En réponse au mépris

Je félicite l’initiative qu’a prise la Biennale Momenta 2023 d’intégrer une lecture simplifiée pour accompagner les personnes qui visitent l’exposition. Bravo ! Dire que c’est une attitude « méprisante envers le public » est à la limite de la condescendance, puisque cet énoncé laisse entendre que l’art se laisse lire facilement et par tout le monde. Or, on sait bien que ce n’est pas le cas.

Je suis familière avec le monde des arts visuels et je me considère comme privilégiée d’avoir des clés de lecture que m’ont données ma formation, mon enseignement, mes recherches, ma passion pour les arts — et mon souci d’inclusivité à l’égard d’un monde diversifié, mais non moins intéressé par l’art et la littérature —, et qui me permettent de décoder certaines oeuvres qui ne se donnent pas « cash » à la personne qui n’a pas fait de la visite d’expositions une priorité.

« Dans l’après-guerre, la prolifération des panneaux explicatifs dans les musées n’avait-elle pas justement déjà été pensée afin de rendre l’art accessible à tous ? » dit la critique. Il faudrait lire, ou relire, le collectif Décolonisons les arts, sous la direction de Leïla Cukierman, Gerty Dambury et Françoise Vergès. On y constatera que même les « panneaux explicatifs » ont cette fâcheuse tendance à diffuser un savoir historique de l’art — soi-disant neutre et plus souvent qu’autrement dominant — façonné par l’« académie » et, par le fait même, très souvent hermétique. Il nous revient de corriger cet état de fait.

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