Le projet de centre d’inhalation près d’une école n’est pas ébranlé par la contestation

Un centre supervisé d’injection et d’inhalation de drogue peut aider à prévenir les morts par surdose, fait valoir la directrice de l’organisme responsable.
Andy Buchanan Archives Agence France-Presse Un centre supervisé d’injection et d’inhalation de drogue peut aider à prévenir les morts par surdose, fait valoir la directrice de l’organisme responsable.

La contestation de parents et de résidents n’empêchera pas l’ouverture d’un centre supervisé d’injection et d’inhalation de drogue à proximité d’une école primaire, assure l’organisme responsable, qui travaille à calmer les craintes et qui affirme avoir plusieurs appuis.

« Ce n’est pas en péril, et nous, ce qu’on veut, c’est mieux travailler avec notre communauté et prendre en considération les craintes », assure Andréanne Désilets, directrice générale de La maison Benoît-Labre. Quelque 36 logements destinés aux personnes itinérantes ayant des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie sont prévus, en plus du centre. L’ouverture doit avoir lieu en octobre ou en novembre, une fois les travaux en cours terminés.

« On a plein d’appuis de gens dans la communauté, on reçoit plein de messages de gens qui nous soutiennent, ajoute-t-elle. C’est juste que, généralement, ces gens-là font pas mal moins de bruit, c’est rare qu’on va sortir parce qu’on est pour une cause. »

Une séance d’information fermée aux médias et ouverte uniquement aux parents a été organisée mardi soir à l’école Victor-Rousselot. Des résidents du quartier en ont profité pour venir manifester leur opposition à l’extérieur. Des parents n’ont de leur côté pas été rassurés par la rencontre.

« Une bonne rencontre, analyse quant à elle Andréanne Désilets, avec d’excellentes interventions. » « Il y avait une dizaine de parents très fâchés, une vingtaine d’autres pas trop certains et cinq autres qui se disaient qu’un centre serait une bonne idée, mais avec des appréhensions pour leurs enfants », poursuit-elle.

Elle reconnaît que « la communication n’était pas optimale » et « qu’on a à mieux communiquer » concernant le projet. L’idée de mettre en place des mécanismes plus accessibles aux parents pour qu’ils sachent où signaler une situation « désamorce beaucoup des grandes craintes qui ont été nommées », dit Andréanne Désilets. Une autre rencontre d’information est prévue le 4 octobre, et il y aura création d’un comité de bon voisinage.

L’itinérance a pris de l’ampleur dans Saint-Henri, et le projet aura assurément des effets positifs, souligne la directrice générale. « Les gens consommaient à l’intérieur, puis se sont fait sortir de leur logement et se retrouvent dehors dans les espaces publics », décrit-elle. Un tel centre supervisé, où les usagers apportent leur propre drogue à consommer, peut aider à prévenir les morts par surdose.

Le centre d’injection et d’inhalation de drogue n’a pas encore reçu le feu vert du fédéral, où la demande est présentement analysée, et de Québec. Il est encore prévu qu’une demande soit envoyée au directeur national de santé publique, a confirmé au Devoir la Santé publique de Montréal, qui n’est pas ébranlée par l’opposition de parents et de résidents. « L’organisme a mis en place un plan qui prévoit de nombreuses interventions pour assurer une cohabitation harmonieuse et des mesures pour assurer le bon voisinage », écrit-on.

Andréanne Désilets a bon espoir qu’on lui accordera la permission d’ouvrir le centre supervisé. « Tout à fait », répond-elle.

Du côté de Québec, le cabinet du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, avait déclaré par écrit hier qu’un « centre d’inhalation supervisé (CIS) est un service important pour réduire les méfaits », mais qu’il était « impératif qu’il y ait de l’acceptabilité sociale dans le quartier ». « On ne peut pas imposer un CIS dans un quartier aussi près d’une école », indique le ministre.

« Ce que j’entends, c’est qu’on doit lui démontrer [au ministre Carmant] qu’il y a un plan de cohabitation », répond Andréanne Désilets. « On n’est pas seuls là-dedans », prend-elle le soin d’ajouter. Le poste de quartier du Service de police de la Ville de Montréal assignera notamment quatre policiers dans le secteur. Un comité de vigie surveillera également les conséquences négatives potentielles et verra comment mieux y réagir. « On veut aller plus loin que juste attendre que quelque chose se passe, et agir », dit-elle.

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