Montréal dévoile son plan visant à ramener la sérénité dans le Village

« Quand on a une rue où toutes sortes de monde s’y retrouve et que ce n’est pas un lieu pour une seule catégorie de personnes, c’est là que ça facilite la cohabitation. Les efforts des derniers mois commencent à porter fruit, mais tout n’est pas réglé », a souligné jeudi la mairesse Valérie Plante, que l’on voit ici en août 2022.
Jacques Nadeau Archives Le Devoir « Quand on a une rue où toutes sortes de monde s’y retrouve et que ce n’est pas un lieu pour une seule catégorie de personnes, c’est là que ça facilite la cohabitation. Les efforts des derniers mois commencent à porter fruit, mais tout n’est pas réglé », a souligné jeudi la mairesse Valérie Plante, que l’on voit ici en août 2022.

Copropriétaire du bar Le Cocktail, situé sur la rue Sainte-Catherine Est, Luc Généreux compte rouvrir sa terrasse, fermée depuis plusieurs jours. C’est que le tenancier croit que la Stratégie d’intervention collective pour le Village, dévoilée jeudi par l’administration de Valérie Plante, laisse espérer une amélioration de l’ambiance sur cette artère marquée par une hausse de l’itinérance, de la toxicomanie et de la violence.

« On va donner la chance au coureur. On va voir ce que ça va faire », a indiqué au Devoir M. Généreux, après la conférence de presse de l’administration. « On est tous un peu impatients de voir si ça va fonctionner et si ça va avoir un effet. Tout le monde est exaspéré. »

La mairesse Valérie Plante, le conseiller municipal de Saint-Jacques, Robert Beaudry, et le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Fady Dagher, étaient de passage dans le Village jeudi pour présenter le plan que les autorités comptent mettre en place afin de ramener un peu de quiétude dans ce secteur où itinérance et toxicomanie gagnent du terrain depuis des années.

Brigades et attraction

Le plan comporte 35 actions. L’implantation de certaines d’entre elles est déjà amorcée, comme l’augmentation de la surveillance policière sur le terrain, l’ajout de brigades de propreté, et la disponibilité accrue de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale selon un horaire mieux adapté à la vie nocturne, 24 heures par jour et sept jours par semaine.

D’autres mesures seront implantées progressivement. Des investissements sont notamment prévus pour des aménagements urbains et l’animation des lieux. « Ce sont des façons d’attirer les gens pour qu’il y ait une mixité de personnes dans la rue », a expliqué Valérie Plante. « Quand on a une rue où toutes sortes de monde s’y retrouve et que ce n’est pas un lieu pour une seule catégorie de personnes, c’est là que ça facilite la cohabitation. Les efforts des derniers mois commencent à porter fruit, mais tout n’est pas réglé. »

Selon la mairesse, il importe que les partenaires, comme le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, soient partie prenante de l’application du plan d’intervention et que des investissements supplémentaires soient accordés aux ressources communautaires et en santé présentes dans le Village et ailleurs dans la ville.

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, n’était pas présent jeudi, bien que l’avis de convocation de la Ville ait annoncé sa participation à la conférence de presse. Son directeur de cabinet adjoint, Mathieu Noël, soutient toutefois qu’il s’agissait d’une erreur. « Nous avions des représentants du CIUSSS sur place lors de l’annonce et nous poursuivrons notre collaboration habituelle avec la Ville pour les enjeux d’itinérance et de toxicomanie », a-t-il précisé dans un courriel.

Espoir chez les commerçants

Les commerçants ne s’attendent pas à ce que l’ambiance dans le Village change radicalement à brève échéance. Mais ils fondent beaucoup d’espoir dans le plan présenté jeudi.

La directrice générale de la Société de développement commercial du Village, Gabrielle Rondy, admet que la 17e saison de piétonnisation est particulièrement difficile. « Que des commerçants ferment leur terrasse en raison des enjeux de sécurité et de cohabitation, c’est inacceptable », a-t-elle souligné.

Les policiers sont plus visibles depuis quelques semaines, mais ils n’interviennent pas assez souvent, estime pour sa part Luc Généreux. « Ils mettent beaucoup d’effectifs, mais ils ne regardent pas vraiment ce qui se passe sur le terrain, soutient-il. Je ne veux pas faire de blâme. On a juste hâte de voir, concrètement, les effets du plan. »

Selon le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville, Aref Salem, l’administration Plante a mis beaucoup trop de temps pour élaborer un plan d’intervention pour le Village, aux prises depuis des années avec des problèmes de cohabitation difficile. Ensemble Montréal est d’avis que la Ville aurait pu s’inspirer du plan que son parti a présenté en mars dernier pour régler quelques irritants à court terme. « Ça prend plus de toilettes, plus de cendriers, et à moyen terme, ça prend de l’habitation adaptée et des ressources accessibles 24/7 », a-t-il énuméré.

De son côté, la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, la solidaire Manon Massé, souligne que le plan d’intervention a le mérite de rassembler plusieurs partenaires autour d’une même table. Elle montre cependant du doigt le gouvernement de la Coalition avenir Québec, qui, selon elle, n’en fait pas suffisamment pour s’attaquer à la crise du logement. « Pourquoi il y a une crise au niveau de l’itinérance ? C’est parce qu’en amont, il y a un appauvrissement et les gens ne sont pas capables de se payer des logements. »



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