Hommage à Mahsa Amini

Nous célébrerons le 16 septembre le premier anniversaire du décès de Mahsa Amini, cette Iranienne d’origine kurde de 22 ans qui a été arrêtée puis violemment battue trois jours plus tôt à Téhéran par des officiers de la police de la moralité parce qu’elle portait son hidjab d’une manière jugée inappropriée. Cet événement tragique a été à l’origine de l’une des plus importantes vagues de manifestations, principalement portées par les femmes, contre le régime des ayatollahs depuis la Révolution islamique iranienne de 1979. Des rassemblements en soutien aux Iraniennes ont également eu lieu dans des dizaines de pays, dont ici, au Québec.

Henry Kissinger, spécialiste américain de la géopolitique, a souvent dit à propos de l’Iran qu’il lui faudrait décider entre être un pays ou être une cause. Cette remarque, fort juste, mérite des éclaircissements.

La doctrine qui a pris racine en Iran sous l’ayatollah Khomeini à l’occasion de la Révolution islamique est la suivante : l’État iranien, à la différence des autres États, n’est pas simplement une entité sociologique, administrative et juridique ; c’est avant tout le bras armé d’une idéologie religieuse. Aux yeux de Khomeini et de ses suivants, l’Iran, fourvoyé par des infidèles étrangers et des musulmans laïcisés, a souffert des conséquences de l’abandon des lois et des principes cohérents avec l’islam de même que de leur remplacement par des lois et des valeurs séculières. Faisant une lecture expansionniste du Coran, Khomeini a opéré la réislamisation intégrale de la société iranienne : tous les aspects de la société (les systèmes politique, économique et juridique, le culturel, le social, les valeurs, les moeurs) ont été forgés dans le creuset de l’islam.

Pour le dire autrement, le « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » du christianisme n’a pas d’équivalent dans l’islam fondamentaliste des ayatollahs. Pour eux, la seule autorité légitime vient de Dieu ; le gouvernement tient son pouvoir non pas du peuple, mais de la loi divine. Il ne faut donc pas se surprendre que le régime islamique iranien se montre aussi intransigeant par rapport au port du voile.

À l’occasion de ces commémorations en hommage à Mahsa Amini, j’appelle tous les féministes québécois — femmes et hommes — à exprimer haut et fort leur soutien aux Iraniennes dans leur combat contre un régime d’apartheid. Il n’y a rien d’islamophobe à contester vigoureusement le dogme de la suprématie de la charia. On peut tout à la fois avoir la plus grande sollicitude pour ceux et celles qui adhèrent à la foi musulmane et reconnaître que le voile islamique n’a rien d’anodin et qu’il sert de cheval de Troie à l’idéologie fondamentaliste des ayatollahs.

À voir en vidéo