La piscine Baldwin promise pour l’été 2026

Des baigneurs attendant devant la piscine du parc Baldwin, en juin 2020
Photo: Valérian Mazataud Archives Le Devoir Des baigneurs attendant devant la piscine du parc Baldwin, en juin 2020

Fermée depuis trois ans, la piscine Baldwin, située dans le Plateau-Mont-Royal, sera reconstruite. Mais en raison de la forte contamination du sol où se trouvait autrefois un dépotoir, la piscine sera déplacée dans la section nord-ouest du parc Baldwin.

L’arrondissement a mené plusieurs études depuis la fermeture de la piscine vétuste en 2021 dans le but de la reconstruire sur le même emplacement, à l’angle des rues Fullum et Rachel. Or, les coûts du projet se sont avérés trop importants. « Cette piscine est sur le site d’un ancien dépotoir. Non seulement le sol est contaminé, mais il est meuble. Donc, ça posait des défis techniques vraiment importants », explique le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, en entrevue mardi au Devoir. « On nous a présenté des estimés budgétaires qui n’avaient pas de bon sens, beaucoup plus élevés que ce qu’on avait estimé initialement, avec un niveau de risque élevé. »

Ce niveau de risque laissait entrevoir d’autres augmentations de coûts dans le futur, dit-il en précisant que la facture allait dépasser 10 millions de dollars, voire 15 millions.

Devant cette impasse, l’arrondissement a exploré d’autres solutions, dont la relocalisation de la piscine sur un emplacement moins contaminé. Son choix s’est arrêté sur le site au nord-ouest du parc Baldwin, à l’angle des rues Fullum et Terrasse-Guindon. Un des deux terrains de soccer qui s’y trouvent sera déménagé plus au sud, là où se trouvait la piscine. « La conclusion des analyses de sol est que la contamination y est beaucoup plus faible, mais surtout, on n’est pas au-dessus de l’ancien dépotoir. Donc, c’est beaucoup plus sécuritaire et le niveau de risque est beaucoup plus faible si on fait le projet là », avance Luc Rabouin.

L’élu, qui comptait annoncer cette décision lors de la séance du conseil d’arrondissement mardi soir, n’a pas été en mesure de préciser le coût du projet. Compte tenu de l’inflation et de l’explosion des coûts de construction depuis la pandémie de COVID-19, la ville-centre — qui était disposée à assumer un montant maximal de 7 millions pour le projet initial — a accepté de revoir le partage des dépenses, soutient Luc Rabouin.

L’élu admet que les résidents du secteur ne seront pas tous ravis d’avoir une piscine publique devant leur demeure. « C’était ça ou pas de piscine », dit-il. « Et pour nous, il n’était pas question qu’il n’y ait pas de piscine. […] C’est une piscine, pas un bar. On doit prendre des décisions pour l’intérêt collectif. C’était le seul endroit où on pouvait la mettre. […] On ne pouvait pas dépenser 25 à 30 millions. »

Un appel d’offres sera lancé à l’automne pour les plans et devis. Les travaux de construction se feront en 2025 pour une inauguration de la nouvelle piscine à l’été 2026.

Manque de communication

 

Des citoyens du secteur, qui attendent la réouverture de la piscine depuis des années et se sont mobilisés, reprochent à l’administration Rabouin son manque de transparence dans ce dossier. « Les citoyens n’ont pas été consultés et sont mis devant le fait accompli », déplore Jovanny Savoie, membre du groupe Citoyens Baldwin. « Tout ça s’est fait derrière des portes closes. On n’est pas pour. On n’est pas contre. On cherche l’information. On veut avoir notre voix là-dedans. »

Sa conjointe, Julie Thériault, croit que l’acceptabilité sociale du déménagement n’est pas acquise. Les résidents du voisinage devront composer avec la présence d’une piscine publique au lieu d’un terrain de soccer, souligne-t-elle. « C’est pour ça qu’on parle de concerter la population et la rassurer avant de faire des annonces », dit-elle.

Le Plateau-Mont-Royal ne compte qu’une seule autre piscine extérieure, celle du parc Laurier, qui est déjà très achalandée.

Plusieurs parcs montréalais, parmi lesquels le parc Baldwin, sont situés sur d’anciens dépotoirs. En 2016, la Ville de Montréal avait publié une carte d’anciens dépotoirs sur lesquels des parcs ont été aménagés et des résidences ont été construites. Elle soutenait à l’époque que les risques pour la santé des citoyens étaient « très faibles ».

Des propriétaires du secteur avaient d’ailleurs intenté une poursuite contre la Ville, l’accusant d’avoir omis d’aviser les résidents des risques que ces sols contaminés représentaient. En 2020, ils ont cependant été déboutés par le tribunal, le juge Yves Poirier ayant estimé que le danger n’était pas démontré et que la valeur des bâtiments n’en avait pas souffert.

Des potagers en bacs

Le jardin communautaire du parc Baldwin, où la culture de fruits et de légumes est interdite depuis 2006 en raison de l’importante concentration de plomb et de métaux lourds dans le sol, ne sera pas décontaminé, a indiqué mardi le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin.

« On n’a plus d’argent pour ça », admet l’élu. La présence d’un ancien dépotoir dans le sous-sol fait en sorte que l’arrondissement devra déménager la piscine qui se trouve dans le même secteur et les coûts seront importants. Dans ces circonstances, la décontamination du jardin communautaire est exclue.

Luc Rabouin assure toutefois que l’arrondissement fournira des bacs de qualité aux jardiniers pour qu’ils puissent cultiver leurs fruits et légumes de façon sécuritaire.



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