Le rêve impossible d’un téléphone enroulable

En 1974, un employé de Xerox PARC a créé le premier écran souple, qu’on a rapidement qualifié de papier électronique.
Photo: Getty Images via AFP En 1974, un employé de Xerox PARC a créé le premier écran souple, qu’on a rapidement qualifié de papier électronique.

Le mieux est l’ennemi du bien, dit l’adage. Il y aura des klaxons partout dans l’habitacle de ma voiture de rêve, s’exclamait Homer dans un de ces épisodes devenus cultes des Simpson. Pourquoi ne pas inclure une tablette entière dans un appareil de la taille d’un téléphone, demandait plus tôt cette semaine Google en présentant le tout nouveau Pixel Fold.

Voilà la même idée exprimée de trois manières différentes. Pourquoi faire les choses simplement quand on peut les faire de façon compliquée, pourrait-on ajouter. Le Pixel Fold est un élégant téléphone à écran de 5,8 pouces de diagonale qui fait 12 mm d’épaisseur. Il suffit de le déplier pour obtenir une petite tablette numérique à écran de 7,6 pouces qui fait plutôt 6 mm d’épaisseur, sans tenir compte de la caméra qui en ressort à l’arrière.

Une idée coûteuse— 1799 $US pour le Pixel Fold, soit 2400 $CA — et techniquement séduisante qui n’a pas encore trouvé son public. Elle ne le trouvera pas au Canada, étant donné que Google ne vendra le Pixel Fold que dans quatre pays : États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne et Japon.

Deux Pixels valent mieux qu’un

Peu importe où, cela dit, les ventes d’appareils de ce genre n’ont toujours pas couronné de succès l’exercice qui consiste à vendre un écran qui se déplie comme une feuille de papier. En effet, avec le Pixel Fold, Google entre dans un marché des téléphones à écran pliable qui est déjà représenté en Amérique du Nord par Samsung et Lenovo-Motorola, et ailleurs dans le monde par des fabricants chinois comme Huawei.

Pour se démarquer, Google vante la taille amincie de son nouveau venu. Sa caméra est la meilleure à être incrustée sur ce genre d’hybride téléphone-tablette, ajoute l’entreprise de Mountain View. Et parce que le système Android jusqu’à ce jour fait très mauvaise figure à l’écran d’une tablette, Google ajoute des éléments d’interface qui rendent le Pixel Fold plus agréable à utiliser en format grand écran : un petit menu surgissant au bas de l’écran, un mode multitâches avec possibilité de glisser-déposer des éléments d’une appli à l’autre, et la possibilité de l’utiliser avec son écran replié à moitié pour le déposer sur une table ou un bureau.

Parce que Google est le principal développeur du système Android, il se permet aussi de lancer d’un coup la mise à jour d’au moins une cinquantaine d’applications parmi les plus demandées par ses clients pour s’assurer qu’elles utilisent tous les pixels qui composent le plus grand des deux affichages du Pixel Fold.

Ces mêmes applications sont aussi conçues pour bien paraître à l’écran de la toute nouvelle Pixel Tablet, une tablette numérique promise depuis l’hiver dernier par Google et qui arrive ce mois-ci en boutique. Celle-là a un écran de 11 pouces, une mécanique impeccable et un socle aimanté qui la transforme en cadre photo de comptoir très polyvalent.

Google vend la Pixel Tablet 700 $, avec un socle dans la boîte. Le géant américain a aussi présenté un téléphone intelligent à écran de 6,1 pouces un peu plus bas de gamme, le Pixel 7a. Celui-là reprend les composants du Pixel 7 tout court, dont le plus récent processeur créé en interne chez Google et nommé Tensor G2, et la plupart de ses caractéristiques, dans un format un peu plus modeste. Son prix de détail est de 600 $.

Quiconque a déjà fait le calcul aura compris qu’acheter un Pixel 7a et une Pixel Tablet coûtera tout au plus 1300 $. Le Pixel Fold coûtera, rappelons-le, 2400 $ là où il sera mis en marché par Google.

On ne sait pas ce que dirait Homer Simpson de cette stratégie commerciale.

 

De Xerox à Google

Ce désir de créer des téléphones dont l’écran est plus grand que nature ne date pas d’hier. Au tournant des années 2010, la société Philips présentait le prototype d’un tel téléphone qui a marqué les esprits. Il suffisait de tirer sur le coin de son affichage pour qu’il se déroule et s’agrandisse, un peu comme on sort du papier parchemin de sa boîte.

L’appareil, cela va sans dire, n’a jamais réellement vu le jour.

Mais comme bien des choses dans le secteur de l’électronique grand public, le concept de l’écran pliable, enroulable ou, en tout cas, malléable est né dans les laboratoires de la société Xerox, à une époque où l’entreprise était une pionnière dans ce genre de choses.

On doit à son centre de recherche de Palo Alto, en Californie, surnommé à l’époque Xerox PARC, plusieurs inventions notoires. Elles nous ramènent pour la plupart à la naissance même de l’informatique personnelle, quelque part entre les années 1960 et 1980. L’ordinateur personnel, avec une interface graphique contrôlée à l’aide d’une souris et qui a donné naissance au premier Mac, puis au système Windows, est probablement la plus notoire du lot. PARC a aussi donné naissance à l’imprimante laser et au protocole Ethernet, le fameux câble réseau nécessaire encore aujourd’hui pour créer des réseaux informatiques locaux ou pour se connecter à Internet.

En 1974, un employé de Xerox PARC a créé le premier écran souple, qu’on a rapidement qualifié de papier électronique. Mais cette technologie n’a jamais pu être produite en grande quantité. C’est plutôt un écran monochrome pas-si-souple qui en a dérivé par la suite, par des chercheurs du MIT, en banlieue de Boston.

Cet écran a donné naissance à la technologie d’affichage E Ink que l’on trouve de nos jours sur des liseuses de livres numériques. Des liseuses pas plus pliables que les autres…

Du son spatialisé

Les fabricants d’équipement sonore se sont passé le mot : le son spatialisé est résolument la grande nouveauté de 2023. Grâce à la norme Dolby Atmos, une seule enceinte comme la nouvelle Era 300 de Sonos peut produire une trame qui crée l’illusion que le son provient de plusieurs endroits en même temps. Une affirmation qui est doublement vraie dans le cas de la nouvelle enceinte signée Sonos, étant donné qu’elle peut aussi tirer son contenu sonore, musical ou autre, d’à peu près n’importe quelle source, qu’elle soit sur Internet, sur un réseau local ou dans la mémoire d’un appareil personnel. Sous ses formes arrondies se trouvent six haut-parleurs projetant un signal dans toutes les directions. De savants algorithmes dosent tous ces signaux pour produire un son enveloppant sans trop nuire à la fidélité ni à la puissance du son qui en résulte. L’appareil relativement compact se contrôle par commande vocale ou par une application mobile. Il séduit quiconque en fait l’essai, et si on se fie aux plus vieux produits de Sonos, il durera de nombreuses années, ce qui rend son prix de détail de 560 $ un peu moins rebutant.



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