Comment vos vieilles photos seront éternelles

Réunir des photos de toutes les époques en un seul album numérique qui n'accumulera pas la poussière est tout à fait possible.
Photo: LATTICEWORK Réunir des photos de toutes les époques en un seul album numérique qui n'accumulera pas la poussière est tout à fait possible.

Les albums photo ne sont plus ce qu’ils étaient. Les téléphones modernes font eux-mêmes le tri des photos qu’on prend désormais par milliers. Ils identifient automatiquement les visages et les lieux. Ils en font une copie de sûreté dans le nuage. Et, grande nouveauté en 2023 : vous pouvez désormais appliquer le même traitement à vos plus vieilles photos.

Il est plus simple que jamais de faire le pont entre 2023 et l’époque où les photos se prenaient en lot de 12, 24 ou 36 poses puis étaient développées à prix fort dans des boutiques spécialisées. Cela vaut aussi pour la décennie au tournant du millénaire, où les caméras numériques ont régné sur la photographie grand public. C’était avant que les téléphones intelligents ne les renvoient dans le même tiroir que le Walkman…

Réunir des photos de toutes les époques en un seul album numérique qui n’accumulera pas la poussière est donc tout à fait possible, sans se casser la tête. Voici trois façons de le faire.

Numérisation express

Numériser ses vieilles photos n’est ni simple ni amusant. À moins d’avoir sous la main un gadget conçu exprès. La société Epson en propose un, appelé FastFoto FF-680W, qui est en liquidation ces jours-ci. L’appareil a toutes les apparences d’une imprimante pour ordinateur qui fonctionne à l’envers : insérez-y jusqu’à 36 photos au format maximal de 8 x 10 et elle les numérisera toutes, une à une. La résolution varie de 300 à 1200 pixels par pouce (ppp), ce qui permet ensuitede les partager rapidement, de les réimprimer ou de les agrandir.

Détail pas banal : ce numériseur récupère les mots doux notés au dos des vieux clichés. Et pour ces photos imprimées il y a 20 ans qui peuvent être défraîchies, Epson inclut un logiciel qui ravive les couleurs ternes, qui remet l’horizon au niveau, etc. Tout ça est stocké à l’endroit de votre choix, sur votre ordinateur personnel, sur un disque réseau ou auprès d’un service en nuage comme Dropbox.

Photo nette, nette

Les téléphones d’Apple, Google, Samsung et des autres proposent chaque année plus de pixels, plus de filtres et plus d’options de retouche photo. C’est parfait pour les clichés qu’on prend à partir de ces téléphones, mais que faire avec vos plus vieilles photos numériques ?

Google propose une solution qui n’est pas parfaite, mais qui pourrait convenir à certains : déposez dans son stockage en nuage Google Photos vos vieux clichés numériques, et ses algorithmes amélioreront l’image comme si vous veniez tout juste de la croquer. Ces vieilles photos peuvent avoir été prises à une autre époque avec une caméra numérique, ou plus récemment avec un vieux téléphone — peu importe le modèle, ça peut être un vieil iPhone.

Il y a cependant une attrape. Appelée Photo Unblur (« photo nette »), cette solution se trouve dans l’application Google Photos pour le système Android et est exclusive aux téléphones de la gamme Pixel 7.

Comme on le devine à son nom, la fonction photo nette améliore la mise au foyer d’une photo floue, un problème courant à une époque pas si lointaine où la mise au point n’était pas automatique ni très précise. Elle redonne aussi de la précision aux photos prises en mouvement. Cette fonction s’ajoute à un autre outil logiciel fort apprécié du Pixel (mais qui ne lui est pas exclusif) : l’effaceur magique. Celui-là permet la plupart du temps de faire disparaître assez efficacement des éléments indésirables de vos photos, récentes ou pas.

Qui est qui

Apple et Google font plus avec les photos que vous prenez avec leurs téléphones que les stocker sur un de leurs millions de serveurs. Ils utilisent l’information qu’elles contiennent pour créer de petits albums sur mesure. Les dates, les lieux et même les sujets qu’elles contiennent sont utilisés pour donner un titre à ces albums intelligents : votre voyage à Paris, photos de plein air, photos en famille, etc.

C’est pratique et amusant. C’est aussi coûteux : le stockage en nuage d’Apple et de Google n’est gratuit que pour les premiers gigaoctets. Or, pas besoin de payer une mensualité pour bénéficier d’un traitement équivalent de vos photos numériques. La société européenne LatticeWork a mis au point ces dernières années un gadget pour la maison qui fait tout ça, et plus encore.

L’appareil s’appelle Amber. Il s’agit d’un petit serveur connecté pour la maison. Il est livré en trois versions : la moins chère (300 $) a besoin d’un disque USB externe pour fonctionner. Les deux autres — qui peuvent aussi servir de routeur Wifi pour la maison, pas bête — ont soit 1 ou 2 téraoctets de stockage interne. En fait, ils en ont le double, mais le second espace de stockage sert de copie de sûreté du premier. Pas bête.

À l’origine, LatticeWork a développé Amber pour en faire le cerveau de la maison connectée, avec une insistance sur le respect de la vie privée de ses utilisateurs. Le projet est toujours en développement, et des mises à niveau du logiciel des serveurs Amber l’améliorent sans cesse.

Les algorithmes de tri intelligent des photos, eux, sont déjà présents sur l’appareil. Il suffit d’installer sur son téléphone l’application qui l’accompagne et tout est automatiquement sauvegardé sur le serveur, qui identifie les objets, les lieux, les moments et les visages. Des albums intelligents sont ainsi créés et peuvent être consultés ou partagés, à la maison ou de l’extérieur.

Les algorithmes d’Amber n’ont pas la précision de ceux d’Apple ou de Google, mais au moins, ils opèrent à partir de votre maison. Ceux qui craignent de voir leurs souvenirs gobés par les géants du numérique ont peut-être ici une solution de rechange intéressante.

Pour le reste d’entre nous, c’est un moyen de plus de prolonger la vie de souvenirs photographiques qui peuvent dater d’hier, de l’année passée ou du siècle dernier.

ChatGPT fait parler les morts

On ne sait pas trop quoi penser de cette innovation tout juste mise en ligne par la jeune pousse californienne YOV (pour « You, Only Virtual »). Appelé MyYOV, ce service permet à ses abonnés de recevoir une fois par jour un message vocal personnalisé qui provient d’un être cher qui est décédé. YOV nomme sa messagerie nouveau genre « plateforme de communication posthume ». Elle est aussi accessible par clavardage, des fois que.

L’intelligence artificielle de YOV est similaire à celle qui a donné vie ces derniers mois à ChatGPT, excepté qu’elle peut aussi s’exprimer vocalement.

Justin Harrison, fondateur de YOV, explique son intention d’aider les gens à mieux gérer le deuil d’une personne aimée partie trop rapidement. « Nous produisons un héritage numérique capable de reproduire l’essence même d’une personne de façon authentique et avec sensibilité », dit celui qui continue de parler quotidiennement avec sa mère Melodi, aujourd’hui « physiquement morte ».

« Le fait est que nous tentons tous de garder vivant le souvenir de nos proches disparus. La technologie renforce cette capacité, et en plus, sous forme numérique, vous n’avez plus à faire vos adieux. »



À voir en vidéo