Un «moment Macintosh» pour la réalité virtuelle?

Les rumeurs à propos d’un casque de réalité virtuelle signé Apple font état d’un appareil pas tellement différent d’un casque signé Meta, HTC ou Sony : sans fil, avec un affichage de haute résolution pour chacun des deux yeux, des caméras et des capteurs mur à mur et un processeur assez puissant pour animer des applications similaires à celles qu’on trouve sur un iPad ou un iPhone.
Photo: Stella Jacob Unsplash Les rumeurs à propos d’un casque de réalité virtuelle signé Apple font état d’un appareil pas tellement différent d’un casque signé Meta, HTC ou Sony : sans fil, avec un affichage de haute résolution pour chacun des deux yeux, des caméras et des capteurs mur à mur et un processeur assez puissant pour animer des applications similaires à celles qu’on trouve sur un iPad ou un iPhone.

Apple pourrait dévoiler le 5 juin ce qui serait selon les nombreuses rumeurs son premier casque de réalité virtuelle et augmentée. C’est peut-être la dernière chance pour que cette technologie séduise finalement le grand public. Un ex-employé d’Apple spécialiste de la chose pense que ce sera un « moment Macintosh » pour la réalité virtuelle.

« Apple va présenter un nouvel appareil haut de gamme qui cible les grandes entreprises et le marché du télétravail. Depuis trois ans, on a découvert qu’un appel Zoom à 20 personnes, c’est loin d’être efficace. Mais en “coprésence” dans un environnement virtuel ? Pour moi, ce sera ça, la killer app de la réalité virtuelle. »

À ce stade, ces propos ne sont que conjectures et spéculations. Mais conjecturer et spéculer, c’est une grande partie du quotidien des professionnels et des entreprises dont le travail et les revenus dépendent des produits d’Apple. Ils sont nombreux : l’App Store génère des milliards de dollars pour les créateurs d’applications sur Mac, sur iPhone, sur l’Apple TV, sur l’Apple Watch, sur…

Bref.

De Kickstarter à Apple

Celui qui tient ses propos s’appelle Bertrand Nepveu. Bertrand et trois de ses amis ingénieurs à l’Université de Sherbrooke ont créé en 2014 un casque révolutionnaire combinant réalité virtuelle et réalité augmentée, le Totem. Leur entreprise s’appelait Vrvana. Le projet a été présenté au public (et à quelques représentants des médias de l’époque…) sur la plateforme de financement en ligne Kickstarter, où… il s’est écrasé.

En 2014, le grand public n’était pas prêt pour la réalité virtuelle. Mais le Totem a fait jaser. Suffisamment pour dynamiser le quatuor, qui a poursuivi ses démarches, si bien que deux ans plus tard, Bertrand entrait en contact avec des gens de chez Apple intéressés par cette technologie émergente.

Presque dix ans plus tard, elle l’est encore, émergente. Pas beaucoup plus que ça. Mais elle est mûre pour enfin éclore, assure Bertrand Nepveu. « Je sais ce qui s’en vient. Je ne peux pas trop en parler. Mais ça risque d’être typique d’un produit Apple. Tout ce qui embête les gens à propos des casques de réalité virtuelle sera éliminé. Ce sera très intuitif. »

Ce ne sera pas gros comme l’iPhone, c’est sûr, poursuit le fin connaisseur. S’il s’en vend un million d’exemplaires, ce sera déjà beau, selon lui. Ce sera plutôt comme le Mac : il a fallu que Steve Jobs montre le Mac à Bill Gates pour que Windows puisse voir le jour. Tout le monde en bénéficie depuis.

« Cette fois-ci, Apple va montrer autre chose que juste du jeu en réalité virtuelle, et ça va pousser Meta à prendre le sujet plus au sérieux. »

Durant les conférences de Google et de Microsoft, les grands patrons de la techno américaine n’ont parlé que d’intelligence artificielle. Même Meta a changé son fusil d’épaule plus tôt cette année en enterrant son fameux métavers au profit de l’IA. Apple n’a pas reçu le mémo…
 

 

« Killer app »

Durant les conférences de Google et de Microsoft, les grands patrons de la techno américaine n’ont parlé que d’intelligence artificielle. Même Meta a changé son fusil d’épaule plus tôt cette année en enterrant son fameux métavers au profit de l’IA.

Apple n’a pas reçu le mémo… Mais Apple, doit-on le rappeler, est l’entreprise cotée en Bourse dont la valeur est la plus grande actuellement. Elle est de 2,8 billions $US. 2875 milliards. C’est un peu plus que Microsoft, à 2,5 billions $US.

Une partie de ce succès commercial repose sur la capacité de l’entreprise à prendre le bon risque, au bon moment. Puis à protéger très sévèrement le marché qu’elle est parvenue à créer.

Les rumeurs à propos d’un casque de réalité virtuelle signé Apple font état d’un appareil pas tellement différent d’un casque signé Meta, HTC ou Sony : sans fil, avec un affichage de haute résolution pour chacun des deux yeux, des caméras et des capteurs mur à mur et un processeur assez puissant pour animer des applications similaires à celles qu’on trouve sur un iPad ou un iPhone.

D’ailleurs, il serait compatible dès le début avec les applications pour iPhone et iPad. L’utilisateur pourrait les manipuler à l’aide de mouvements des mains et des doigts. Dans des appels vidéo, son avatar 3D reproduirait ses expressions faciales et sa posture. Tout le non-verbal qui est actuellement absent des environnements de réalité virtuelle.

Le prix de détail de ce casque serait supérieur à 2000 $US. Sa mise en marché serait prévue à la fin de l’année.

C’est là où le risque apparaît : Apple espère que quelqu’un créera la fameuse « killer app ». L’application qui transformera en quelque chose de réellement utile une technologie qui, sinon, demeurera à l’état de simple gadget hors de prix.

Le Québec en attente

Cette application-de-la-mort pourrait être québécoise.

 

En 2007, à l’époque où Steve Jobs, sur scène à Cupertino, a levé la main avec, dans sa paume, un drôle de petit téléphone qui ne possédait aucun clavier, ça n’intéressait que les férus de l’informatique mobile. Aujourd’hui, c’est une industrie tout entière qui espère voir Tim Cook, le dauphin de Jobs, lever la main et dévoiler un casque de réalité virtuelle.

Des artistes, des programmeurs, des entrepreneurs et des investisseurs seront assis au bout de leur siège le lundi 5 juin en début d’après-midi. Des millions de dollars sont en jeu. Ils épieront les gestes des hauts dirigeants d’Apple et espéreront vivre, eux aussi, un moment qu’ils souhaitent unique. Un « moment Macintosh », comme l’anticipe Bertrand Nepveu.

Les choses ont beaucoup changé depuis 2007…

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