Justin Trudeau impute la lenteur de son plan pour le logement aux villes

Justin Trudeau a annoncé que London, en Ontario, serait la première ville au pays à toucher des sommes d’un important programme fédéral de construction d’habitation de 4 milliards de dollars, annoncé lors du budget de 2022 mais officiellement lancé pas plus tard que cet été.
Nicole Osborne La Presse canadienne Justin Trudeau a annoncé que London, en Ontario, serait la première ville au pays à toucher des sommes d’un important programme fédéral de construction d’habitation de 4 milliards de dollars, annoncé lors du budget de 2022 mais officiellement lancé pas plus tard que cet été.

Le premier ministre du Canada a accusé les villes d’adhérer trop lentement au fonds fédéral visant l’accélération de la construction de logements, alors que les municipalités québécoises doivent plutôt attendre la conclusion de négociations avec Québec.

« On appelle tous les maires du pays à faire preuve d’ambition. D’être là pour accepter les investissements du fédéral pour accélérer la densification, la construction, l’accélération de zonage et de permis », a lancé Justin Trudeau lors d’un point de presse.

Le chef libéral annonçait mercredi que London, en Ontario, serait la première municipalité au pays à toucher des sommes d’un important programme fédéral de construction d’habitations de 4 milliards de dollars annoncé lors du budget de 2022, mais officiellement lancé pas plus tard que cet été. La Ville de London touchera 74 millions de dollars pour la construction de 2000 logements au cours des trois prochaines années.

Questionné par La Presse canadienne sur la raison pour laquelle son gouvernement n’a pas conclu d’entente plus tôt avec des municipalités du pays, M. Trudeau a répondu : « Il faudrait demander aux différents maires pourquoi ça a pris autant de temps. »

Les villes patientent

 

Le commentaire a suscité l’incompréhension de plusieurs administrations municipales du Québec. Les villes de Québec, Laval, Sherbrooke et Gatineau ont dit au Devoir avoir déposé leur dossier avant la date limite, le 18 août dernier. Elles doivent toutefois attendre que le gouvernement Legault s’entende avec le fédéral avant de pouvoir toucher de l’argent issu du Fonds pour accélérer la construction de logements (FACL).

« De notre côté, Laval a postulé en bonne et due forme et a soumis un plan d’action détaillé afin de bénéficier de l’argent prévu. […] Par ailleurs, nous sommes en discussion avec le gouvernement du Québec afin d’obtenir les pouvoirs nous permettant d’investir nous-mêmes dans notre communauté », écrit Élizabeth Lemay, l’attachée de presse du maire de Laval, Stéphane Boyer.

« La seule chose qu’on a à faire, c’est attendre », ajoute Thomas Gaudreault, du cabinet du maire de Québec, Bruno Marchand.

« Ce n’est donc pas les maires qui retardent le processus ici, confirme aussi Daniel Feeny, le porte-parole de la mairesse de Gatineau, France Bélisle. Ceci démontre l’impact des négociations à la pièce dans le cadre d’ententes qui doivent intervenir entre les paliers de gouvernement supérieurs, mais qui concernent les villes. »

Dans le collimateur du fédéral

 

Le nouveau ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, avait d’ailleurs lancé une petite pointe aux administrations municipales qui, selon sa vision des choses, n’en font pas assez pour le logement. « Dans certains cas, les villes ne construisent pas de maisons dans ce pays, a-t-il laissé tomber. Si vous voulez […] que le gouvernement fédéral arrive avec des investissements financiers qui vont soutenir directement votre capacité à construire plus de maisons, donnez-nous une raison. »

Le FACL est conçu de sorte que le gouvernement fédéral fasse sauter certaines barrières qui empêchent les logements de sortir de terre, comme des règlements de zonage municipaux trop stricts, en échange d’argent.

Le bureau du ministre Fraser a confirmé au Devoir que les villes québécoises ne peuvent faire le même genre d’entente que la ville ontarienne de London pour l’instant. Québec doit d’abord donner son accord, conformément à sa législation.

« Nous sommes effectivement en négociation présentement […] afin d’obtenir du FACL la juste part du Québec, considérant que l’habitation est une compétence provinciale », précise le cabinet de la ministre responsable de l’Habitation au Québec, France-Élaine Duranceau.

Le gouvernement libéral avait fait du logement le thème de la retraite de son cabinet à Charlottetown en août dernier, sans toutefois annoncer de mesures concrètes.

Le chef de l’opposition officielle, Pierre Poilievre, a lui aussi insisté sur la question du logement lors du récent congrès conservateur, à Québec. Il a notamment accusé l’administration montréalaise, de la mairesse Valérie Plante, d’avoir « empêché la construction de 24 000 nouvelles maisons et nouveaux appartements ». Il propose lui aussi qu’on facilite l’approbation municipale des projets — ou, dans ses mots, qu’on se débarrasse des « gardiens bureaucrates qui bloquent la construction de maisons ».

Avec La Presse canadienne

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