L’agresseur du policier montréalais Sanjay Vig avait tout planifié, dit la Couronne

Le devant du palais de Justice de Montréal.
Marie-France Coallier Le Devoir Le devant du palais de Justice de Montréal.

Ali Ngarukiye, accusé d’avoir frappé à coups de barre de métal, désarmé, et tiré sur un policier montréalais en 2021, avait planifié son attaque au moins trois jours à l’avance, a soutenu la Couronne vendredi matin.

Dans sa déclaration d’ouverture, la procureure de la Couronne, Me Jasmine Guillaume, a détaillé au jury ce qu’elle entend prouver lors du procès criminel de l’homme de 23 ans.

Celui-ci est accusé de tentative de meurtre, de voies de fait graves, de vol de véhicules ainsi que d’avoir désarmé un policier.

Elle leur a dit qu’elle allait faire venir des témoins et présenter divers éléments de preuve au cours des prochaines semaines, qui vont démontrer que l’accusé avait volé deux voitures trois jours avant son attaque « pour mettre en oeuvre son plan. » Ces véhicules ont été disposés « stratégiquement » près du lieu de l’agression par l’accusé, afin de lui permettre de quitter rapidement la scène du crime et d’ensuite se sauver en Ontario, fait-elle valoir.

« Il n’a pas agi par impulsivité. »

Selon la procureure, le 28 janvier 2021, l’accusé a surgi derrière le patrouilleur en fonction Sanjay Vig, qui venait d’intercepter un automobiliste parce qu’il utilisait son téléphone cellulaire au volant. Il l’a brutalement frappé à la tête à plus d’une reprise avec une barre de métal. Alors qu’il se trouvait par terre, sonné, il lui a enlevé son arme de service et lui a tiré dessus. Le policier a réussi à se sauver et a trouvé refuge dans une résidence à proximité.

Rien de tout cela n’est encore prouvé, pas plus que la culpabilité d’Ali Ngarukiye, mais Me Guillaume entend le faire d’ici la fin du procès.

« Dans ma plaidoirie, je vais mettre toutes les pièces du casse-tête ensemble. »

Elle a averti les membres du jury d’un fait important : « Il n’y a aucun témoin visuel qui va identifier Ali Ngarukiye. La preuve est circonstancielle. »

Cette preuve sera faite au moyen de détails fournis par des témoins, par des images de caméras de surveillance, des objets saisis, une preuve balistique et aussi par des traces de sang.

 

Celui du policier a été retrouvé dans un véhicule conduit par l’accusé, et aussi sur des pantalons lui appartenant. Des lunettes au sol près du lieu de l’attaque portent à la fois l’ADN de l’accusé et du sang du policier, a exposé Me Guillaume.

L’automobiliste intercepté par le policier Sanjay Vig ce jour-là dans le quartier Parc-Extension de Montréal est Mamadi III Fara Camara.

Il a initialement été identifié par le patrouilleur comme son agresseur puisqu’il était la dernière personne qu’il a vue avant de se faire assener un coup de barre de métal sur la tête.

Une erreur de bonne foi, a assuré la procureure de la Couronne. Une analyse minutieuse des images de caméras à proximité a éventuellement permis de repérer un autre homme sur les lieux, a-t-elle ajouté en indiquant que les deux hommes se ressemblent.

Mais avant d’être innocenté, M. Camara a été arrêté, interrogé et détenu pendant plusieurs jours. Son histoire a défrayé les manchettes, mais la procureure a rappelé aux jurés qu’ils ne peuvent tenir compte des informations rapportées dans les médias : la seule preuve qu’ils peuvent considérer est celle qui sera présentée lors du procès.

Ali Ngarukiye a finalement été arrêté le 26 mars 2021 en Ontario.

Une fois cet exposé aux jurés fait, la procureure de la Couronne a commencé la présentation de sa preuve en appelant son premier témoin à la barre. Ils seront nombreux à défiler dans cette salle de cour du palais de justice de Montréal alors qu’il est prévu que le procès dure trois mois.



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