L’âme de Québec solidaire va très bien, merci

« Québec solidaire annonce sur Meta pour la même raison qu’eux, soit rejoindre les millions de lecteurs et d’électeurs », écrit l’auteur.
Olivier Zuida Le Devoir « Québec solidaire annonce sur Meta pour la même raison qu’eux, soit rejoindre les millions de lecteurs et d’électeurs », écrit l’auteur.

La réputation de Michel David, observateur aguerri de notre vie politique, n’est plus à faire. J’ai donc été surpris de constater les omissions de sa chronique « Perdre son âme solidaire », publiée dans Le Devoir du 19 septembre dernier.

Michel David emprunte une parabole biblique : que sert à l’homme de gagner l’univers s’il en vient à perdre son âme ? Je n’ai pas fait ma catéchèse, mais j’ai retenu celle-ci : que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre. Vos lecteurs seront intéressés d’apprendre qu’au moment où ces lignes sont écrites, plusieurs médias québécois, dont Le Devoir, affichent des publicités sur Meta.

Par souci de transparence, il aurait été pertinent de mentionner que nous sommes tous dans le même bateau : Québec solidaire annonce sur Meta pour la même raison qu’eux, soit rejoindre les millions de lecteurs et d’électeurs, en particulier des jeunes, qui sont présents sur Facebook et Instagram, qu’on le veuille ou non.

Notre décision ne nous empêche pas d’investir des sommes considérables en placement publicitaire dans la presse québécoise ni, à l’instar du Devoir, d’être critiques de Meta et de revendiquer une solution durable à la crise des médias.

Sur cette question, Michel David souligne avec justesse que notre dernière plateforme électorale revendique les pleins pouvoirs en culture et en communications « afin d’imposer les multinationales du numérique et de financer la culture et les médias d’ici ». Je me permets d’ajouter, puisque son texte ne le fait pas, que Québec solidaire n’a pas attendu la campagne électorale pour faire des propositions.

Fonds des médias

 

Dès 2020, Catherine Dorion proposait de créer un Fonds des médias financé à même une taxe GAFAM. Cette proposition, actualisée dans les dernières semaines, permettrait de dégager 150 millions de dollars annuellement. Investie dans un Fonds des médias, la moitié de la somme viendrait tripler le soutien de Québec et libérer le travail essentiel des journalistes de la pression des clics et des revenus publicitaires.

Faute d’avoir posé un geste structurant depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Legault a mis tous ses oeufs dans le panier du gouvernement fédéral, soit compter sur la bonne volonté de Meta. Aujourd’hui, la question de fond demeure. D’un côté, des partis politiques proposent de priver les GAFAM de quelques milliers de dollars en deniers publicitaires. De l’autre, Québec solidaire propose d’assurer un financement pérenne de plusieurs dizaines de millions de dollars aux médias d’information. Quelle solution est la plus solidaire ? Je ne suis pas gêné de dire que c’est la nôtre, et de loin.

Michel David s’inquiète pour l’âme de Québec solidaire. Moi qui étais fièrement aux côtés des débardeurs en lockout du Port de Québec il y a quelques jours, je le rassure : s’il y a des scabs au Québec, il ne les trouvera pas chez nous.

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