Charles III à Versailles pour «revigorer» l’amitié franco-britannique

Le président français, Emmanuel Macron (à droite) et le roi Charles III boivent après un toast lors d’un repas au château de Versailles, à l’ouest de Paris, mercredi.
Daniel Leal Agence France-Presse Le président français, Emmanuel Macron (à droite) et le roi Charles III boivent après un toast lors d’un repas au château de Versailles, à l’ouest de Paris, mercredi.

Charles III et Emmanuel Macron ont porté un message « d’amitié » franco-britannique porté sur « l’avenir » lors d’un dîner fastueux au château de Versailles, temps fort de la visite du roi en France entamée mercredi par une cérémonie à l’Arc de Triomphe et un mini-bain de foule.

Cette visite de trois jours en France, la première depuis le couronnement du monarque, « est un signe d’amitié et de confiance », perçu « comme hommage à notre passé, et comme gage d’avenir », a affirmé le président français en ouverture du repas.

Quelques instants plus tard, Charles III s’est adressé à l’assemblée pour son traditionnel toast, jonglant entre le français, qu’il parle couramment, et l’anglais. « Il nous incombe à tous de revigorer notre amitié pour qu’elle soit à la hauteur des défis de ce 21e siècle », a-t-il lancé à M. Macron, appelant à un « renouveau » de l’Entente cordiale, ou concorde franco-britannique, dont les 120 ans seront célébrés en avril prochain.

Comme souvent, le souverain a insisté sur les défis du changement climatique, « ce fléau », mais aussi sur « la défense de l’Ukraine ». Le chef de l’État français, lui, n’a pas omis de mentionner le Brexit, assurant que « malgré » cette sortie de l’Union européenne, « nous continuerons d’écrire ensemble une part de l’avenir de notre continent, de relever les défis et de servir les causes que nous avons en commun ».

Les deux chefs d’État n’ont pas oublié, non plus, de manier l’humour en évoquant tantôt le sport, tantôt des anecdotes historiques.

Menu royal

Ce message est venu prolonger l’apaisement entrevu ces derniers mois dans les relations franco-britanniques après plusieurs années houleuses quand Boris Johnson résidait à Downing Street, sur le Brexit, la pêche ou les migrants. Dans le sillage d’un sommet en mars où le président français et le premier ministre Rishi Sunak avaient permis une « reconnexion » entre les deux capitales.

Le choix de Versailles fut aussi l’occasion d’adresser un clin d’oeil à la mère du roi, accueillie dans ce décor somptueux en 1957 et 1962. Mercredi, le président français lui a rendu hommage.

À table, il s’est installé entre Charles et Camilla – Brigitte Macron siégeant à la droite du roi –, présidant une table d’invités prestigieux, du mythique chanteur des Rolling Stones Mick Jagger à l’acteur Hugh Grant, la comédienne Charlotte Gainsbourg ou le patron du groupe de luxe LVMH Bernard Arnault.

Au menu : homard bleu, volaille de Bresse et macaron à la rose, préparés par des chefs étoilés et servis dans une porcelaine de Sèvres.

Ce faste sera-t-il dommageable à l’image d’Emmanuel Macron, six mois après la crise des retraites dont les manifestations avaient entraîné le report de la visite royale, initialement prévue en mars ?

La descente des Champs-Élysées en voiture par le roi et le président, un peu plus tôt mercredi, s’était en tout cas effectuée dans le calme et dans une atmosphère décontractée, à l’image des quelques tapes adressées par M. Macron dans le dos de Charles III.

La reine Camilla et Brigitte Macron, elles, ont étonné en s’adressant une bise peu protocolaire par deux fois : à l’arrivée au pied de l’Arc de Triomphe avant une cérémonie de ravivage de la flamme du Soldat inconnu, puis dans la cour du château de Versailles.

À Paris, le grand public a été tenu à l’écart de la cérémonie par un important dispositif de sécurité, au grand dam d’Apolline Pilorget, venue avec sa fille de neuf ans. « On pensait pouvoir s’approcher un peu plus près », a-t-elle déploré.

À Versailles aussi, les badauds ont accouru. « Moi, je n’étais pas du tout contre la visite mais quand on voit le menu, étant donné la conjoncture actuelle, je suis un peu choquée, a pointé Laurence Bos, 68 ans. Ils auraient pu faire ça à l’Élysée ».

Au Sénat jeudi

Charles III et Emmanuel Macron se sont également entretenus à l’Élysée, avant de rejoindre à pied la résidence toute proche de l’ambassadrice du Royaume-Uni pour y planter un chêne. L’occasion d’un mini-bain de foule, avec quelques « vive le roi » lancés ici et là.

Le roi, qui entend asseoir son image à l’international un an après son accession au trône, entamera jeudi la partie la plus politique de sa visite avec un discours à la tribune du Sénat, une première pour un souverain britannique.

Il mettra aussi en avant un sujet qui lui tient à coeur, l’environnement, lors d’une table ronde sur le réchauffement climatique qu’il clôturera avec le président Macron au Museum national d’histoire naturelle puis vendredi à Bordeaux, dans une région durement frappée par les incendies en 2022 et qui compte de nombreux Britanniques.

Quelque 8000 policiers et gendarmes étaient mobilisés mercredi et jusqu’à 12 000 vendredi, où la visite du roi coïncidera aussi avec celle du pape François à Marseille.

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