Un nouvel hôpital, oui mais…

L’annonce de la construction d’un nouvel hôpital Maisonneuve-Rosemont ne peut être qu’une bonne nouvelle. En 24 heures, on m’a demandé au moins dix fois si je pensais avoir l’occasion d’y travailler un jour, moi qui ne prévois pas prendre ma retraite avant 20 ans. Il est vrai qu’après la première annonce de 2012, 11 ans se sont écoulés et nous en sommes encore au point… A ! Difficile de céder à l’enthousiasme sans cynisme.

Il s’agit pourtant d’une rare bonne nouvelle pour le réseau public, qui détonne avec le sentiment très généralement répandu d’abandon qui nous afflige. Plus que jamais, on se sent asphyxiés et incapables d’accomplir notre travail dans des délais raisonnables. Chaque nouveau patient représente autant de défis : comment compléter nos investigations, comment opérer aussi rapidement que la situation le commande ? C’est devenu tout simplement impossible, et la charge de responsabilité est intenable.

Le système est à bout de souffle et personne ne prend soin de ses intervenants. Le projet de loi 15 annoncé comme une révolution n’inspire aucun enthousiasme sur le terrain. Le temple est en ruine. En secouer les colonnes s’annonce pénible, tellement il y a déjà de la poussière partout.

Pour ceux qui ont les mains dans le cambouis, les discussions en haut lieu donnent cette impression de déconnexion de tous nos combats du quotidien. On a l’impression d’être assis à la place du conducteur, mais de ne pas tenir le volant. Encore pire ? Ceux qui le tiennent ne voient pas la route et tous ses nids-de-poule, courbes, falaises…

Alors, oui, un nouvel hôpital, et vite. Investissons dans le réseau et rendons-le attrayant pour le personnel qui l’a déserté et continue de le faire au profit du privé. Mais il ne faudra pas que des briques. Il faut commencer dès maintenant à prendre soin des intervenants qui y travaillent.

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