Lire (et écrire) à l’ère de l’encre numérique

La liseuse Kobo permet la prise de notes.
Adil Boukind Le Devoir La liseuse Kobo permet la prise de notes.

Johannes Gutenberg n’a pas qu’inventé l’impression. Il a fait passer la société occidentale d’une tradition orale à une tradition écrite qui dure depuis presque 600 ans. Aujourd’hui, le numérique menace cette tradition, alors même qu’il est possible de tenir à peu près tous les livres de la planète dans le creux de sa main, grâce aux liseuses électroniques modernes.

Kobo Elipsa 2E

Le plus récent exemple est la liseuse Elipsa 2E de Kobo. La marque autrefois canadienne mais désormais affiliée au géant numérique japonais Rakuten propose ce printemps une nouvelle liseuse à écran monochrome E Ink de 10,3 pouces, qui est livrée avec un stylet. Il est donc possible de consulter des livres achetés, empruntés ou téléchargés au format EPUB puis stockés sur l’appareil par une connexion USB ou via le service de stockage Dropbox, notamment. On peut aussi gribouiller, annoter, surligner et partager des notes, des pensées ou des remarques qu’on fait directement dans le document et qui sont automatiquement sauvegardées par l’appareil.

L’Elipsa 2E est la deuxième génération de cette liseuse, et ça paraît. L’appareil répond vivement aux actions du doigt ou du stylet qu’on fait à la surface de son écran. Celui-là est un peu rugueux, à la manière d’un papier de bonne qualité, et rétroéclairé grâce à des DEL qui génèrent une lumière bleue ou jaune, moins nocive, semble-t-il, pour les yeux et le sommeil quand on lit dans le noir.

Outre la boutique de livres numériques Kobo, on peut charger les signets Web stockés dans l’application Pocket, qui offre une extension à installer dans le navigateur Web de son ordinateur personnel ou de son téléphone intelligent. On peut jumeler un casque d’écoute par une connexion Bluetooth pour écouter des livres audio, mais on se demande si c’est nécessaire sur une liseuse avant tout conçue pour le plaisir des yeux.

Surtout, cette Kobo permet d’emprunter tout à fait gratuitement des livres numériques offerts par les bibliothèques municipales de toutes les municipalités du Québec via le service en ligne OverDrive, embarqué sur la liseuse,ou via le site Pretnumerique.ca, en passant par un ordinateur personnel.

Cette possibilité d’emprunter pour trois semaines un exemplaire numérique des plus récents livres publiés chez nous est certainement l’application phare de toute ardoise électronique comme l’Elipsa. Ça, et une autonomie par charge bonne pour au moins deux semaines, sans souci.

En revanche, il faut y mettre le prix : la liseuse coûte 500 $ et l’étui qui en fait un élégant livre qu’on trimbale partout avec soi coûte en plus 90 $.

Amazon adopte le format EPUB

La nouvelle venue de Kobo se veut une réplique à la plus récente liseuse de son éternel rival, le géant américain Amazon. Sa Kindle Scribe coûte un peu moins cher que l’Elipsa 2E, et elle aussi est vendue avec un stylet qui permet d’annoter à peu près n’importe quoi. Détail intéressant : Amazon est en train d’abandonner son vieux format propriétaire de livres numériques MOBI et fait plus de place au format EPUB.

Les gens qui achètent leurs livres numériques sur des sites comme LesLibraires.ca seront heureux d’apprendre qu’ils pourront plus aisément transférer leur bibliothèque sur ce Kindle sans avoir à les convertir. C’est peut-être la seule bonne nouvelle à propos de la Kindle. Pour quiconque préfère faire affaire avec une bibliothèque municipale pour ses lectures, ce n’est toujours pas une option à privilégier.

C’est dommage, car l’application Kindle offre aux liseuses d’Amazon une très grande compatibilité avec à peu près tous les autres types d’appareils mobiles. Les tablettes Fire d’Amazon, l’iPad, l’iPhone et les appareils mobiles Android peuvent tous synchroniser non seulement les livres contenus dans leur bibliothèque Kindle avec les liseuses de la marque, mais l’application synchronise également là où vous en êtes rendus dans chacun des livres en question.

Une liseuse E Ink couleur !

Malheureusement pour Kobo et Amazon, leurs plus récentes liseuses ne suffisent pas à rendre désuète une liseuse chinoise qui a été lancée en 2021 par une marque peu connue chez nous qui s’appelle Onyx. La Boox Nova 3 est une liseuse compacte à écran E Ink en couleur qui a deux avantages majeurs : d’abord, son affichage rétroéclairé tout en couleur n’a pas l’éclat d’un iPad, mais permet de visualiser des images de façon plus naturelle. Pour les amateurs de bandes dessinées, ça vaut la peine.

Ensuite, la Nova 3 est animée par le système Android. Il suffit de cocher une ou deux boîtes dans ses réglages pour installer le Play Store de Google, et ensuite télécharger des applications tierces. Kindle d’Amazon permet par exemple de synchroniser une bibliothèque de livres numériques qu’on possède déjà. Et comme la plateforme Pretnumerique.ca vient de lancer son application pour Android, on peut emprunter des livres à la bibliothèque du coin directement à partir de l’appareil.

Répétons que la Nova 3 est une tablette Android. On peut donc en plus y installer les contenus de notre choix, jusqu’au service musical de son choix pour ajouter une trame sonore à sa lecture. Elle aussi est vendue avec un stylet qui permet de prendre des notes, puis de les synchroniser avec le service infonuagique de son choix.

Cette liseuse-là non plus n’est pas donnée : son prix de détail avec stylet et étui est de 400 $. Mais pour mettre la main sur un nombre quasi infini de livres (numériques), la plupart disponibles gratuitement en l’espace de quelques jours, c’est en réalité un bien petit prix…

C’est Gutenberg qui vous en passe un papier.

Apple Reality Pro : la pomme dans la réalité virtuelle

Les rumeurs commencent à se faire nombreuses à propos d’un casque de réalité virtuelle signé Apple. L’entreprise californienne prépare sa conférence annuelle destinée aux développeurs qui aura lieu tôt en juin, ce qui attise la curiosité. Et ce qui semble faire l’unanimité est la présentation en avant-première d’un casque de réalité virtuelle qui sera commercialisé plus tard cette année et qui devrait coûter une petite fortune : jusqu’à 3000 $US selon certaines sources.

Dès sa mise en marché, l’appareil — la rumeur parle d’un casque appelé Reality Pro — serait compatible avec des milliers d’applications déjà compatibles avec la tablette iPad. Apple insisterait toutefois sur des services de visionnement en direct et en réalité virtuelle d’événements sportifs, sur des jeux vidéo immersifs et sur des applications de mise en forme.



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