Deux féminicides d’Autochtones du Nord passés sous le radar ce printemps

Selon l’Observatoire canadien du féminicide, qui cite diverses études, les femmes autochtones sont 12 fois plus susceptibles d’être tuées par leur conjoint.
Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Selon l’Observatoire canadien du féminicide, qui cite diverses études, les femmes autochtones sont 12 fois plus susceptibles d’être tuées par leur conjoint.

Deux femmes autochtones du Nord-du-Québec auraient été assassinées par leur conjoint au printemps, et leur mort est complètement passée sous le radar, a déploré vendredi un regroupement de maisons pour victimes de violence conjugale.

« C’est vraiment inquiétant, qu’on n’en ait pas entendu parler », a souligné Annick Brazeau, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

D’autant plus qu’il s’agit de féminicides touchant des femmes autochtones, trop souvent invisibles, a-t-elle poursuivi.

Stephanie Kitchen habitait à Wemindji, une terre réservée crie, située en Eeyou Istchee, dans la région du Nord-du-Québec. La femme de 33 ans aurait été tuée le 24 mars dernier par son conjoint, qui a depuis été accusé de meurtre. La force policière Eeyou Eenou s’est présentée à sa résidence, où de l’aide avait été requise, et les agents ont trouvé Mme Kitchen grièvement blessée. Son décès a été constaté à la clinique locale. Alexander Weistche, 33 ans, a aussi été accusé d’avoir proféré des menaces et de voies de fait armées sur deux autres personnes.

Raingi Tukai, une femme de 38 ans habitant Inukjuak, au Nunavik, avait été portée disparue au début du mois de mai et retrouvée morte par la suite. La police du Nunavik a confirmé qu’un suspect de 34 ans avait été arrêté et qu’il était en relation conjugale avec la défunte. La police indique le 11 avril comme la date de sa mort.

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale n’avait pas entendu parler de ces deux cas avant tout récemment : ce sont leurs collègues de SOS violence conjugale qui ont alerté la population.

Selon l’Observatoire canadien du féminicide, qui cite diverses études, les femmes autochtones sont 12 fois plus susceptibles d’être tuées par leur conjoint, a rapporté Mme Brazeau. Sauf que ces cas passent souvent « sous le radar », a-t-elle déploré : « C’est important d’en parler, pour faire de la sensibilisation. »

Les procédures criminelles sont en cours contre les deux suspects.

Besoin d’aide ?

Si vous êtes victime de violence conjugale, vous pouvez appeler la ligne d’urgence de SOS violence conjugale au 1 800 363-9010.

Si vous êtes victime de violence sexuelle, vous pouvez contacter un Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel près de chez vous. Cliquez ici pour en voir la liste ou appelez la ligne Info-aide violence sexuelle au 1 888 933-9007.



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