Huit courses municipales à surveiller hors de Montréal

Six candidats se présentent à la mairie de Gatineau, mais deux femmes se démarquent du lot, et la ville pourrait bien élire la première mairesse de son histoire, indiquent les sondages.
Photo: Jacob Boomsma iStock Six candidats se présentent à la mairie de Gatineau, mais deux femmes se démarquent du lot, et la ville pourrait bien élire la première mairesse de son histoire, indiquent les sondages.

Longueuil : une lutte à quatre

Longueuil a attiré des candidats connus et est le théâtre d’une lutte à quatre entre Jacques Létourneau (Action Longueuil), Catherine Fournier (Coalition Longueuil), Josée Latendresse (Longueuil Ensemble) et Jean-Marc Léveillé (Longueuil Citoyen). La mairesse sortante, Sylvie Parent, avait déclaré en février dernier qu’elle ne solliciterait pas un second mandat.

Quelques sondages ont placé en tête Catherine Fournier, 29 ans, qui veut faire de la ville la « capitale de l’innovation » au Québec. La députée souverainiste indépendante pourrait donc laisser orpheline la circonscription Marie-Victorin advenant son élection à la mairie de Longueuil, ce qui y entraînerait le déclenchement d’une élection partielle. La campagne a été marquée par les thèmes de l’environnement, du logement et du transport collectif. La personne qui accédera à la mairie devra notamment trancher dans le délicat dossier de la surpopulation des chevreuils dans le parc Michel-Chartrand, qui soulève les passions. La Ville avait renoncé à abattre 15 des 32 cerfs du parc. Une table de concertation composée de citoyens, d’experts et d’organismes doit formuler des recommandations dans ce dossier cet automne.

La rainette faux-grillon, une espèce menacée, a également fait son apparition vers la fin de la campagne. La Cour supérieure a suspendu récemment les travaux de prolongement du boulevard Béliveau jusqu’au 8 novembre, à la suite d’un tollé médiatique à la suite du dévoilement d’un avis scientifique rédigé par des experts du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qui révèle que ceux-ci détruiront des habitats de reproduction de la rainette. Les candidats se sont engagés à faire la lumière sur cette histoire.

Des candidats ont par ailleurs critiqué la plus grande attention médiatique accordée à Catherine Fournier. Jean-Marc Léveillé a été jusqu’à déposer une plainte auprès du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), en invoquant une infraction à la Loi électorale.

Laval : beaucoup d'indécis

 

Pas moins de huit candidats mènent une chaude lutte à Laval, où la campagne se déroule dans l’ombre de celle de Montréal et peine à faire les manchettes.

Un sondage CROP publié le 21 octobre pour le compte de Radio-Canada montrait qu’il y avait 56 % d’indécis chez les électeurs, alors que les candidats souffrent d’un certain déficit de notoriété et que l’électorat semble difficile à mobiliser. Seulement 36 % de la population avait exercé son droit de vote lors des dernières élections, en 2017, ce qui est en deçà de la moyenne provinciale de 44,8 %. Trois candidats sont en avance, selon le même sondage CROP. Le dauphin du maire sortant Marc Demers, Stéphane Boyer, à la tête du Mouvement lavallois, détient une légère avance dans les intentions de vote. L’homme de 33 ans avait attiré l’attention au début du mois d’octobre en proposant de réduire du quart le salaire de base qu’il toucherait s’il est élu le 7 novembre prochain, lequel s’élève à 220 000 $.

Il est suivi de Michel Trottier, conseiller municipal sortant de Marc-Aurèle-Fortin et chef du Parti Laval, et d’une nouvelle venue dans l’arène politique, Sophie Trottier, cheffe d’Action Laval. Les autres candidats dans la course sont Michel Poissant, de Laval Citoyens, Nicolas Lemire, indépendant, Pierre Anthian, de Ma ville maintenant, ainsi qu’Hélène Goupil et Redouane Yahmi, tous deux indépendants.

Dans un contexte où les promoteurs immobiliers continuent de construire et où des coupes d’arbres ont été critiquées, l’environnement est l’un des dossiers qui se démarquent dans cette campagne électorale. Les candidats ont plusieurs propositions dans leurs programmes pour préserver les espaces verts. Le candidat indépendant Nicolas Lemire, 25 ans, en a d’ailleurs fait son cheval de bataille et a publié en avril un « manifeste » avec 48 propositions en faveur d’un virage écologique pour Laval.

Gatineau : une première mairesse ?

 

Six candidats se présentent à la mairie de Gatineau, mais deux femmes se démarquent du lot, indiquent quelques sondages, et la ville pourrait bien élire la première mairesse de son histoire. Une course à deux s’est dessinée entre la cheffe d’Action Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, qui peut compter sur l’appui du maire sortant, Maxime Pedneaud-Jobin, et la candidate indépendante France Bélisle. Cette dernière a travaillé dans le milieu des médias pendant de nombreuses années, pour ensuite devenir présidente-directrice générale de Tourisme Outaouais.

Jean-François LeBlanc, conseiller indépendant sortant du district du Lac-Beauchamp, est de son côté bon dernier, selon quelques sondages parus lors de la campagne. Actif sur les réseaux sociaux, il a par ailleurs diffusé une vidéo au ton coloré fin octobre pour s’attaquer au parti Action Gatineau, qu’il accuse de manquer de transparence, et pour dénoncer une iniquité entre les partis politiques et les candidats indépendants.

Cette campagne est marquée par l’indécision. Le taux d’indécis s’élevait à 53 %, selon un sondage CROP réalisé pour le compte de Radio-Canada et publié le 20 octobre. Signe que rien n’est coulé dans le béton et que la course municipale semble avoir de la difficulté à susciter de l’intérêt. L’environnement est un thème qui se dégage de la campagne. Gatineau a connu d’importantes inondations, des pluies diluviennes et une tornade dans les dernières années. L’idée de construire un sixième pont vers Ottawa est un sujet délicat dans la région, et le projet de tramway dans l’ouest de la ville divise.

Cette campagne, comme c’est le cas ailleurs au Québec, se démarque finalement par un nombre plus élevé de candidats issus de la diversité. Ainsi, 6 des 52 candidats qui se présentent comme conseillers municipaux à Gatineau proviennent de communautés noires. En comparaison, en 2017, une seule personne noire s’était présentée. Abdelhak Lekbabi, d’origine maghrébine, se présente quant à lui à la mairie.

Sherbrooke : le maire en danger

 

La réélection du maire sortant de Sherbrooke, Steve Lussier, n’est pas acquise. L’ancien directeur du développement hypothécaire à la Banque Nationale, qui avait causé la surprise lors de son élection en 2017, fait face à une opposition qui le talonne. Un sondage mené par la firme Navigator au début du mois d’octobre plaçait même le politicien en troisième position dans les intentions de vote.

La conseillère municipale Évelyne Beaudin, cheffe du parti Sherbrooke Citoyen, travaille fort pour lui ravir le siège de maire et faire élire plus de conseillers. Plus associée à la gauche, elle a incarné l’opposition officielle au conseil municipal depuis 2017.

Un candidat surprise pourrait quant à lui brouiller les cartes. L’ex-député libéral de Sherbrooke et ministre de la Famille dans le gouvernement Couillard Luc Fortin, qui était jusqu’à récemment vice-président chez Tact Conseil, a sauté dans l’arène sur le tard. Il a officialisé sa candidature à la mi-septembre, après avoir affirmé qu’il ne souhaitait pas s’impliquer en politique municipale, et compte sur l’appui d’anciens élus municipaux.

Steve Lussier s’est activé à convaincre les électeurs de lui donner une seconde chance. Le maire sortant a eu un début de mandat difficile à cause de conflits et a parfois fait les frais d’Infoman et du Club des mal cités d’Olivier Niquet, à cause de sa façon de s’exprimer. Luc Fortin a par ailleurs enfoncé le clou de la division à plusieurs reprises lors de la campagne, se présentant comme le candidat « rassembleur ».

La cohabitation entre les résidents et la bruyante entreprise de cryptomonnaie Bitfarms, qui s’est installée à Sherbrooke en 2018 et qui rapporte d’importants revenus à la municipalité, est un sujet qui revient sur la place publique. L’accès à la propriété et aux logements abordables, le transport et l’environnement ont également fait partie des sujets de cette campagne.

Rimouski : face à face

Rimouski est le théâtre d’une lutte à deux entre Guy Caron, ancien député du Nouveau Parti démocratique (NPD), et Virginie Proulx, conseillère sortante du district du Bic qui, lors de son mandat, a lancé un mouvement pour une meilleure transparence dans les municipalités aux côtés de la conseillère Évelyne Beaudin, de Sherbrooke. Virginie Proulx avait été exclue des comités pléniers par un vote de la majorité des conseillers lors du règne du maire sortant, Marc Parent, avec qui elle a eu des conflits et qu’elle accuse de tentatives d’intimidation et d’attaques personnelles. Advenant sa victoire, la candidate, qui fait de l’environnement une partie intégrante de sa campagne, deviendrait la première femme élue à la mairie de l’histoire de Rimouski. Guy Caron, qui priorise la revitalisation du centre-ville de Rimouski et la pénurie de logement, se présente de son côté comme le candidat rassembleur. « Il y a un moment pour confronter des idées et un moment pour travailler ensemble », a-t-il déclaré au quotidien Le Soleil.

Saguenay : une course intrigante

 

Saguenay surprend cette élection-ci, avec un nombre de candidats beaucoup plus élevé qu’à l’habitude se présentant à la mairie : six personnes sont dans la course, dont quatre femmes. En plus de la mairesse sortante, Josée Néron, trois autres femmes sont candidates : la présidente de l’arrondissement de Jonquière, Julie Dufour, la mairesse de Saint-David-de-Falardeau, Catherine Morissette, et la femme d’affaires Jacinthe Vaillancourt. À elles s’ajoutent l’ancien ministre libéral Serge Simard et Claude Côté, du nouveau parti environnementaliste Unissons Saguenay et qui s’est impliqué dans la lutte contre le projet GNL. Un septième candidat, Dominic Gagnon, s’est retiré de la course, car il estimait que ses appuis étaient trop faibles. Un récent sondage Segma Recherche réalisé pour le compte de la station CKAJ place Josée Néron à égalité avec Julie Dufour, alors que les autres candidats sont loin derrière. Élections Saguenay espère que le taux de participation s’élèvera à 60 % le 7 novembre. Il était de 56 % en 2017, contre une moyenne provinciale de 44,8 %.

Trois-Rivières : un candidat hors norme

 

Le maire sortant de Trois-Rivières, Jean Lamarche, doit défendre son titre face à deux candidats, Valérie Renaud-Martin, conseillère sortante du district des Carrefours, et un candidat au profil particulier, Gilles Brodeur. Ce dernier a affirmé dans différents médias qu’il avait « infiltré » le Parti libre du Canada, considéré comme complotiste et antivaccin, en se présentant comme candidat lors des dernières élections fédérales. En commentant un sondage qui le plaçait très bas dans les intentions de vote dans le cadre des élections municipales, il a déclaré au quotidien Le Nouvelliste qu’il n’a « jamais pensé » gagner cette élection. « Je ne suis pas là pour gagner », a-t-il dit. Il s’agit donc d’une course à deux. Un sondage Le Nouvelliste-106,9 FM-Navigator datant du 12 octobre montrait que M. Lamarche était en avance avec 41 % des votes, contre 28 % pour Mme Renaud-Martin. L’environnement, le développement des infrastructures et l’accès à l’île Saint-Quentin font partie des dossiers qui ont marqué cette campagne. Les trois candidats se présentent seuls, sans parti politique.

Terrebonne : l'ombre de la corruption

 

Terrebonne a fait les manchettes en octobre lorsque son ancien maire, Jean-Marc Robitaille, qui avait été arrêté par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en mars 2018, a été libéré par une juge des accusations qui pesaient contre lui. Ce jugement a été reçu avec « déception et stupéfaction » par le maire élu en 2017, Marc-André Plante, qui n’exclut pas une poursuite au civil « pour récupérer les sommes volées aux citoyens de Terrebonne ». Le maire sortant fait toutefois face à Mathieu Traversy, bien connu dans la région. L’ex-député péquiste de la circonscription de Terrebonne entre 2008 et 2018 se présente sous la bannière du parti Mouvement Terrebonne, qui forme l’opposition officielle et pour lequel il a été consultant.



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