La facture des besoins de base domine la rentrée parlementaire à Ottawa

Le premier ministre Justin Trudeau à son arrivée sur la colline du Parlement, à Ottawa, lundi
Sean Kilpatrick La Presse canadienne Le premier ministre Justin Trudeau à son arrivée sur la colline du Parlement, à Ottawa, lundi

La joute politique de l’automne a été lancée sur le thème du pouvoir d’achat à Ottawa, lundi, alors que les libéraux répliquent aux oppositions avec des promesses de toit au-dessus des têtes et de nourriture dans les assiettes pour moins cher.

« Les Canadiens ont besoin de pouvoir acheter leur épicerie sans s’endetter », a brièvement déclaré le premier ministre Justin Trudeau avant de s’engouffrer dans la Chambre des communes.

Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, venait tout juste de sortir d’une rencontre avec des représentants de cinq grandes bannières de l’alimentation. Ils avaient été publiquement conviés à Ottawa par le premier ministre lui-même quatre jours plus tôt.

Il s’est présenté devant les médias ragaillardi d’avoir pu leur tirer, d’un « ton constructif », la promesse de « formellement appuyer » le projet du fédéral de stabiliser les prix de la nourriture. Il n’a voulu révéler aucune cible précise de réduction des prix, se limitant à dire qu’un plan est prévu pour bientôt.

Presque toute la période de questions de la journée de rentrée parlementaire a été consacrée au problème de la hausse du coût de la vie, décliné sous les thèmes du prix du logement et des aliments. Parmi les premiers projets de loi déposés durant cette nouvelle session, ceux des chefs conservateur et néodémocrate ne semblent pas avoir l’aval du gouvernement.

Le prix des oignons

 

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, et plusieurs de ses députés se sont relayés pour critiquer le prix des maisons, mais aussi le prix de la laitue, des oignons et des pommes de terre. L’opposition officielle a répété son désaccord avec la tarification fédérale du carbone ainsi qu’avec un règlement sur les combustibles propres, objet de critiques envers le Bloc québécois.

M. Poilievre avait déjà annoncé les grandes lignes d’un projet de loi qu’il entend déposer cette semaine. La proposition, intitulée « Loi pour bâtir des logements, pas de la bureaucratie », risque justement d’alourdir le fardeau bureaucratique et ne contient « que des demi-mesures », selon le nouveau ministre du Logement, Sean Fraser.

Le texte conservateur à paraître propose de forcer les municipalités à construire 15 % plus de logements chaque année, imposerait des pénalités et comprendrait des primes pour celles qui dépassent les objectifs. Il offrirait une ligne de dénonciation des cas de « pas dans ma cour » qui bloquent les projets.

Pour sa part, le gouvernement Trudeau prévoit ponctuer cette session « historique » d’un projet de loi contenant toutes les mesures annoncées pour faire face au coût de la vie. Le document promet d’être « plus complet » que la proposition conservatrice, assure la nouvelle leader du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould.

Plus de concurrence

 

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a lui aussi annoncé qu’il déposerait un projet de loi, pour faciliter le travail du Bureau de la concurrence du Canada et ainsi lutter contre la fixation des prix par les grandes bannières et limiter d’éventuelles fusions entre elles.

Le ministre responsable du dossier, François-Philippe Champagne, n’avait toujours pas pris connaissance de la proposition néodémocrate lundi après-midi. Son gouvernement propose lui aussi une réforme du chien de garde canadien de la concurrence, avec des objectifs similaires.

Le NPD critique depuis de nombreux mois les profits records des grandes chaînes de supermarchés. Le parti a conclu une entente avec le Parti libéral du Canada pour maintenir Justin Trudeau au pouvoir jusqu’en 2025. En échange, le gouvernement Trudeau a promis d’honorer l’accord en déposant cet automne un projet de loi sur une assurance médicaments fédérale.

La rentrée d’automne de l’an dernier avait été marquée par le même diagnostic d’inflation, mais la proposition d’un remède différent : il était alors question d’envoyer des chèques en masse, un pour doubler le crédit de TPS et un autre pour les soins dentaires des enfants.

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