La plupart des Canadiens pensent que l’information devrait être gratuite

Loi sur les nouvelles en ligne du gouvernement libéral, qui entrera en vigueur plus tard cette année, obligera les géants du Web tels que Google à indemniser les médias pour le contenu partagé ou autrement réutilisé sur leurs plateformes.
Sean Kilpatrick La Presse canadienne Loi sur les nouvelles en ligne du gouvernement libéral, qui entrera en vigueur plus tard cette année, obligera les géants du Web tels que Google à indemniser les médias pour le contenu partagé ou autrement réutilisé sur leurs plateformes.

Un nouveau sondage suggère que les deux tiers des Canadiens estiment que les informations devraient être gratuites et accessibles à tous, tout en étant convaincus que les médias trouveront d’autres moyens de gagner de l’argent.

La firme Léger a lancé un coup de sonde la fin de semaine dernière afin de recueillir des opinions sur la Loi sur les nouvelles en ligne du gouvernement Trudeau. Le texte législatif, qui entrera en vigueur plus tard cette année, obligera entre autres les géants Google et Meta à indemniser les médias pour le contenu partagé ou autrement réutilisé sur leurs plateformes.

Environ trois répondants sur quatre ont déclaré qu’ils connaissaient la Loi sur les nouvelles en ligne, l’ancien projet de loi C-18, et 34 % des personnes interrogées ont déclaré qu’il s’agissait d’une bonne chose pour aider les médias qui sont en concurrence avec les géants de la technologie pour les recettes publicitaires.

En réponse au projet de loi, Meta a supprimé les informations canadiennes de ses plateformes Facebook et Instagram, ce qui a irrité les répondants du sondage.

 

Dans l’ensemble, 59 % des personnes sondées ont affirmé que l’entreprise devrait rétablir l’accès aux informations, et seulement 12 % ont convenu que Meta devrait être autorisée à protester contre la législation.

« C’est assez intéressant, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’opposition au projet de loi lui-même », a déclaré Christian Bourque, vice-président à la direction de Léger. « Il y a une opposition au fait qu’ils n’obtiennent pas leurs nouvelles quand ils veulent, où ils veulent. »

« C’est là, ça existe, je devrais avoir le droit d’y avoir accès »

Le sondage suggère que deux Canadiens sur trois pensent que l’information devrait être gratuite et accessible à tous, et que « les médias en difficulté ont d’autres moyens de gagner de l’argent ».

Ce point de vue serait particulièrement populaire chez les 18 à 34 ans, un groupe qui s’informe presque uniquement sur les réseaux sociaux.

Il y a un sentiment de « c’est là, ça existe, je devrais avoir le droit d’y avoir accès », estime M. Bourque. Selon lui, il s’agit d’un sous-produit de l’idée selon laquelle Internet devrait donner aux gens un accès universel à ce qu’ils désirent. « Et les réseaux sociaux offraient pratiquement tout gratuitement », a-t-il souligné. « Je pense que la plupart des Canadiens s’attendent à ce que ça soit ainsi qu’ils obtiennent des informations. »

Le premier ministre Justin Trudeau a souvent déclaré que Meta refusait de « payer [sa] juste part » parce qu’[elle]avait choisi de supprimer les informations canadiennes de [ses] plateformes au lieu de négocier des accords avec les médias, comme l’exige la loi.

Le sondage suggère que 43 % des Canadiens soutiennent le projet de loi, tandis que 31 % y sont opposés et 26 % n’en savent pas suffisamment sur la situation pour avoir une opinion.

Le sondage national de la firme Léger a été effectué en ligne auprès de 1564 personnes au cours de la fin de semaine dernière. Selon l’organisme professionnel de l’industrie des sondages, le Conseil de recherche et d’intelligence marketing canadien, de tels coups de sonde en ligne ne peuvent pas se voir attribuer une véritable marge d’erreur, car ils n’échantillonnent pas la population de manière aléatoire.

Une question de revenus publicitaires

 

Les sociétés de presse comptent depuis longtemps sur les abonnés, les téléspectateurs et les annonceurs pour générer des revenus, mais ces dernières années, elles ont vu chacune de ces sources de revenus diminuer.

Le projet de recherche sur la concentration des médias canadiens, le Canadian Media Concentration Research (CMCR) Project, a révélé que Google et Facebook représentaient collectivement 79 % des revenus publicitaires en ligne, estimés à 12,3 milliards de dollars en 2021, et plus de la moitié des dépenses publicitaires totales dans tous les médias.

Médias d’info Canada a déclaré que les revenus publicitaires des journaux communautaires du pays ont chuté à 411 millions de dollars en 2020, contre 1,21 milliard en 2011. Au cours de cette période, près de 300 journaux ont disparu ou ont fusionné avec d’autres publications.

M. Bourque a indiqué que les répondants croient que les médias trouveront d’autres moyens de gagner de l’argent. « Mais quelle autre manière ? » se demande-t-il.

Les résultats du sondage montrent que près de la moitié des Canadiens, soit 47 %, ont remarqué un changement après que Meta a bloqué les informations, avec des chiffres plus élevés s’élevant à 54 % parmi les Québécois et 59 % parmi ceux qui obtiennent leurs nouvelles principalement via les médias sociaux.

Les personnes interrogées se tournent vers d’autres sources d’information : 22 % des répondants disent se tourner vers la télévision et la radio, 20 % affirment qu’elles se tourneront vers des sites Web et applications mobiles gratuites de médias traditionnels et 13 % choisissent d’autres sites de médias sociaux, comme Reddit et X (anciennement Twitter).

Seuls 6 % se disent prêts à payer un abonnement pour accéder directement aux informations.

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