L’entente chez Ford comprend probablement des hausses salariales «significatives»

La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, lors d’une annonce concernant les négociations collectives avec l’entreprise Ford, à Toronto, le 29 août dernier.
Tijana Marti La Presse canadienne La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, lors d’une annonce concernant les négociations collectives avec l’entreprise Ford, à Toronto, le 29 août dernier.

Le syndicat représentant les travailleurs des usines de Ford Motor au Canada a affirmé que son accord de principe avec l’entreprise comprenait des gains « transformateurs », et un observateur a estimé qu’il prévoyait probablement des augmentations de salaire significatives.

Unifor et Ford ont conclu une entente contractuelle préliminaire mardi soir, après avoir prolongé de 24 heures un délai de grève précédent.

« Nous croyons que cette entente de principe, approuvée par l’ensemble du comité principal de négociation, aborde tous les points soulevés par les membres en préparation pour cette ronde de négociations collectives », a affirmé la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, dans un communiqué de presse.

L’accord de principe de trois ans couvre plus de 5600 travailleurs des usines canadiennes de Ford. Il comprend des membres de l’usine d’assemblage Ford d’Oakville, des usines de moteurs Annex et Essex à Windsor, en Ontario, ainsi que de ses centres de distribution de pièces à Brampton, Paris et Casselman en Ontario et à Leduc, en Alberta.

Des dirigeants syndicaux clés, dont Mme Payne, ont envoyé un message aux membres du syndicat vantant l’accord de principe. « Ce travail minutieux a abouti à des gains transformateurs fondamentaux qui répondent à nos principales priorités en matière de retraites, de salaires et de transition vers les véhicules électriques », peut-on y lire.

Steven Tufts, professeur agrégé à l’Université York, a dit croire que Mme Payne ne prendrait pas le risque de recommander un accord à moins que Ford n’ait fait une offre substantielle.

« Je pense que les augmentations de salaire seront significatives dans le cadre de cet accord, a-t-il affirmé. Mme Payne a probablement fait quelques progrès en matière d’investissements dans la transition vers les véhicules électriques […] et serait en mesure d’annoncer des investissements garantis pour la transition vers les véhicules électriques. »

Il faudra voir, a ajouté M. Tufts, si la base syndicale ratifiera l’accord, à un moment où les travailleurs syndiqués ont de grandes attentes en ce qui a trait aux gains de négociation – et si Mme Payne saura répéter les succès de cette entente de principe chez GM et Stellantis.

Outre l’augmentation des salaires, Unifor avait indiqué que ses priorités clés étaient les retraites et les questions liées à la sécurité d’emploi et à la transition vers les véhicules électriques.

Les négociations officielles entre Unifor et les trois grands constructeurs automobiles de Detroit se sont ouvertes le 10 août à Toronto. Le syndicat a désigné Ford comme cible des négociations le 29 août, se concentrant alors sur les négociations avec cette entreprise pour créer un modèle d’accord qui sera utilisé dans les négociations avec les travailleurs de General Motors et de Stellantis.

Le dernier cycle de négociations du contrat avec les constructeurs de Detroit, en 2020, avait conduit à des engagements d’investissement de plusieurs milliards de dollars de la part des entreprises. Unifor a souligné que l’élan accru en faveur de la transition vers les véhicules électriques avait porté les dépenses totales promises dans l’ensemble du secteur automobile canadien à environ 25 milliards $ au cours des trois dernières années.

Une influence aux États-Unis ?

Dennis Darby, de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, a salué l’accord de principe entre Unifor et Ford.

« S’il est accepté par les travailleurs, il permettra au secteur automobile canadien, mais aussi au secteur manufacturier de manière plus générale, de maintenir leurs activités », a-t-il affirmé dans un communiqué transmis par courriel.

Il a observé que la grève actuelle aux États-Unis, dans certaines usines de Ford, General Motors et Stellantis, avait un effet important sur les fabricants, créant un autre vent contraire pour une économie canadienne déjà au ralenti.

Au sud de la frontière, le syndicat des United Auto Workers est entré mercredi dans son sixième jour de grève, et son président Shawn Fain a menacé d’étendre l’arrêt de travail à d’autres usines si les trois géants de Detroit ne faisaient pas de progrès significatifs d’ici vendredi.

M. Tufts croit qu’il est possible que Ford soit parvenu à un accord avec Unifor en ayant pour objectif stratégique de ne pas déclencher de grève au Canada, tout en réduisant les attentes concernant l’accord aux États-Unis.

« Ford a peut-être été incité à conclure un accord sans grève au Canada afin d’atténuer le conflit nord-américain dans son ensemble », a indiqué M. Tufts.

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