La rentrée des espoirs déçus en petite enfance

Cet été, plus de 36 000 enfants étaient toujours en attente d’une place en SGEE, rapporte l’autrice.
iStock Cet été, plus de 36 000 enfants étaient toujours en attente d’une place en SGEE, rapporte l’autrice.

Depuis quelques semaines, les postes vacants d’enseignantes et le manque de personnel spécialisé dans les écoles du Québec sont sur toutes les lèvres et dans tous les médias. En cette semaine de rentrée, il est également important de rappeler une autre pénurie qui frappe des milliers d’enfants d’âge préscolaire et leurs parents : la pénurie de places en garderie.

Lorsque l’on regarde les données concernant les services de garde éducatifs à l’enfance (SGEE) au Québec, les rentrées se suivent et se ressemblent : plus de 36 000 enfants étaient toujours en attente d’une place cet été selon les dernières statistiques du ministère de la Famille ! Ce chiffre est d’autant plus aberrant quand on sait tous les bienfaits d’une place en garderie de qualité pour le développement de nos tout-petits.

Depuis quelques semaines, Ma place au travail reçoit de nombreux témoignages de parents qui voient la rentrée 2023 arriver et leurs espoirs d’obtenir une place pour septembre s’envoler. Pour ces parents qui ont épuisé toutes les avenues possibles pour trouver une place (La Place 0-5, divers sites et groupe Facebook recensant le peu de places disponibles, appels et courriels répétitifs aux garderies du quartier et des villes avoisinantes…), l’heure est aux plans B, C ou Z.

Pour les plus chanceux, des membres de la famille viendront à la rescousse dans les prochains mois (années ?) et prendront soin des enfants laissés pour compte par le réseau des SGEE jusqu’à l’obtention d’une place. On remercie particulièrement les grands-mères du Québec qui sortent de leur retraite pour épauler leurs enfants et prendre soin de leurs petits-enfants.

Pour d’autres parents, le manque de places en garderie impose de renoncer à leur travail et aux revenus qui vont avec. Ces démissions et congés sans solde forcés demanderont de revoir le budget familial, de puiser dans les économies ou de s’endetter afin de subvenir aux besoins de la famille, ce qui n’est pas sans conséquences sur la santé mentale et financière de ces parents.

Pour ces milliers d’enfants et de parents qui ne connaîtront pas de rentrée en septembre 2023, nous espérons que le plan d’action du ministère de la Famille pour compléter le réseau des SGEE s’accélérera dans les mois à venir et apportera les milliers de places tant espérées et plus que nécessaires !

En attendant que le droit universel à l’éducation de nos tout-petits soit reconnu au Québec et qu’une place de qualité et abordable en SGEE soit garantie à tous ceux qui la désirent, les parents des enfants de moins de cinq ans peuvent toujours se consoler en se disant que l’entrée à l’école de leur enfant marquera la fin de leur stress lié à la pénurie de places en garderie… à moins que la pénurie d’enseignantes et de personnel scolaire ne prenne la relève !

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