50 groupes communautaires veulent imposer les surprofits des géants de l'alimentation

La Table de concertation sur la faim et le développement social du Montréal métropolitain souhaite que les surprofits des grandes entreprises d’alimentation soient imposés à la hauteur de 35 %.
Getty Images iStockphoto La Table de concertation sur la faim et le développement social du Montréal métropolitain souhaite que les surprofits des grandes entreprises d’alimentation soient imposés à la hauteur de 35 %.

La Table de concertation sur la faim et le développement social du Montréal métropolitain lance une pétition pour demander au gouvernement provincial de s’engager dans la lutte contre l’inflation alimentaire, a annoncé l’organisation dans une conférence de presse, vendredi matin.

L’organisme demande au gouvernement qu’une législation soit adoptée et qu’un débat soit tenu à l’Assemblée nationale « pour mettre en lumière le scandale de la hausse des denrées alimentaires et des profits excessifs ainsi (engendrés) », peut-on lire dans un communiqué.

La Table, qui représente 50 groupes communautaires qui s’attardent à l’insécurité alimentaire, souhaite que les surprofits réalisés par les grandes entreprises d’alimentation soient imposés à la hauteur de 35 %, et que le montant ainsi récolté soit redistribué à la population selon le revenu des citoyens.

L’organisme définit les « surprofits » comme « tous les profits de l’année en cours accumulés sur notre territoire dépassant la moyenne de ces cinq dernières années ».

« On ne peut plus attendre que ça se détériore encore plus », a affirmé Jean-Paul Faniel, directeur général de la Table, qui a aussi qualifié la situation actuelle de « dramatique ».

« Pendant qu’il y en a qui s’en mettent plein les poches, il y en a d’autres qui vident les leurs pour tout simplement se nourrir », a-t-il ajouté, soulignant qu’il perçoit actuellement la plus forte hausse des prix en 41 ans.

La pandémie a profité aux grandes entreprises alimentaires, qui continuent de présenter de bons résultats financiers.

 

Au printemps dernier, l’épicier Metro a gagné des parts de marché dans un contexte de forte inflation alimentaire. Au cours du trimestre, l’inflation alimentaire chez Metro avait d’ailleurs avoisiné les 8 %.

En ce qui concerne Loblaw, l’entreprise a affiché, à la fin du mois de juillet, un profit de 508 millions $ pour le trimestre clos le 17 juin, ce qui représentait une augmentation de 31,3 % par rapport à celui de la même période l’an dernier.

Outre l’imposition supplémentaire d’une part des profits de ces entreprises par le gouvernement, la pétition, parrainée par le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, souhaite « sensibiliser la population au scandale de ces profits excessifs » et freiner l’inflation alimentaire. Le document se trouve actuellement sur le site web de l’Assemblée nationale.

Plus de demandes, moins de moyens

 

Les organismes communautaires peinent à répondre à la demande grandissante d’aide alimentaire, alors que la hausse du prix des aliments limite leur pouvoir d’achat.

« Le téléphone sonne toujours pour l’aide alimentaire, a déclaré Fléchelle Pelletier, codirectrice de la Maison d’entraide Saint-Paul et Émard. À cause des prix, on a de la misère à fournir la base. »

L’organisme estime que la demande pour ce service a doublé depuis deux ans. La Maison d’entraide offre aussi des ateliers culinaires, mais a dû réduire leur nombre en raison de l’inflation.

Puisque l’offre de services est limitée, des personnes dans le besoin doivent avoir recours à plusieurs organismes différents.

« Ce que je vois aussi, ce sont des usagers qui courent toutes les banques alimentaires, comme les banques alimentaires mettent maintenant des délais. Elles disent : on ne peut plus vous donner un panier tous les mois, parce qu’on a une liste d’attente qui est trop longue, donc ça va être tous les trois mois », a expliqué Flora Baldit, agente de développement en sécurité alimentaire à la table de concertation de Ville-Émard et Côte-Saint-Paul.

Isabelle Sauvageau, intervenante sociale à La Maisonnée, un organisme soutenant les personnes issues de l’immigration, souhaite pour sa part ne refuser aucune famille qui demande de l’aide alimentaire, qui est distribuée à l’organisme chaque mercredi. Toutes les semaines, en moyenne, 20 à 25 nouvelles familles demandent à La Maisonnée de s’inscrire à ce service.

« Depuis la dernière année, on a eu une augmentation de 40 % à 45 % de plus que l’an passé », a déclaré Mme Sauvageau.

Avec la demande grandissante, elle songe à une nouvelle façon de faire pour éviter d’avoir à refuser des personnes, par exemple en offrant de l’aide à un certain nombre de familles une semaine, et à un autre groupe de familles la suivante.

« Si on a plus de personnes, ça va réduire le nombre de nourritures qu’on va offrir aux familles », a expliqué Mme Sauvageau, soulignant que La Maisonnée est dépendante des dons de Moisson Montréal.

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