Montréal a fini l’année 2022 avec surplus de 344 millions

Les transferts gouvernementaux et les revenus liés aux transactions immobilières ont gonflé les revenus de la Ville de Montréal en 2022.
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne Les transferts gouvernementaux et les revenus liés aux transactions immobilières ont gonflé les revenus de la Ville de Montréal en 2022.

Montréal a bouclé l’année 2022 avec un surplus de 343,8 millions de dollars attribuable, notamment, à des transferts gouvernementaux plus importants qu’anticipés et aux revenus accrus liés aux transactions immobilières survenues sur son territoire, révèle le bilan financier de la Ville rendu public vendredi.

Ce surplus est encore plus élevé que celui enregistré en 2021 qui atteignait 190 millions. Il se répartit ainsi : 116,2 millions pour la ville-centre, 49,1 millions pour les arrondissements et 178,5 millions pour l’agglomération de Montréal.

Pourtant, en novembre dernier, l’administration Plante avait annoncé une hausse moyenne des taxes foncières de 4,1 %, la plus importante depuis 2011.

La présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, affirme toutefois que cette augmentation de taxes était nécessaire. « Il faut relativiser », a-t-elle dit vendredi. « Le surplus est de 165 millions pour la compétence locale de la Ville. Et le budget total de la Ville dépasse les six milliards. Donc, c’est vraiment une très infime portion et 49 millions vont aux arrondissements. »

Selon elle, la Ville a réussi un difficile « exercice d’équilibriste ». Le surplus servira notamment à renflouer la réserve pour le déneigement et le remboursement de la dette, a précisé Mme Ollivier. « Le reste va rester en surplus libre pour répondre aux urgences. »

Hausse de la rémunération

Une partie de l’augmentation des revenus de la Ville est liée à une hausse de 170,6 millions des transferts gouvernementaux pour le développement économique notamment. Et bien que la Ville ait recensé moins de transactions immobilières en 2022 qu’en 2021 sur son territoire, elle a tout de même encaissé 110,9 millions de plus qu’anticipé en revenus en droits de mutation immobilière (95,9 millions) et en frais de permis de construction (15 millions).

Le bilan fait aussi état d’une hausse importante de la rémunération par rapport aux prévisions. Cet écart atteint 126,2 millions, dont 94,8 pour le temps supplémentaire principalement attribuable aux services de sécurité, qu’il s’agisse des policiers et des pompiers. « Les policiers ont été au premier rang, à la fois pour combattre la violence armée et pour nous aider pendant la pandémie », a rappelé Mme Ollivier. « On sait qu’ils le faisaient avec des effectifs qui n’étaient pas optimaux. C’est un peu normal qu’on retrouve du temps supplémentaire. »

Le bilan finance indique aussi qu’une somme de 22,9 millions en temps supplémentaire est liée à la tenue de la COP15 en décembre dernier.

À ce sujet, Dominique Ollivier a précisé que cet événement, que Montréal avait dû organiser à la dernière minute, a coûté 30,4 millions à la Ville alors que celle-ci avait prévu un montant de 38,6 millions. Le fédéral a cependant versé 27,9 millions pour rembourser le coût des mesures de sécurité entourant la tenue de cet événement, précisent les documents. « Donc, ça fait un coût net pour la Ville de 2,5 millions pour un rayonnement qui est quand même considérable », a noté Mme Ollivier.

En matière d’habitation, Montréal a versé 26,6 millions de moins que prévu aux organismes qui réalisent des projets de logements. La Ville invoque cependant le report de projets de construction dans le cadre de programmes tels qu’AccèsLogis Québec et Rénovation Québec Montréal. Cette somme sera mise de côté pour la réalisation future des projets, a-t-on indiqué.

En 2022, la dette de la Ville a diminué de 30 millions de dollars pour atteindre 6,5 milliards. La Ville souligne que le paiement au comptant et les subventions gouvernementales lui ont permis d’éviter des emprunts supplémentaires de 1,2 milliard.

Le ratio d’endettement atteint donc 106 %, dépassant ainsi la limite fixée de 100 %. En revanche, fait valoir la Ville, ce ratio est inférieur de 13 % à celui prévu au budget 2022.

L’opposition à l’hôtel a qualifié d’« hypocrisie » l’imposition par l’administration Plante de la plus importante hausse de taxes municipales depuis une décennie alors qu’elle présente des surplus de plus d’un quart de milliard de dollars pour l’exercice financier de 2022.

« Dans les faits, l’administration Plante falsifie sa réalité budgétaire en taxant toujours plus, plutôt que de gérer sainement son budget », a dénoncé Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent et porte-parole de l’opposition en matière de finances.

Ensemble Montréal reproche aussi à l’administration de se plaindre constamment de ne pas recevoir suffisamment d’argent du gouvernement du Québec. « C’est devenu la porte de sortie facile de l’administration pour ne pas assumer ses responsabilités. En réalité, Montréal a reçu près de 200 millions supplémentaires en transferts gouvernementaux l’an dernier », a souligné M. DeSousa.

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