Début de l’enquête préliminaire d’un ex-entraîneur de basket pour exploitation sexuelle

L’entraîneur Daniel Lacasse était présent mardi pour le début de son enquête préliminaire, qui doit durer quatre jours, au palais de justice de Montréal.
Stéphanie Marin Le Devoir L’entraîneur Daniel Lacasse était présent mardi pour le début de son enquête préliminaire, qui doit durer quatre jours, au palais de justice de Montréal.

Plusieurs enseignants et entraîneurs d’écoles secondaires du Québec se sont fait accuser de divers crimes sexuels perpétrés sur des élèves mineurs dans les dernières années, ce qui a semé la consternation chez ceux qui voyaient les établissements d’enseignement comme un lieu « sûr » pour leurs enfants. Cette semaine, l’un d’eux subit son enquête préliminaire pour exploitation sexuelle, le premier de cette récente vague d’accusations médiatisées qui a choqué au Québec.

Daniel Lacasse est l’un des trois entraîneurs de l’école secondaire Saint-Laurent de Montréal qui ont été mis en état d’arrestation le même jour de février 2022.

L’arrestation du trio a inquiété celui qui était à ce moment le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, qui a alors demandé à son ministère d’enquêter pour savoir ce qui avait bien pu s’y passer. Le processus de traitement des plaintes et la gestion des comportements problématiques dans cet établissement scolaire devaient être scrutés à la loupe. Les cas continuant de s’accumuler et de faire les manchettes, son successeur à l’Éducation, Bernard Drainville, a déclenché en mars 2023 une « enquête générale » sur la situation.

Des conclusions globales ont été tirées, mais le détail de la manière dont ces crimes précis ont pu être commis dans une école, hors du radar du personnel et des autres élèves, reste souvent inexpliqué.

Sauf que cette semaine, la juge Suzanne Costom, de la Cour du Québec, va se pencher sur le cas de Daniel Lacasse, 44 ans, qui était au moment des faits reprochés entraîneur et responsable du programme de basketball à l’école secondaire Saint-Laurent.

Il fait face à un chef accusation d’exploitation sexuelle. Plus précisément, on l’accuse d’avoir touché, « à des fins d’ordre sexuel », une partie du corps d’une adolescente vis-à-vis de laquelle il était en situation d’autorité ou de confiance, entre 2010 et 2012.

Il était présent mardi pour le début de son enquête préliminaire, qui doit durer quatre jours, au palais de justice de Montréal. 

Lors de cette étape des procédures criminelles, la Couronne sera appelée à dévoiler devant la juge toute la preuve qu’elle détient contre l’accusé. Il s’agit en quelque sorte d’un « test » de la solidité des témoignages et des autres éléments de preuve. La plaignante a d’ailleurs commencé son récit des événements mardi matin. La tête haute, le ton posé, la jeune femme a été interrogée, puis contre-interrogée, pour la majeure partie de la journée alors que l’accusé se trouvait quelques mètres derrière elle.

Il n’est pas possible de dévoiler ce qui a été — et sera — révélé lors de l’enquête préliminaire — une ordonnance de non-publication ayant été prononcée par la juge Costom —, mais tout sera dévoilé publiquement plus tard, lors du procès.

Trois arrestations en même temps

 

Daniel Lacasse avait été arrêté en même temps que deux autres entraîneurs de l’école, soit Charles-Xavier Boislard et Robert Luu, pour lesquels la liste des accusations est plus longue. Robert Luu fait face à trois chefs, soit agression sexuelle, contacts sexuels sur une mineure et incitation d’une adolescente de moins de 16 ans à poser des gestes sexuels. Les mêmes chefs sont reprochés à Charles-Xavier Boislard, qui a aussi écopé d’une accusation d’exploitation sexuelle d’une mineure. Boislard et Luu subiront leur procès à une date ultérieure. Les actes reprochés aux trois hommes ont été commis sur une longue période, entre 2008 et 2017.

Détenus dès leur arrestation, les trois ont été remis en liberté par la suite, moyennant le respect de nombreuses conditions. Ils ont été suspendus sans solde de leur emploi au sein de l’école.

Aucune des allégations de la Couronne n’a encore été prouvée devant un juge, et les trois hommes sont présumés innocents jusqu’à preuve du contraire.

Un rapport sur la situation à l’école Saint-Laurent

Le rapport commandé par le ministère de l’Éducation sur la situation particulière de l’école secondaire Saint-Laurent est revenu en juillet 2022 avec ce constat : « la dignité de plusieurs élèves athlètes a été compromise ». Le public a été informé de certaines des conclusions du rapport, par un communiqué qui parle d’« importantes lacunes sur le plan de la supervision et des contrôles liés au programme de basketball de l’école Saint-Laurent », mais qui était avare de détails.

Celui demandé par le ministre Drainville, le Rapport d’enquête de portée générale sur la gestion administrative des inconduites sexuelles et des comportements inadéquats, a été rendu public le 1er septembre. Il souligne à grands traits que les écoles du Québec sont mal équipées pour faire face aux cas d’inconduite sexuelle. Certaines n’ont pas de personnel de surveillance des élèves ou possèdent encore trop de locaux fermés. Il est aussi recommandé aux écoles de mettre en place des mesures pour corriger ou sanctionner les comportements répréhensibles rapportés.

Les procès des trois hommes pourraient éclairer les autorités et leur indiquer comment les mécanismes de protection ont failli.

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