La ville, au centre de la lutte pour le climat

Adrien Bonot
Collaboration spéciale
La bibliothèque carboneutre de Varennes
Photo: Ville de Varennes La bibliothèque carboneutre de Varennes

Ce texte fait partie du cahier spécial Municipalités

Les municipalités québécoises affiliées à l’UMQ représentent 6 millions de personnes à travers la province. L’Union se trouve ainsi au cœur des solutions qui permettront de faire face aux défis du XXIe siècle. Parmi eux, les changements climatiques occupent bien entendu une place majeure. Quels impacts sur les municipalités ? Comment ces dernières peuvent-elles agir ? Voici quelques éléments de réponse, avant le grand forum intitulé Unies pour le climat : les municipalités aux premières loges, qui aura lieu le 13 mai prochain dans le cadre des assises de l’UMQ.

« Le climat est un sujet primordial pour nos concitoyens. Les municipalités doivent s’adapter pour lutter contre les changements climatiques », témoigne Martin Damphousse, maire de Varennes et membre de la commission environnement de l’UMQ. C’est donc logique qu’un des deux grands forums des assises 2022 porte spécifiquement sur ce dossier. Et pour preuve de l’importance que revêt le sujet pour les Québécois et donc pour leurs élus, plus de 1000 personnes sont d’ores et déjà inscrites.

Le maire de Varennes poursuit : « Le palier municipal a toujours été considéré comme le gouvernement de première ligne pour la population. C’est à partir de là que les changements doivent s’opérer de manière manifeste. On le voit depuis plusieurs années, les phénomènes climatiques extrêmes tendent à s’accentuer. À Varennes, par exemple, on voit une augmentation de l’érosion des berges du Saint-Laurent quand, dans d’autres municipalités côtières, on observe une hausse des inondations. Les changements climatiques ont un impact majeur sur les finances de nos villes et de nos villages. Il faut absolument changer de paradigme, et le plus vite possible. »

Une première nord-américaine

 

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est formel. Le dérèglement climatique, qui est déjà une réalité, continuera à empirer si des changements draconiens ne sont pas mis en place d’ici trois ans. Que ce soit au plan personnel ou collectif, personne ne reste indifférent et des solutions sont mises en place au sein de la province.

« À l’échelle municipale, nous avons un rôle à jouer et nous l’assumons, affirme M. Damphousse. Nous pouvons être un vecteur d’influence à l’égard de notre population. En offrant, sous conditions, des subventions pour l’installation de panneaux solaires ou l’achat de véhicules électriques, par exemple ».

Dans sa municipalité de Varennes, le maire indique que la bibliothèque est désormais neutre en carbone, que des véhicules électriques ont été achetés et que le premier camion incendie électrique en Amérique du Nord viendra bientôt compléter la flotte des pompiers.

 

« Tout cela a un coût supérieur, reconnaît-il, mais nous n’avons pas le choix de changer nos façons de faire et de consommer, car les catastrophes climatiques seront encore plus cher payées. L’évolution des mentalités sur le climat est incroyablement rapide au Québec. Cela va dans le bon sens. »

Soutenir les municipalités

 

Un guide sur la réglementation et l’adaptation aux changements climatiques a d’ailleurs vu le jour en collaboration avec Ouranos, un consortium québécois sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques. Ce pôle d’innovation met aujourd’hui en place des projets scientifiques développés en partenariat avec les municipalités pour les aider à s’adapter au dérèglement du climat. Ce recueil de 82 pages est là pour soutenir les villes dans leur volonté de réduire leur impact sur l’environnement. Par de multiples exemples, il leur permet de s’approprier et de reprendre à leur compte les solutions disponibles. Ce guide, disponible sur le site de l’UMQ, fait la fierté d’Alain Bourque.

« Ce forum durant les assises de l’UMQ ainsi que la parution de ce guide témoignent de l’accélération de la prise de conscience du coût des changements climatiques par les municipalités québécoises, s’enthousiasme le directeur général d’Ouranos. Toute la province est touchée par des changements majeurs. »

Il évoque le risque de sécheresse de plus en plus intense durant la saison estivale. Selon lui, l’eau doit être considérée comme une denrée rare et doit être préservée. Les municipalités côtières doivent quant à elles s’adapter aux inondations dues principalement à une hausse du niveau de la mer et à un englacement du fleuve moins long. Les municipalités forestières sont confrontées de plus en plus souvent à des feux de forêt, quand celles du Grand Nord sont les plus touchées, avec un changement climatique trois à quatre fois plus rapide que sur le reste de la planète.

Des risques hétéroclites

 

Selon les derniers rapports, les changements climatiques sont une réalité inexorable. Ils vont avoir lieu. Ils ont même déjà commencé. L’humanité doit s’adapter pour vivre avec cela et réduire ses émissions de gaz à effet de serre pour ne pas rendre la planète invivable. Cette réalité est encore plus vraie ici, au Canada, où les températures moyennes ont déjà augmenté de 1,7 degré Celsius depuis 1948, quand la moyenne planétaire est de 0,8 degré. Notre pays se réchauffe donc deux fois plus vite. Au sein de la province, les municipalités s’organisent contre cela.

« Nous avons mis en place des projets collaboratifs avec des partenaires universitaires et les municipalités, explique M. Bourque. Nous avons aussi un projet avec le gouvernement pour redéfinir les zones inondables au Québec. La province est vaste et les municipalités vivent dans différents contextes. »

Montréal craint, par exemple, la canicule et la défaillance des systèmes municipaux quand d’autres villes ont plus à se préoccuper de la montée des eaux. Les excès de mortalité induits par les changements climatiques sont aussi à nos portes. Cela touche tout le monde, tous les domaines : le milieu économique, les loisirs, la santé publique, les infrastructures, le traitement des eaux, etc.

Pour contrer ces effets néfastes, le directeur d’Ouranos propose des pistes de solution : il estime que les municipalités devraient mettre sur pied une direction spécifique qui travaillerait sur la question des changements climatiques et qui pourrait s’exprimer sur tous les autres dossiers en cours et à venir. Ce service devra aussi établir un processus de nature à scanner l’ensemble des risques et impliquer toutes les parties prenantes. Puis passer au plan d’action avec une logique de priorisation sur les changements à effectuer.

« Il faut procéder de la façon la plus optimale possible, conclut-il. Cela coûtera un peu plus d’argent au départ, mais c’est une responsabilité à prendre au niveau des municipalités pour espérer un futur viable. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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