Quand l’école privée s’adapte à chaque élève

Isabelle Delorme
Collaboration spéciale
Contrairement à ce que laisse entendre un mythe associé au réseau privé, environ 42 %  de ses élèves appartiennent à une première ou à une deuxième génération d’immigrants.
Getty Images Contrairement à ce que laisse entendre un mythe associé au réseau privé, environ 42 % de ses élèves appartiennent à une première ou à une deuxième génération d’immigrants.

Ce texte fait partie du cahier spécial Enseignement privé

Hypersélectives ou peu diversifiées socialement : les idées reçues qui circulent sur les écoles privées ont souvent la vie dure. Pourtant, la réalité est bien différente dans le réseau des 203 établissements primaires et secondaires membres de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP). Ils déploient de nombreuses initiatives pour rendre l’école privée plus inclusive sur les plans financier et scolaire.

« L’idéal pour nous, ce n’est pas la même école pour tous les élèves, mais une école différente pour chaque élève », lance Nancy Brousseau, directrice générale de la Fédération des établissements d’enseignement privés. Être le plus inclusif possible pour refléter la société québécoise dans sa diversité est une priorité de la FEEP, selon son président, David Bowles. « Nous souhaitons offrir une place dans notre réseau à tous les enfants, peu importe leur particularité », dit celui qui dirige également le collège Charles-LeMoyne, à Longueuil.

Des aides financières

Les écoles privées québécoises sont moins chères que celles en Ontario, auxquelles elles sont pourtant parfois comparées. « Nous ne voulons pas d’une école privée inaccessible, à plus de 20 000 $ par année.Seule une infime partie de la population pourrait se l’offrir ! » souligne Nancy Brousseau, qui tient à rappeler que les écoles privées québécoises subventionnées à moitié par le gouvernement sont des organismes sans but lucratif (OSBL).

Les bourses accordées par des fondations ou des programmes internes mis en place par les établissements permettent de soutenir financièrement 7 % des élèves. « Nos écoles font beaucoup de travail pour que la question financière ne soit pas une barrière pour les familles », affirme David Bowles.

Des partenaires du collège Charles-LeMoyne, comme les centres jeunesse de la Montérégie ou les centres de pédiatrie sociale, l’aident à identifier des élèves pouvant être admis grâce à une bourse, qui comprend aussi les repas et l’uniforme. « Il ne faut pas abolir notre financement public, sinon il nous faudrait augmenter nos frais de scolarité. Nous avons de belles histoires de jeunes venant de milieux extrêmement vulnérables, qui vivaient beaucoup d’intimidation dans leur ancienne école », souligne le président. Contrairement à ce que laisse entendre un mythe associé au réseau privé, environ 42 % des élèves appartiennent à une première ou à une deuxième génération d’immigrants.

Accessibilité

Certaines écoles élitistes existent et ont leur rôle à jouer, mais elles sont loin de représenter la réalité du réseau privé, qui accueille 24 % d’élèves au secondaire et 21 % au primaire qui ont un plan d’intervention. « Près de 50 % de nos 3100 élèves du collège Charles-LeMoyne ont des plans d’intervention pour des diagnostics de difficulté d’apprentissage. Nous leur accordons beaucoup d’attention et ils réussissent », souligne David Bowles.

Ce succès est même un paradoxe, selon Nancy Brousseau. « Nous savons grâce à des sondages réguliers que beaucoup de parents choisissent nos écoles pour la qualité de l’encadrement que nous pouvons offrir aux élèves qui connaissent certaines difficultés. Pourtant, contrairement aux établissements publics, nous recevons très peu de financement pour mettre en place les moyens adaptés et embaucher des professionnels. Nous faisons donc un très bon travail avec des moyens limités », souligne-t-elle. Ces résultats sont notamment obtenus en réduisant de presque la moitié le nombre d’élèves dans certaines classes ou en proposant des programmes permettant d’étaler les deux premières années du secondaire sur trois ans dans certaines écoles.

L’un des grands atouts du réseau privé est son autonomie. « Nos structures sont très souples et centrées sur les élèves et leurs familles. Les directeurs des établissements peuvent prendre des décisions très rapidement », indique Nancy Brousseau.

Les établissements privés qui sont proches géographiquement collaborent entre eux pour travailler sur leur complémentarité et font part de leurs expériences au secteur public. « Nous cherchons toujours à innover et à offrir les meilleurs services possibles pour la réussite des élèves, dit David Bowles. Lorsque j’entends les critiques évoquant une école à trois vitesses et nous demandant de ralentir le rythme dans nos innovations, je me dis qu’il faut au contraire faire connaître nos bonnes pratiques et travailler ensemble afin que l’école s’améliore pour tous les jeunes Québécois. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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