Des ex-candidates solidaires veulent une femme plutôt qu’Olivier Bolduc dans Jean-Talon

Le solidaire Olivier Bolduc veut ravir la circonscription de Jean-Talon à la CAQ.
Thomas Laberge La Presse canadienne Le solidaire Olivier Bolduc veut ravir la circonscription de Jean-Talon à la CAQ.

Quelques heures après que le solidaire Olivier Bolduc s’est lancé dans la partielle dans Jean-Talon, La Presse canadienne a obtenu copie d’une communication de Québec solidaire (QS) qui encourage « fortement » ses membres à choisir une femme dans cette circonscription.

« Bien que le choix final soit le vôtre, et à défaut d’avoir actuellement le pouvoir d’imposer le genre d’une candidature dans le cadre d’une élection partielle, nous vous encourageons fortement à choisir une femme pour porter les couleurs de Québec solidaire lors de l’élection partielle à venir ! » peut-on lire dans un courriel envoyé aux membres solidaires de Jean-Talon et signé par le président du parti, Nicolas Chatel-Launay.

On indique également que le Comité de coordination encourage les femmes membres de QS à se lancer dans la course à l’investiture.

« Il s’agit là d’une occasion unique de faire entrer une nouvelle voix féminine forte à l’Assemblée nationale et de gonfler les rangs du caucus de Québec solidaire ! » écrit-on.

Actuellement, il y a quatre femmes et huit hommes dans le caucus solidaire à l’Assemblée nationale. C’est un homme, Guillaume Cliche-Rivard, qui a été élu lors de la partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne en mars dernier.

Lors de son conseil national, en février dernier, le parti a voté pour une proposition demandant la mise en place de moyens d’imposer des candidatures féminines lors d’élections futures.

Des ex-candidates veulent une femme

 

Plusieurs anciennes candidates et plusieurs militantes du parti ont aussi indiqué à La Presse canadienne lundi qu’elles voudraient plutôt voir une femme être candidate pour cette élection. Certaines suggèrent même qu’Olivier Bolduc cède sa place.

« Québec solidaire, c’est un parti féministe, et je pense qu’à ce stade-ci, les hommes devraient laisser la place aux femmes si on veut continuer à dire qu’on est le parti féministe du Québec », lance la candidate solidaire dans Chauveau en 2022, Jimena Aragon.

« Ce n’est pas de dire à Olivier “ne te présente pas”, mais je pense qu’on doit faire un appel à tous les hommes de laisser la place aux femmes pour se présenter dans Jean-Talon », ajoute-t-elle.

Jimena Aragon s’est présentée à l’investiture solidaire dans Jean-Talon en 2022. Elle a perdu contre Olivier Bolduc. Aujourd’hui, elle assure qu’elle ne se présentera pas à l’investiture pour la partielle. Elle milite pour QS dans Jean-Talon depuis 2020.

Jimena Aragon assure que si une femme représente le parti lors de la partielle, elle sera à ses côtés. Elle n’a pas voulu faire de promesse similaire si c’est M. Bolduc qui est candidat.

« Être un allié, c’est céder sa place »

Andrée-Anne Tremblay, qui était responsable du comité des femmes de QS de la Capitale-Nationale dans la dernière année, pense aussi qu’Olivier Bolduc devrait céder sa place.

« N’importe quelle personne qui s’implique à QS doit, au minimum, être un allié, et être un allié, c’est céder sa place quand certains groupes sont sous-représentés, et c’est ce qui se passe en ce moment avec le caucus solidaire », affirme la militante.

Andrée-Anne Tremblay dit qu’elle militera « fort probablement » lors de la partielle dans Jean-Talon peu importe qui est candidat.

« J’invite Olivier Bolduc à se rallier à une candidature femme et à faire campagne avec elle, étant donné qu’il est connu et qu’il a déjà fait campagne », suggère l’ancienne candidate solidaire dans Montmorency Annie-Pierre Bélanger.

Pour l’instant, Olivier Bolduc est le seul candidat officiellement déclaré pour l’investiture de QS.

L’ancienne coordonnatrice de la circonscription de Jean-Talon et militante pour QS Flavie Lavoie-Cardinal ne demande pas à M. Bolduc de céder sa place, mais souhaite voir une femme sur la ligne de départ. « J’espère qu’on va avoir une très bonne candidature féminine. J’espère que les membres vont choisir une candidature féminine », explique-t-elle.

« J’aurais aimé que ce soit une femme qui se lance en premier, et j’espère que ça ne va pas décourager des femmes d’y aller », affirme, quant à elle, l’ex-candidate dans la circonscription de Rivière-du-Loup–Témiscouata Myriam Lapointe-Gagnon.

L’ancienne candidate solidaire dans Bonaventure Catherine Cyr Wright lance un appel aux femmes. « On a une occasion à saisir en tant que parti féministe pour faire élire une autre femme », dit-elle.

« C’est sûr que si on veut atteindre la parité au caucus, il faut faire élire des femmes, et pour ça, il faut que des femmes soient candidates aux investitures et qu’elles les remportent », ajoute Mme Cyr Wright.

La semaine dernière, la députée solidaire Ruba Ghazal a aussi incité les femmes à se lancer dans la partielle. « Notre parti compte des femmes extraordinaires, compétentes et qui ont plein de talents pour porter le projet de société de Québec solidaire au Parlement en accord avec nos valeurs profondes », a-t-elle écrit sur Facebook.

Un candidat sur la ligne de départ

 

Plus tôt lundi, le solidaire Olivier Bolduc a annoncé à La Presse canadienne qu’il se lançait pour ravir la circonscription de Jean-Talon à la Coalition avenir Québec (CAQ). Une candidature qui survient moins d’une semaine après l’annonce du départ de la caquiste Joëlle Boutin.

« Les gens de Jean-Talon ont le droit d’avoir un député qui est fidèle et qui ne les laissera pas tomber », a-t-il affirmé en entrevue à La Presse canadienne.

Olivier Bolduc a déjà tenté à deux reprises de remporter la circonscription pour Québec solidaire. En 2022, il avait terminé deuxième avec 24 % des voix.

« De voir la même personne qui se présente trois fois dans Jean-Talon, je pense que c’est convaincant. La personne veut continuer. Elle n’est pas là pour partir », a-t-il affirmé.

En 2018 et en 2014, il a tenté sa chance dans la circonscription de Chutes-de-la-Chaudière, située au sud de Québec. Olivier Bolduc est sténographe judiciaire depuis 2015. Il a travaillé comme cheminot pendant six ans.

 

La semaine dernière, la députée Joëlle Boutin a annoncé qu’elle quittait la politique moins d’un an après avoir été élue pour passer plus de temps avec sa famille. Elle a aussi reçu une offre dans le secteur privé.

« Je suis encore réchauffé, c’était hier, l’élection générale. […] Je pense qu’on part avec de sérieux avantages. On a une bonne machine et des militants qui sont prêts à reprendre le travail », assure M. Bolduc.

Mais il devra tout d’abord gagner l’investiture solidaire pour être officiellement le candidat du parti dans la circonscription.

« Contrairement à la CAQ, où c’est François Legault qui décide tout, nous, on a une démocratie interne à QS, et ça nous est cher. […] C’est plus difficile parfois, c’est un peu plus long, mais ça en vaut la peine », soutient-il.

Pour l’instant, il n’y a pas d’autre candidat officiellement déclaré pour l’investiture de QS. Les autres partis politiques n’ont pas encore annoncé qui allait les représenter dans Jean-Talon.

Une chaude lutte à prévoir

On peut s’attendre à une chaude lutte dans Jean-Talon. Les intentions de vote dans la région de Québec ont beaucoup bougé dans les derniers mois. Avec le recul de la CAQ sur le troisième lien, le parti de François Legault a perdu des appuis au profit du Parti québécois (PQ).

Les deux derniers sondages Léger, publiés en mai et en juin, placent le PQ en tête des intentions de vote à Québec.

La formation a d’ailleurs déplacé son caucus présessionnel pour le tenir dans cette circonscription. Initialement, l’événement devait avoir lieu à Alma. Le caucus se tiendra le 31 août prochain.

Le PQ a ouvert les hostilités sur les réseaux sociaux la semaine dernière, moins de 24 heures après la démission de Joëlle Boutin, avec des messages dans lesquels il indiquait vouloir « battre la CAQ à Québec ».

Les projections actuelles de l’agrégateur de sondages Qc125 placent le PQ, QS et la CAQ à égalité statistique dans Jean-Talon.

Le gouvernement a six mois pour déclencher une élection partielle après le départ d’un député. Le coût estimé d’une telle élection est de 585 000 $. Ce sera la quatrième partielle dans Jean-Talon depuis 2008.

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