La littératie en entreprise: l’affaire de tous

Laetitia Arnaud-Sicari
Collaboration spéciale
La responsabilité de développer les compétences en littératie ne revient pas seulement aux gestionnaires, c’est un rôle partagé, croient le Collectif Clé et R3USSIR.
Photo: Getty Images La responsabilité de développer les compétences en littératie ne revient pas seulement aux gestionnaires, c’est un rôle partagé, croient le Collectif Clé et R3USSIR.

Ce texte fait partie du cahier spécial Alphabétisation

Puisque l’âge normal de la retraite se situe à 65 ans dans la province, on peut dire qu’on consacre ainsi une grande partie de notre vie à notre travail. Qu’est-ce que les entreprises peuvent faire pour soutenir la littératie de leurs employés ? En mars dernier, deux organismes estriens, R3USSIR, qui a le mandat de mettre sur pied des projets liés à la réussite éducative, et le Collectif Clé, qui mobilise des chercheurs autour de la question de la continuité des apprentissages en lecture et en écriture, ont créé un nouvel outil destiné aux employeurs.

L’outil créé par R3USSIR et le Collectif Clé, qui se présente en format interactif et sous la forme d’un dépliant, vise à sensibiliser les employeurs à l’importance de soutenir les compétences en littératie de leur personnel en présentant des pistes d’action pour les inciter à agir. « Dans le cadre de notre chantier régional sur la littératie, nos partenaires souhaitaient développer des outils pour sensibiliser des acteurs dont le rôle premier n’est pas de développer des compétences en littératie. C’est comme ça que l’idée de développer un outil à l’intention des entreprises a été mise au centre de la discussion », explique Josiane Bergeron, directrice de R3USSIR.

Miser sur les compétences en lecture et en écriture de ses salariés est avantageux pour un milieu de travail. « On peut voir une augmentation de la qualité globale du travail puisque ça fait un personnel plus polyvalent et qui s’implique davantage. Ça amène aussi une réduction des pertes matérielles puisque le personnel comprend mieux les directives et les procédures. Ça aide également au recrutement et à la rétention, qui sont des atouts précieux dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre. Enfin, il y a aussi une diminution des accidents de travail », énumère Mme Bergeron.

La Fondation pour l’alphabétisation est d’ailleurs du même avis. « Dans un milieu de travail, les capacités de savoir lire, comprendre et traiter de l’information écrite sont essentielles pour assurer la sécurité des travailleurs, optimiser le bien-être au travail et bonifier les opérations quotidiennes », peut-on lire sur son site Web.

Pour une aide tangible

Mais parfois de bonnes intentions ne se traduisent pas par des résultats. D’après Olivier Dezutter, directeur du Collectif Clé et titulaire de la Chaire de recherche sur la littératie scolaire de l’Université de Sherbrooke, si on veut faire des actions concrètes au sein d’une entreprise comme employeur, il faut tout d’abord « faire un état des lieux » des besoins en lecture et en écriture de son personnel et par la suite « vérifier comment il se sent en réalisant ses tâches […] afin de voir comment on peut le soutenir ».

« Comme entreprise, ajoute Josiane Bergeron, on peut aussi multiplier les occasions de lire et d’écrire. Dans la salle d’employés, on peut installer une bibliothèque, par exemple. Plus on est en contact avec l’écrit et la lecture, plus on développe nos compétences en lecture et en écriture. »

Toutefois, la responsabilité de développer les compétences en littératie ne revient pas seulement aux gestionnaires : c’est un rôle partagé, soulignent Mme Bergeron et M. Dezutter. « Les personnes employées doivent aussi être conscientes [de leurs défis en littératie]. En tant qu’employé, je dois me demander quels sont mes besoins par rapport à la lecture et à l’écriture », explique Olivier Dezutter.

« Ce n’est pas facile de cibler les problèmes de littératie des employés, ajoute Mme Bergeron. Ce n’est pas quelque chose qu’ils vont révéler haut et fort. Comme société, il faut développer l’acceptabilité sociale autour de cette question pour susciter de la confiance. Il faut trouver des façons d’identifier ces personnes [qui ont des besoins] et leur faire une offre. »

Une norme ISO sur le langage clair et simple

Le 20 juin, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) a officiellement approuvé une norme internationale sur le langage clair et simple : la norme ISO 24495-1. Celle-ci établit des principes et des lignes directrices dans le but de réduire la complexité d’un document. Mots plus courts, phrases à la forme active et ordre de présentation des idées dans un texte sont quelques éléments qui permettent de simplifier un message. « Les études montrent que le langage clair et simple permet de mieux comprendre. Au travail, les gens vont plus sentir qu’ils font partie d’une communauté s’ils comprennent mieux les directives. […] Puis, pour les communications externes d’une entreprise, c’est aussi pratique, parce que cela va diminuer les demandes de renseignements venant du public », estime Gael Spivak, présidente du comité de localisation et de mise en oeuvre de la norme ISO de la Fédération internationale du langage clair.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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