La capitale veut repeupler son Vieux-Québec

Pour freiner l’appétit des propriétaires qui préfèrent héberger des touristes plutôt que leurs concitoyens, la Ville de Québec entend invoquer les pouvoirs conférés aux municipalités en vertu de la loi 100.
Photo: Francis Vachon Archives Le Devoir Pour freiner l’appétit des propriétaires qui préfèrent héberger des touristes plutôt que leurs concitoyens, la Ville de Québec entend invoquer les pouvoirs conférés aux municipalités en vertu de la loi 100.

Le Vieux-Québec et son décor de carte postale font rêver des millions de touristes chaque année, mais la beauté du quartier suffit de moins en moins à retenir ceux et celles qui y habitent. La Ville entend freiner l’exode des résidents en misant sur une meilleure qualité de vie – et sur un encadrement plus strict des logements de type Airbnb.

Le déclin démographique remonte à loin : des 10 600 habitants qui peuplaient le quartier en 1951, il n’en restait que 5770 en 2016. Dans ce quartier qui figure parmi les plus beaux d’Amérique, 28 % des logements appartiennent aujourd’hui à des gens qui n’y vivent pas en permanence.

L’administration Marchand veut arrêter la saignée en proposant une meilleure qualité de vie. Le quartier jouit d’une beauté indéniable, mais n’offre aucun magasin d’alimentation à sa population. Quelques dépanneurs et des épiceries fines offrent le nécessaire, mais ils tiennent sur les doigts de la main, isolés entre les théâtres, les restaurants et les boutiques de souvenirs qui s’offrent aux touristes.

La conseillère de l’arrondissement, Mélissa Coulombe-Leduc, veut que le Vieux-Québec attire des familles. Pour y parvenir, elle envisage de verdir les murs et les pavés du quartier historique, de ralentir l’allure des automobilistes et de donner droit de cité aux piétons et aux cyclistes en aménageant des rues qui leur sont plus conviviales.

« On fait le pari qu’en améliorant la qualité de vie des citoyens actuels, ça va donner envie à d’autres citoyens et citoyennes de revenir », a indiqué Mme Coulombe-Leduc au moment de présenter le plan de dynamisation du Vieux-Québec.

En concertation avec la population

 

L’hôtel de ville compte sonder la population du quartier pour identifier leurs besoins et pallier aux carences d’un secteur en manque de sang neuf. Le Vieux-Québec porte bien son nom : la moyenne d’âge atteignait près de 50 ans en 2016, soit 6 ans de plus que la moyenne dans la capitale, et seulement 12 % des résidents avaient moins de 25 ans. Ailleurs sur le territoire de Québec, les jeunes comptent pour le quart de la population.

Pour attirer les familles, il faudra non seulement augmenter l’offre de services de proximité, mais aussi mettre un harnais au développement débridé des logements locatifs destinés aux séjours de courte durée, selon la Ville. Lucratifs pour les propriétaires, ce négoce coûte cher à la vie de quartier : il met à mal la cohésion sociale, entraîne une hausse des loyers en réduisant le nombre de logements sur le marché et oriente le commerce vers la clientèle touristique au détriment de la résidentielle.

Pour freiner l’appétit des propriétaires qui préfèrent héberger des touristes plutôt que leurs concitoyens, la Ville de Québec entend invoquer les pouvoirs conférés aux municipalités en vertu de la loi 100. Cette dernière accorde notamment aux villes le droit de demander au ministère du Tourisme de retirer un permis d’exploitation.

« La pandémie a montré que le Vieux-Québec dépendait beaucoup du tourisme pour assurer sa vitalité », a indiqué la conseillère en point de presse, mercredi. « Il importe de favoriser un juste équilibre entre le tourisme et le milieu de vie. »

L’administration Marchand ne se fixe aucun échéancier pour parvenir à renverser la tendance, qui a vu 9 % de la population désertée le Vieux-Québec entre 1996 et 2016.

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