La Fed garde ses taux stables, mais anticipe une nouvelle hausse

Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a cependant souligné que l’évolution des taux dépendrait de l’évolution de la situation économique. « Une activité économique plus forte signifie que nous devons agir plus fort sur les taux. »
Chip Somodevilla Getty Images via Agence France-Presse Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a cependant souligné que l’évolution des taux dépendrait de l’évolution de la situation économique. « Une activité économique plus forte signifie que nous devons agir plus fort sur les taux. »

La Réserve fédérale des États-Unis (Fed) a maintenu ses taux à leur niveau actuel, mercredi, mais prévoit une hausse supplémentaire d’ici la fin 2023 et un niveau plus haut que prévu en 2024, car la croissance économique du pays cette année devrait être deux fois plus forte que ce qu’elle anticipait en juin.

Le comité de politique monétaire de la banque centrale américaine a maintenu son principal taux directeur dans la fourchette de 5,25 à 5,50 %, dans laquelle il se trouvait après avoir été relevé fin juillet, lors de la dernière réunion. Il s’agit du plus haut niveau depuis 2001.

Cette décision a été prise à l’unanimité, mais il ne s’agit pas pour autant de la fin du cycle : les responsables de la Fed anticipent une hausse supplémentaire des taux d’ici la fin de l’année. Des taux qui devraient ensuite baisser moins vite que prévu, attendus désormais à 5,1 % en 2024, contre 4,6 % anticipés lors de leurs prévisions précédentes publiées en juin.

Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a cependant souligné que l’évolution des taux dépendrait de l’évolution de la situation économique : « Une activité économique plus forte signifie que nous devons agir plus fort sur les taux. »

La banque centrale américaine a en effet observé que l’économie se porte bien mieux que prévu, et a doublé sa prévision de croissance du produit intérieur brut des États-Unis pour 2023, tablant sur 2,1 % contre seulement 1,0 % en juin. Elle décrit le rythme de progression comme « solide », dans le communiqué publié à l’issue de sa réunion, quand elle le considérait comme seulement « modéré » lors de sa précédente réunion, fin juillet.

Pour 2024, la Fed anticipe 1,5 % de croissance, contre 1,1 % lors des précédentes prévisions.

« Du temps » encore nécessaire

Les prévisions d’inflation restent sensiblement identiques à celles de juin, à 3,3 % pour cette année (contre 3,2 % auparavant), puis 2,5 % en 2024 (identique à juin), et 2,2 % en 2025 (contre 2,1 %).

« Il faudra encore du temps pour ramener l’inflation durablement à 2,0 % », a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de la réunion.

Les taux ont connu 11 hausses depuis mars 2022 — un rythme très rapide destiné à juguler une inflation inédite depuis plus de 40 ans. Depuis son sommet de juin 2022, elle a fortement ralenti, et ce, malgré une nouvelle accélération cet été. Elle s’est établie en août à 3,7 % sur un an, selon l’indice CPI. La Fed privilégie l’indice PCE, qu’elle veut ramener autour de 2 %, et était en juillet de 3,3 % sur un an. Les données d’août seront publiées le 29 septembre.

La situation semble se rééquilibrer progressivement sur le marché de l’emploi, après deux années de pénurie de main-d’oeuvre, qui avait fait flamber les salaires. Le taux de chômage a grimpé à 3,8 % en août, en raison d’un afflux de nouveaux travailleurs, ce qui pourrait aider à calmer l’inflation.

Quant à la consommation, moteur de la croissance économique américaine, particulièrement vigoureuse depuis le début de la crise de la COVID-19, elle semble montrer de premiers signes de faiblesse. Mais les dépenses des consommateurs sont restées « robustes », a relevé Jerome Powell. Et dès octobre, des millions d’Américains verront leur pouvoir d’achat encore réduit, car ils devront recommencer à rembourser leur prêt étudiant, après deux ans et demi de pause liée à la pandémie.

Grèves, politique et prix de l’essence

L’économie américaine réussira-t-elle cet « atterrissage en douceur » souhaité par la Fed ? Plusieurs nuages la menacent.

À commencer par la grève inédite entamée vendredi par le puissant syndicat de l’automobile, l’UAW, chez les « trois grands » constructeurs américains, GM, Ford et Stellantis (fusion du français PSA et de l’américain Chrysler).

Autre menace, celle de la paralysie de l’appareil gouvernemental fédéral si républicains et démocrates au Congrès ne s’accordent pas d’ici la fin du mois sur le budget du gouvernement.

Jerome Powell a également souligné que la hausse des prix du pétrole depuis cet été risque, si elle se prolonge, d’affecter la confiance des consommateurs.

Le conseil des gouverneurs de la Fed était au complet pour la première fois depuis février, après le départ de l’ancienne vice-présidente Lael Brainard, partie diriger les conseillers économiques de la Maison-Blanche. Elle est remplacée par Philip Jefferson, et la Fed a accueilli sa première gouverneure d’origine hispanique, Adriana Kugler.

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