Ensemble Montréal veut plus de brigadiers et d’aménagements routiers autour des écoles

Une brigadière aux abords de l’école Saint-Pierre-Claver, à Montréal, en août 2019
Valérian Mazataud Archives Le Devoir Une brigadière aux abords de l’école Saint-Pierre-Claver, à Montréal, en août 2019

« Le temps est venu d’avoir des actions décisives » pour que cesse la montée du nombre de piétons grièvement blessés ou décédés à Montréal, soutient l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville. Elle demande ainsi une augmentation du nombre de brigadiers et du financement alloué à la sécurisation des artères aux abords des écoles de la métropole.

À quelques semaines de la rentrée scolaire, le parti Ensemble Montréal s’inquiète, voyant que la sécurité des piétons laisse à désirer à des dizaines d’intersections de la métropole qui seront bientôt traversées par de nombreux enfants, parents et employés qui se rendront cinq jours par semaine aux écoles situées à proximité.

En mai 2023, la métropole comptait 521 passages d’écoliers sécurisés par la présence de brigadiers, un nombre qui n’a pratiquement pas bougé depuis 20 ans, affirme Ensemble Montréal. Or, le nombre de collisions routières ayant blessé gravement des piétons à Montréal est passé de 22 à 71 entre 2020 et 2022, tandis que 20 piétons ont été victimes d’une collision mortelle l’an dernier, selon des données du Service de police de la Ville de Montréal.

« C’est important de ne pas oublier que derrière ces chiffres, il y a des familles qui souffrent », a relevé mardi matin la porte-parole d’Ensemble Montréal en matière de transports actifs et de jeunesse, Alba Zúñiga Ramos, en conférence de presse à l’hôtel de ville.

Des données ouvertes de la Ville compilées par Ensemble Montréal montrent d’ailleurs que des centaines de collisions impliquant un piéton ou un cycliste sont survenues à Montréal entre 2012 et 2021 aux intersections situées aux abords d’une école primaire ou secondaire. Selon la Ville, il y en aurait eu 30 aux abords du Collège de Montréal, dans Ville-Marie, 25 près de l’école secondaire Jeanne-Mance, dans Le Plateau-Mont-Royal, et 21 devant l’école polyvalente Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord.

« Il faut arrêter de parler de mobilité sans sécurité à Montréal, parce que ça ne fait pas de sens », a souligné mardi Mme Zúñiga Ramos. Elle a ainsi plaidé pour une meilleure sécurisation des intersections problématiques situées à proximité d’une école « avant que le nombre de blessés et de décès augmente ». « Le temps est venu d’avoir des actions décisives », a-t-elle poursuivi.

Davantage de brigadiers

 

D’ailleurs, en 2019, lors d’une consultation publique, le Centre de services scolaire de Montréal avait plaidé pour une augmentation de 22 % du nombre de brigadiers présents devant ses écoles, qui devait venir répondre à la croissance de sa population d’élèves.

Depuis, les conditions de travail des brigadiers scolaires ont été bonifiées, mais elles demeurent insuffisantes pour que la Ville puisse en recruter un nombre qui répondrait à cette demande croissante, constate le porte-parole d’Ensemble Montréal en matière de sécurité publique, Abdelhaq Sari.

« La présence de plus de brigadiers scolaires et de policiers aux abords des écoles est primordiale pour assurer la sécurité de nos enfants », indique l’élu. Son parti déposera ainsi à la séance du conseil municipal du 21 août une motion réclamant notamment une augmentation du nombre de passages d’écoliers sécurisés par des brigadiers dans la métropole.

Invitée à réagir, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a assuré que la « sécurisation » des piétons et des cyclistes était la priorité de son administration, « avant même la fluidité » routière. Cependant, « on ne sera jamais capable de mettre un policier à chaque intersection à Montréal », a noté la mairesse. Elle souhaite plutôt privilégier le réaménagement des secteurs où les risques de collision sont plus élevés — en ajoutant des dos-d’âne ou des radars photo, par exemple.

Manque de fonds

 

La Ville de Montréal dispose déjà du Programme de sécurisation aux abords des écoles, qui vise à financer l’aménagement de saillies de trottoir, de dos d’âne, de refuges pour piétons et d’afficheurs de vitesse à des intersections ciblées. Ce ne sont toutefois que la moitié des projets soumis par les arrondissements de la métropole entre 2018 et 2022 qui se sont vu accorder un financement, constate Ensemble Montréal, qui demande donc que le budget alloué au programme soit doublé.

Le parti d’opposition affirme également que les projets de réaménagement prévus sur de grandes artères sont plus souvent refusés que ceux visant de plus petites rues parce que l’opération est plus coûteuse et complexe. Or, les rues plus passantes sont évidemment plus dangereuses pour les piétons et les cyclistes, note Ensemble Montréal.

« Il faut que ça change », répète Alba Zúñiga Ramos, qui réclame que les critères de sélection du programme soient revus afin que la priorité soit accord au réaménagement des environs des écoles situées sur le réseau d’artères de la métropole.

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