes.

Idem en Abitibi-Témiscamingue. « À court terme, c’est une réussite. Ça va aider. Mais, même avec ces embauches-là, ça ne vient pas inverser la tendance », confirme le président local de la Fédération des infirmiers et infirmières du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Jean Sébastien Blais.

Des avantages et des obstacles

La faible proportion de ce recrutement destinée aux régions risque de s’amincir davantage, puisqu’un nombre important d’infirmières étrangères ne terminent pas leur formation, voire abandonnent en cours de route. Par exemple, sur 33 embauches en Abitibi, le syndicat local a enregistré 8 départs ou échecs.

Pourtant, le programme est assorti d’intéressants avantages. Les candidates reçoivent une allocation de 500 $ par semaine pour la durée de la formation. Les droits de scolarité, les frais de demande d’équivalence à l’Ordre et le coût de la formation d’appoint sont tous couverts par le ministère de l’Immigration. Une facture de 65 millions de dollars sur deux ans est associée à ce projet.

Cette première tentative d’installer des travailleurs de la santé dans les régions du Québec devra aussi réussir le test du temps. Rien ne garantit que les infirmières, même formées dans les collèges régionaux, resteront sur place une fois leurs premiers contrats terminés. Les milieux isolés ne retiennent parfois aussi peu que 10 % de la main-d’œuvre initialement embauchée.

« Ce sont des gens qui viennent s’établir en Gaspésie et qui vont avoir à développer le sentiment d’appartenance pour la région, mais aussi pour l’organisation », relève Alain Vézina. « La clé, c’est justement les travaux qu’on fait actuellement pour bien les accueillir, pour bien les intégrer. »

Le premier défi consiste d’abord à trouver un logement pour les abriter dans leur nouveau coin de pays. Le CIUSSS de la Gaspésie a fait d’ailleurs un appel la semaine dernière à toute sa population afin de trouver un domicile pour ces dizaines de nouveaux arrivants.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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