Moins de sorties culturelles cet automne, confirment des directions d’école

« Le milieu culturel a raison de s’inquiéter, parce que ça veut dire que, tant que ce ne sera pas réglé, il y aura moins de sorties », souligne Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire.
iStock « Le milieu culturel a raison de s’inquiéter, parce que ça veut dire que, tant que ce ne sera pas réglé, il y aura moins de sorties », souligne Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire.

Des directions d’écoles sont trop débordées pour organiser toutes les sorties scolaires à la place des enseignants et certaines n’auront donc pas lieu, alors que des professeurs font la grève du zèle comme moyen de pression dans le cadre des négociations des conventions collectives.

« Le milieu culturel a raison de s’inquiéter, parce que ça veut dire que, tant que ce ne sera pas réglé, il y aura moins de sorties », souligne Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

Le milieu culturel constate une baisse des réservations cet automne et la venue d’élèves a également été annulée dans quelques théâtres, rapportait Le Devoir mardi matin. Les enseignants membres de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui ont voté le boycottage d’activités étudiantes, se présenteront toutefois aux sorties culturelles si celles-ci sont organisées par les écoles.

Des activités ont déjà été organisées et auront lieu, et d’autres sont « clés en main », précise l’AMDES. Pour les autres, les directions peuvent les organiser si elles sont simples. Mais « concrètement on ne peut pas organiser toutes les activités pour les élèves, donc ça veut dire qu’il y aura moins d’activités », souligne Kathleen Legault.

Elle précise que plusieurs tâches administratives sont encore à faire d’ici le 30 septembre et que les administrations des écoles font elles aussi face à une pénurie de personnel. « Chaque sortie demande des réservations, des lettres aux parents, une demande au conseil d’établissement, énumère-t-elle. Certaines peuvent facilement être prises en charge, mais tout le monde est débordé en ce moment, donc on peut difficilement demander aux secrétaires d’école d’en faire plus. »

Le fait que des sorties n’auront pas lieu préoccupe l’AMDES. « Dans nos quartiers plus vulnérables, où les jeunes pourraient moins avoir accès à une offre culturelle diversifiée, c’est plus préoccupant, dit Kathleen Legault. On peut aussi penser à nos élèves issus de l’immigration récente où les sorties font parfois partie des activités d’intégration. »

Pas le moyen de pression préféré de Québec

 

« C’est sûr que ce n’est pas le moyen de pression que je préfère, a répondu le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, interrogé par Le Devoir. Je trouve que c’est dommage pour les jeunes. Mais, en même temps, c’est le choix du syndicat et il a le droit de le faire. »

Le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a de son côté indiqué comprendre les inquiétudes du milieu culturel. « Nous ne ferons pas de commentaires, outre que nous espérons que les négociations se concluent le plus rapidement possible », écrit-on.

De son côté, le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) dit en être à mesurer les effets de cette situation dans ses milieux et tiendra les parents informés de l’évolution de la situation. « Notre priorité demeure le maintien de services éducatifs de qualité et nous espérons que les parties impliquées dans la négociation parviendront rapidement à une entente, écrit le porte-parole, Alain Perron. Notre plus grand souhait est que cette année scolaire puisse se dérouler le plus normalement possible pour nos élèves. »

Le Syndicat de l’enseignement de l’ouest de Montréal (SEOM), affilié à la FAE, remet toutefois en question le fonctionnement actuel. « Nos membres sont très sensibles à la réalité du milieu culturel. En même temps, je me demande si c’est normal que l’industrie culturelle du Québec repose sur les épaules du bénévolat du personnel enseignant, souligne le président, David Hamel. Ce qu’on veut faire reconnaître avec ce moyen de pression, c’est que la tâche du personnel enseignant est très lourde et qu’elle déborde. »

L’Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE) n’a de son côté pas souhaité commenter.

Avec Marie-Michèle Sioui

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