Montréal confie à une entité indépendante le traitement des plaintes pour racisme

L’administration Plante a décidé de confier le traitement des plaintes et les enquêtes pour racisme ou discrimination à la Commission de la fonction publique de Montréal, qui relève du conseil municipal et qui gère déjà les plaintes des fonctionnaires au sujet des processus de recrutement à la Ville.
Archives Getty Images / iStockphoto L’administration Plante a décidé de confier le traitement des plaintes et les enquêtes pour racisme ou discrimination à la Commission de la fonction publique de Montréal, qui relève du conseil municipal et qui gère déjà les plaintes des fonctionnaires au sujet des processus de recrutement à la Ville.

Les plaintes pour racisme et discrimination à la Ville de Montréal ne seront plus traitées par la division des ressources humaines, mais seront confiées à une entité indépendante, soit la Commission de la fonction publique de Montréal (CFPM), a annoncé mercredi l’administration de Valérie Plante.

Dans le cadre du processus de création d’un guichet unique pour les plaintes d’employés, la Ville avait fait appel à un comité d’experts, présidé par Maryse Alcindor, commissaire à l’Office de consultation publique de Montréal, afin qu’il l’accompagne dans ses travaux. En conférence de presse, mercredi, Mme Alcindor a souligné que les consultations menées par son comité avaient fait ressortir la frustration des employés par rapport au processus de plaintes actuel, qui, selon eux, manque d’impartialité et d’empathie pour les victimes. « Nous avons été interpellés par le sentiment de perte de confiance qui était véhiculé », a-t-elle dit.

Sur recommandation du comité, l’administration Plante a décidé de confier le traitement des plaintes ainsi que les enquêtes à la CFPM, qui relève du conseil municipal et qui gère déjà les plaintes des fonctionnaires au sujet des processus de recrutement à la Ville.

Le budget de cette commission sera modifié de sorte qu’elle dispose des ressources nécessaires pour accomplir son nouveau mandat, a promis la présidente du comité exécutif de la Ville, Dominique Ollivier, qui a parlé d’un « changement de cap important à Montréal ».

Guichet à l’automne

La Ville avait déjà annoncé qu’elle comptait mettre sur pied un guichet unique avant l’été afin de simplifier le traitement des plaintes, mais celui-ci ne sera finalement fonctionnel qu’à l’automne, car il doit d’abord être approuvé par le conseil municipal. Or, celui-ci est en pause jusqu’au mois d’août.

La Politique de respect de la personne de la Ville de Montréal fera pour sa part l’objet d’une révision. Le directeur général de la Ville, Serge Lamontagne, a souligné l’importance que les gestionnaires répondent de l’application du principe de tolérance zéro.

Le haut fonctionnaire a souligné que la CFPM allait rendre public le résultat de ses enquêtes. À la lumière de ces rapports, la Ville appliquera des sanctions, si nécessaire, en fonction des conventions collectives et de la Loi sur les normes du travail.

 

Le nouveau guichet, lorsqu’il sera en place, pourra aussi accueillir les plaintes provenant d’employés du Service de police de la Ville de Montréal et du Service de sécurité incendie de Montréal, a-t-on précisé.

Rappelons qu’une enquête du Devoir publiée en mars relate les témoignages d’une trentaine d’employés victimes de racisme et de discrimination en milieu de travail à la Ville de Montréal. Ces révélations ont incité l’administration à accélérer la mise en place de sa réforme.

La conseillère municipale Alba Zúñiga Ramos, d’Ensemble Montréal, est d’avis que le plan annoncé est un pas dans la bonne direction, mais, selon elle, encore trop de questions demeurent sans réponse, notamment en ce qui a trait aux ressources qui seront accordées à la CFPM pour lui permettre de réaliser son mandat.

« De la poudre aux yeux »

La présidente du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal, Guylaine Dionne, estime que le plan de la Ville ne tient pas la route si la CFPM n’a pas de pouvoir décisionnel sur les sanctions à appliquer. « C’est de la poudre aux yeux, lance-t-elle. La commission aurait pu être juste et équitable parce qu’elle n’est pas touchée par la hiérarchie. »

Elle se demande aussi quel soutien apportera la Ville aux employés qui déposent une plainte. « De quel accompagnement on parle ? Parce qu’avec nous, les syndicats, il n’y a jamais eu de transparence. On nous empêchait même d’accompagner nos membres alors que nous sommes les seuls représentants de ces employés », souligne Mme Dionne.

Pour sa part, le président du Syndicat des cols bleus de Montréal, Jean-Pierre Lauzon, espère que la Ville fera preuve de transparence, comme elle le promet. « La Ville fait des enquêtes, mais ne diffuse pas les résultats et nous empêche de bien représenter nos membres. Nous espérons que la nouvelle entité pour combattre le racisme sera plus transparente avec les représentants des salariés », a-t-il indiqué par courriel.



À voir en vidéo