Une tablette signée Google qui néglige la famille québécoise

La Pixel Tablet est, en un mot, une tablette conçue pour le divertissement familial à la maison. C’est simple. 
Photo: Adil Boukind Le Devoir La Pixel Tablet est, en un mot, une tablette conçue pour le divertissement familial à la maison. C’est simple. 

Google a officiellement mis en marché cette semaine la nouvelle Pixel Tablet, une tablette conçue pour la maison et pour la famille. Elle peut jouer plusieurs rôles en même temps, dont celui d’occuper les enfants — au risque de voir les parents perdre le contrôle.

Les parents québécois, à tout le moins. Car les contrôles parentaux qu’offre Google à ses clients nord-américains ne sont pas tous offerts au Québec. Allez savoir pourquoi.

La Pixel Tablet marque au moins la troisième tentative en dix ans par Google de percer le marché des tablettes numériques. Cette fois, la société californienne propose une tablette de 11 pouces à la fiche technique sobre, mais au design assez original. Aucune filiation avec la Nexus vendue entre 2013 et 2016 ni avec la Pixel Slate, en 2019, qui est complètement passée inaperçue au-delà de quelques férus d’Android et de Google.

Peu importe. Personne ne s’impose vraiment, à part Apple, dans ce marché. Et de toute façon, les ventes plafonnent pour tout le monde.

L’iPad domine encore et toujours le marché des tablettes numériques. Apple le commercialise depuis plus d’une décennie. D’autres tablettes qui prennent différentes formes existent malgré tout. Samsung vend sa Galaxy Tab à système Android en plusieurs formats. Amazon vend des tablettes Fire très bon marché. Microsoft essaie d’imposer Windows 11 dans ce marché avec ses tablettes Surface.

Il y a eu un engouement dans les premières années d’émergence de ce marché, mais depuis au moins cinq ans, ça stagne. Soit les consommateurs ont décidé de conserver plus longtemps que prévu leur tablette, soit leur téléphone à grand écran leur suffit.

À la maison !

Google a probablement eu une bonne idée en vendant sa nouvelle tablette avec un socle — compris dans la boîte —qui transforme l’appareil en cadre photo dynamique, en haut-parleur connecté et en assistant numérique à commande tactile et vocale (au choix). Ça fait mieux passer son prix de détail de 700 $. Le socle est aimanté : quand on dépose la tablette dessus, on ressent le déclic qui confirme que la recharge est activée. Comme on ramène systématiquement la tablette à son socle, ça évite de l’égarer entre les coussins du divan, ou ailleurs dans la maison.

Sur son socle, la Pixel Tablet continue de fonctionner comme une tablette. Elle se transforme aussi en terminal pour Netflix et les autres services numériques, en poste d’appels vidéo ou en centre de contrôle pour les accessoires de domotique (compatibles avec la plateforme Google Home) que compte peut-être votre domicile.

Ses 12 heures d’autonomie de lecture vidéo quand elle est débranchée la rendent de façon générale assez polyvalente. Son écran de 11 pouces compte beaucoup plus de pixels que celui d’un téléphone, une surabondance que n’exploitent qu’une poignée d’applications présentes sur la boutique d’applications Play Store.

C’est qu’Android est avant tout un système d’exploitation de téléphones, pas de tablettes. Google a promis une cinquantaine d’applications parmi les plus populaires dès le lancement, mais sinon, c’est mince. Ça va tout de même aller en s’améliorant sur ce plan, tant du côté des jeux que du divertissement.

Il faut dire que Google vendra aussi aux États-Unis le Pixel Fold, un téléphone à deux écrans dont le plus grand des deux se replie. Mais quand il est déployé, on tient entre nos mains l’équivalent d’une tablette, là aussi.

On verra sans doute de plus en plus d’applications apparaître à l’écran tant du Fold que de la Tablet. Notez tout de même, puisque ça fait partie du sujet, que des applications Android comme celle du Devoir s’affichent déjà pleinement à l’écran de la Pixel Tablet.

Et au Québec ?

La Pixel Tablet est, en un mot, une tablette conçue pour le divertissement familial à la maison. C’est simple.

Mais c’est aussi étonnamment compliqué. En tout cas, les réglages parentaux que Google inclut dans ses services rendent tout ça fastidieux, sinon frustrant pour les parents soucieux de la littératie numérique de leur marmaille. C’est fâcheux, étant donné que la Pixel Tablet est capable de gérer plusieurs utilisateurs différents en même temps, justement pour que toute la famille en profite. Même son assistant vocal distingue les voix de tout un chacun.

Encadrer l’utilisation par des enfants de cette tablette, ou d’un téléphone à système Android, exige qu’on se rende dans les réglages de l’appareil, dans l’application Family Link — conçue à cet effet — et sur le site Web de Google, où est centralisée l’information de tous les comptes Google. Souvent, la seule solution proposée est de fermer le compte de l’enfant, y compris son compte Gmail. C’est absurde.

Aussi, YouTube Kids n’est pas offert au Québec. Cette application vidéo propose du contenu divertissant et éducatif. Surtout, toute vidéo inappropriée est exclue de la plateforme. Bien des parents québécois déplorent que Google n’offre pas cette application disponible ailleurs au Canada.

Interrogé par Le Devoir, Google n’a pas pu expliquer pourquoi c’est comme ça. Mais alors que l’entreprise lance au pays une tablette destinée à un usage familial, c’est peut-être elle qui va payer le prix de cette lacune.

À voir en vidéo