Factures d’épicerie et immeubles d’habitation dans le viseur de Justin Trudeau

« Le Canada a besoin de plus d’édifices à logements, pas juste des condos faits pour Airbnb ou vendus à des acheteurs étrangers », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau jeudi. Il était mercredi de passage sur le site d’un chantier de construction de logements abordables à London, en Ontario.
Nicole Osborne La Presse canadienne « Le Canada a besoin de plus d’édifices à logements, pas juste des condos faits pour Airbnb ou vendus à des acheteurs étrangers », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau jeudi. Il était mercredi de passage sur le site d’un chantier de construction de logements abordables à London, en Ontario.

Justin Trudeau a conclu la retraite de son cabinet jeudi en annonçant la fin de la taxe fédérale sur la construction d’immeubles locatifs, ainsi que la convocation prochaine des patrons des grandes chaînes d’épiceries par son gouvernement pour « stabiliser les prix » des aliments.

« Ça n’a pas de sens qu’au Canada, nos plus grandes chaînes d’épiceries font des profits records alors que les Canadiens ont du mal à mettre de la nourriture sur la table et recourent aux banques alimentaires », a dénoncé le premier ministre devant tous les autres députés libéraux.

Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, exigera des cinq plus grandes bannières un plan de stabilisation des prix d’ici à l’Action de grâce. Justin Trudeau menace de les taxer si elles ne collaborent pas. Il a aussi annoncé qu’il lancerait une révision de la Loi sur la concurrence.

Critiqué pour ne pas avoir présenté de mesures concrètes en matière de logement lors de la retraite de son cabinet en août, le premier ministre annonce maintenant qu’il veut réduire le coût des matériaux pour les constructeurs de logements locatifs en éliminant la TPS, une promesse de son parti qui date de 2015.

« Les gens comprennent très bien que la situation d’il y a huit ans est différente d’aujourd’hui », a-t-il expliqué devant les journalistes.

860 000
C’est le nombre de logements qui manqueront au Québec en 2030 selon une estimation de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

Son annonce survient le lendemain de la publication, par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, d’une estimation qui chiffre à 860 000 le nombre de logements manquants au Québec en 2030. Il s’agit d’une forte hausse par rapport à l’écart de 620 000 logements estimé l’an dernier. La situation se serait aussi aggravée en Alberta et en Colombie-Britannique.

Le logement sur toutes les lèvres

 

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a indiqué jeudi qu’il entendait déposer, dès la semaine prochaine, un projet de loi qui deviendrait la « Loi pour bâtir des logements, pas de la bureaucratie ». Comme il l’a récemment répété au congrès de son parti, à Québec, il propose de punir les municipalités qui ne construisent pas assez de logements et de donner des primes à celles qui dépassent les objectifs.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, critique régulièrement les grandes chaînes d’épiceries, qu’il accuse de profiter de la hausse des prix. En matière de logement, il accuse aussi Justin Trudeau, avec qui il a conclu un accord pour le maintenir au pouvoir jusqu’en 2025, de favoriser avant tout les investisseurs. Le Bloc québécois a lui aussi inscrit le logement à sa liste de dossiers prioritaires pour l’automne, et il reproche au premier ministre d’avoir insulté les élus municipaux lors d’un point de presse.

Pour sa part, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec a bien accueilli l’annonce d’Ottawa. Elle a déjà suggéré au gouvernement Legault de faire la même chose avec la TVQ dans le cadre d’une commission parlementaire, ce que lui demande justement Ottawa.

Avec Isabelle Porter et La Presse canadienne



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