La Coalition santé Laurentides défend les hôpitaux de sa région

Un corridor de l’hôpital de Saint-Jérôme en septembre 2022
Jacques Nadeau Archives Le Devoir Un corridor de l’hôpital de Saint-Jérôme en septembre 2022

L’annonce de l’agrandissement de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont fait bien des heureux. Mais elle en inquiète d’autres. La Coalition santé Laurentides craint qu’en raison de ce grand projet, le gouvernement québécois retarde encore la rénovation et la modernisation des hôpitaux de Saint-Jérôme et de Saint-Eustache.

Lors de la conférence de presse concernant l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, lundi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a souligné que la population d’autres régions — notamment des Laurentides — pourrait bénéficier du centre hospitalier de l’est de Montréal lorsqu’il sera nouvellement rénové.

La Coalition santé Laurentides se dit « très préoccupée » par les propos du ministre. « Quand on voit cette annonce, qu’on dit que ça va servir pour les Laurentides, est-ce que ce n’est pas une porte de sortie pour éloigner encore dans le temps les investissements nécessaires ? » demande Marc L’Heureux, président du regroupement d’élus, de médecins et d’usagers.

« Est-ce qu’ils veulent changer la façon de faire, diminuer les investissements éventuellement dans les Laurentides ? C’est un peu inquiétant », poursuit-il.

Médecine de corridor

 

La Coalition santé Laurentides réclame depuis trois ans « un financement équitable » pour sa région en matière de soins de santé. Elle répète que la population laurentienne a doublé en 30 ans et que les centres hospitaliers n’ont pas été adaptés en conséquence. Des soignants dénoncent la médecine de corridor qui s’y pratique. Les urgences de Saint-Jérôme et de Saint-Eustache débordent régulièrement.

« On sait que Maisonneuve-Rosemont a des besoins, mais je pense que les Laurentides ont été un peu l’enfant pauvre dans les dernières années, malgré des besoins très criants de la population », dit Karine Plouffe, urgentologue et cocheffe de l’urgence de Saint-Eustache.

L’urgence de son hôpital accueille davantage de patients qu’avant la pandémie de COVID-19. « Notre permis du ministère est de 32 civières, indique-t-elle. Dans les dernières semaines, on est quotidiennement autour de 60 patients sur civière. »

Québec a accepté en juillet dernier le « dossier d’opportunité » lié au projet de modernisation de l’hôpital de Saint-Eustache. Une nouvelle urgence sera aménagée lors de la première phase. « On dit que ça va peut-être se réaliser en 2029. Ça m’apparaît vraiment très loin, malheureusement », déplore la Dre Plouffe.

La Coalition santé Laurentides dénonce le fait que, « contrairement à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, les phases 1 des projets de Saint-Jérôme et de Saint-Eustache ont dû être amputées de façon significative en raison de la hausse des coûts de réalisation des projets et de leur report de deux ans ».

« On nous a demandé de diminuer la portée des travaux pour rester dans l’enveloppe budgétaire prévue en 2018-2019, précise Marc L’Heureux, préfet de la MRC des Laurentides. Et on n’a pas d’indication, en ce moment, que des fonds seront alloués à la phase 2. »

Interpellé à ce sujet, le cabinet du ministre de la Santé soutient que Christian Dubé est « très sensible à la situation particulière de la région des Laurentides ». « Il a régulièrement des discussions avec ses collègues députés de la région, en plus d’avoir rencontré à quelques reprises la Coalition santé Laurentides, indique-t-on. Nous savons que ça prendra une deuxième phase dans le cadre de deux projets hospitaliers de la région. Il s’agit de dossiers prioritaires, et nous poursuivons les discussions afin de les faire avancer. »

Quant aux patients des Laurentides qui pourraient fréquenter les nouvelles installations de Maisonneuve-Rosemont, le cabinet rappelle que l’hôpital montréalais offre « un grand nombre de spécialités » qui ne se trouvent « pas ailleurs ». « Plus de 25 % de la clientèle de [l’hôpital Maisonneuve-Rosemont] provient de l’extérieur de Montréal, tandis que ce taux augmente à 40 % en ophtalmologie, par exemple », ajoute-t-on.

À voir en vidéo