Les heures de stationnement tarifé seront étendues au centre-ville de Montréal

À compter de novembre prochain, la période de tarification au centre-ville s’étendra jusqu’à 23h, au lieu de 21h, en semaine. Le samedi, le stationnement sera payant de 9h à 23h, au lieu de 9h à 18h.
Olivier Zuida Le Devoir À compter de novembre prochain, la période de tarification au centre-ville s’étendra jusqu’à 23h, au lieu de 21h, en semaine. Le samedi, le stationnement sera payant de 9h à 23h, au lieu de 9h à 18h.

Près de cinq mois après le cafouillage du printemps dernier, la Ville de Montréal revient à la charge avec son projet de nouvel horaire pour les parcomètres au centre-ville. À compter de la mi-novembre, les heures de stationnement tarifé seront prolongées jusqu’à 23 h en semaine ainsi que le samedi dans cinq secteurs de Ville-Marie. Les commerçants, qui avaient dénoncé cette mesure au printemps dernier, continuent d’y être opposés.

En avril dernier, l’administration avait dû suspendre l’entrée en vigueur du nouvel horaire de stationnement tarifé mis en place par l’Agence de la mobilité durable dans la controverse.

Vendredi, l’administration de Valérie Plante a annoncé qu’elle irait de l’avant avec ce projet, qui vise à favoriser une rotation des voitures stationnées sur les artères commerciales et stimuler la vitalité du centre-ville.

« On a pris le temps de s’asseoir avec les partenaires, de jaser avec eux et d’entendre leurs préoccupations. Les échanges ont été constructifs. Ils ont demandé certaines modifications, certains ajustements », a expliqué la responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif de la Ville, Sophie Mauzerolle.

Ainsi, à compter du 15 novembre prochain, la période de tarification s’étendra jusqu’à 23 h, au lieu de 21 h, en semaine. Le samedi, le stationnement sera payant de 9 h à 23 h, au lieu de 9 h à 18 h. L’horaire du dimanche demeurera inchangé et le stationnement continuera d’être tarifé de 13 h à 18 h.

Photo: Ville de Montréal Secteurs du centre-ville concernés par le changement des horaires du stationnement tarifés

« Ce qu’on souhaite, c’est que ça revienne à peu près au même d’aller dans un stationnement privé souterrain que de se stationner sur rue », a expliqué l’élue. « On ne veut pas interdire aux gens de venir en voiture. On veut optimiser les espaces de stationnement qui existent déjà. »

Avec ce nouvel horaire, la Ville anticipe des revenus supplémentaires de cinq millions de dollars par année. « Mais l’objectif n’est vraiment pas de se servir de cette mesure comme vache à lait », a soutenu Mme Mauzerolle. « L’objectif est de travailler à la vitalité économique du centre-ville. »

Mme Mauzerolle souligne qu’à la demande du milieu culturel, la Ville a accepté de prolonger à cinq heures, au lieu de trois, la durée maximale du paiement aux parcomètres. La mesure a été saluée par le Partenariat du Quartier des spectacles. Les membres du public n’auront plus à se préoccuper de renouveler le paiement pour le parcomètre en cours de spectacle, signale-t-on.

Les commerçants mécontents

 

La Société de développement commercial Montréal centre-ville a pour sa part réservé un accueil glacial au nouvel horaire. « Je pense qu’on n’a pas la même définition du mot “consultation” », a commenté son directeur, Glenn Castanheira.

Il relate que deux rencontres ont eu lieu avec les représentants de la Ville depuis le cafouillage du printemps, mais, dit-il, il s’agissait de rencontres d’information et non de consultation. « On ne nous a pas demandé si on était d’accord ou si c’était une bonne idée. On nous a dit ce qu’on allait faire et on nous a demandé ce qu’on en pensait. »

Les commerçants jugent que les changements imposés ne sont pas appropriés, indique M. Castanheira. « Si le souhait de la Ville est sincèrement de favoriser la vitalité commerciale, il y a des mesures bien plus pertinentes qui devraient s’ajouter à celle-ci, dont la mutualisation du stationnement hors rue qu’on attend depuis 2018 et le rehaussement du sentiment de sécurité dans le métro, un enjeu important en ce moment. »

Il souligne aussi que le projet crée une iniquité puisque seul l’arrondissement de Ville-Marie est visé par les nouvelles règles. « Ironiquement, ce sera plus facile de stationner dans le Plateau. »

Hausse de taxes

 

Le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem, estime que le nouvel horaire du stationnement tarifé équivaut à une augmentation indirecte des taxes.

Selon le chef d’Ensemble Montréal, le prolongement des heures de stationnement tarifé va être particulièrement néfaste aux résidents du centre-ville ainsi qu’aux restaurateurs qui vivent déjà une détresse économique. « On est en train de dire aux gens de ne pas venir au centre-ville parce que ça va leur coûter plus cher. »

À l’opposé, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) juge qu’il est normal pour une ville d’ajuster les prix et les heures de parcomètres en fonction de l’offre et de la demande afin de favoriser un achalandage optimal. Montréal devrait faire cette même démarche sur toutes les artères commerciales, souligne l’organisme. « Si les prix sont trop bas et les heures trop restreintes, le stationnement sera congestionné, ce qui se traduira par une perte d’accès pour la clientèle qui a vraiment besoin d’accéder en voiture », rappelle Blaise Rémillard, responsable des dossiers de mobilité et d’urbanisme au CRE.

Les changements s’appliqueront dans les cinq secteurs suivants :

  • rue Guy / rue Sherbrooke Ouest / avenue du Parc / boulevard René-Lévesque Ouest ;
  • rue Guy / boulevard René-Lévesque Ouest / rue Saint-Hubert / rues Saint-Antoine et Saint-Jacques ;
  • boulevard Saint-Laurent / rue Sherbrooke Ouest / rue Saint-Hubert / boulevard René-Lévesque Ouest ;
  • boulevard Robert-Bourassa / rue Saint-Antoine / rue de la Commune ;
  • avenue du Parc / rue Sherbrooke Ouest / boulevard Saint-Laurent / boulevard René-Lévesque.


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