Mont-Tremblant pourra abolir son service de police

La municipalité pourra désormais être desservie par la Sûreté du Québec.
Photo: Guillaume Levasseur Archives Le Devoir La municipalité pourra désormais être desservie par la Sûreté du Québec.

Québec a autorisé, mardi, la Ville de Mont-Tremblant à abolir son service de police. La municipalité, qui entretenait des relations orageuses avec ses policiers, pourra désormais être desservie par la Sûreté du Québec (SQ).

En 2019, la municipalité avait demandé au ministère de la Sécurité publique de pouvoir dissoudre son service de police municipal afin de bénéficier des services de la SQ, à l’instar des 18 autres municipalités de la MRC des Laurentides. À l’époque, le maire Luc Brisebois avait évoqué la possibilité de réaliser des économies de deux millions de dollars par année.

Sauf que les relations entre les élus et les policiers se sont envenimées par la suite. Le maire a affirmé à Radio-Canada récemment que les élus avaient fait l’objet d’intimidation. « La situation est insoutenable. Ça prend une décision rapide. On ne veut pas attendre qu’il y ait une situation regrettable », avait-il déclaré.

Le maire Luc Brisebois a décliné notre demande d’entrevue mardi. Dans un communiqué, il s’est cependant réjoui de l’annonce de la ministre. « Je suis très soulagé de pouvoir enfin tourner la page sur le climat d’incertitude occasionné par l’attente de cette décision ministérielle », a-t-il indiqué.

Déçue, la Fraternité des policiers de la Ville de Mont-Tremblant comprend mal la décision de la ministre qui lui semble précipitée. Son président Serge-Alexandre Bouchard affirme que si Mont-Tremblant a souhaité abolir son service de police, ce n’est pas pour faire des économies, mais plutôt pour régler un conflit de travail. La Fraternité a d’ailleurs déposé une plainte au Tribunal du travail afin de faire invalider la résolution du conseil municipal concernant les modifications souhaitées au service policier.

M. Bouchard dément aussi les allégations d’intimidation à l’endroit des élus. « Ce sont juste des mensonges, dit-il. Il n’y a rien de vrai là-dedans. On compte bien aller jusqu’au bout pour laver notre honneur et notre réputation parce que cela a des conséquences plus graves qu’ils imaginent d’aller dire qu’on ne répond pas à des appels, qu’on met la sécurité des gens en danger et qu’on fait de l’intimidation quand c’est complètement faux et que ça n’a aucun fondement. »

La Fraternité envisage de s’adresser aux tribunaux pour tenter d’obtenir une ordonnance d’injonction et contester la décision de la ministre. D’ici là, les policiers continueront d’assurer le service policier, soutient M. Bouchard : « Ils vont le faire le cœur lourd, mais ils vont le faire ».

Par voie de communiqué mardi, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a annoncé qu’elle acquiesçait à la demande de la municipalité de Mont-Tremblant et que celle-ci pourra être desservie par la SQ « dès maintenant ».

La ministre souligne que la décision s’appuie sur un « processus rigoureux » et que la SQ, l’Union des municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités et l’Association des policiers provinciaux du Québec ont approuvé cette démarche.

Le service de police de Mont-Tremblant, qui compte 43 policiers syndiqués, dessert non seulement Mont-Tremblant et ses quelque 10 000 résidents, mais également la municipalité de Lac-Tremblant-Nord, qui compte 42 habitants.

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