Un programme d’études de médecine en français à succès en Ontario

L’École de médecine du Nord de l’Ontario a un campus à l’Université Laurentienne, à Sudbury, où les étudiants francophones peuvent participer à des « stations d’apprentissage » en français.
EMNO L’École de médecine du Nord de l’Ontario a un campus à l’Université Laurentienne, à Sudbury, où les étudiants francophones peuvent participer à des « stations d’apprentissage » en français.

Pour améliorer l’accès aux soins de santé en français, l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO) a lancé l’automne dernier un projet pilote de formation francophone. Fort de son succès, le programme « Voie vers la médecine en français » sera « entériné » en 2024.

L’enseignement dans cette université, qui a un campus à l’Université Laurentienne, à Sudbury, ainsi qu’à l’Université Lakehead, à Thunder Bay, se fait en anglais.

Mais depuis l’année dernière, les étudiants francophones — sélectionnés à travers un processus d’admission distinct — qui s’inscrivent au programme peuvent participer à des « stations d’apprentissage » en français intégrées au curriculum obligatoire. Ces formations étaient auparavant offertes comme des activités parascolaires, ce qui représentait un « travail supplémentaire » pour les francophones, raconte la responsable du programme, la Dre Nicole Ranger. Les ateliers parascolaires demeurent cependant offerts aux « étudiants anglophones ou francophiles ».

Preuve de la « nécessité de cette formation », 90 % des étudiants francophones de première année ont choisi cette voie, se réjouit-elle. Une quinzaine d’étudiants s’y sont inscrits cette année, contre 19 en 2022.

En plus d’« alléger le fardeau de travail » des étudiants, cela leur permet de « développer leurs compétences, d’augmenter leur confiance à discuter avec les patients en français, et d’avoir une terminologie médicale appropriée pour échanger avec d’autres collègues, ajoute Mme Ranger. L’objectif final, c’est de s’assurer que ces étudiants maintiennent un niveau de confiance qui leur permet de rendre des services qui sont appropriés et sécuritaires pour les francophones du Nord de l’Ontario. » Si un médecin peut mener « le rendez-vous en français, c’est déjà un soulagement pour le patient ».

Originaire de New Liskeard, près de la frontière du Québec, Félix Lavigne raconte qu’il a souvent reçu des soins en anglais quand il était petit. « Quand le médecin donnait ses directives ou parlait de ce qu’il se passait, il y avait toujours une barrière, alors c’était difficile pour moi de comprendre et de me sentir à l’aise. » Aujourd’hui en deuxième année de médecine, il fait de l’apprentissage du français et de l’accès aux soins dans sa langue une « priorité ».

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De nombreuses villes du nord de la province sont en effet aux prises avec une « pénurie importante de médecins », indique Mme Ranger, notamment dans « des communautés rurales qui ont de très grandes proportions de patients francophones ». « Ça devient très difficile. »

Lorsque les places sont pourvues par des anglophones, le personnel de la santé, « qui doit parfois agir comme interprète », voit son travail alourdi, déplore la médecin de famille au Centre de santé communautaire du Grand Sudbury.

Comment s’assurer que ces jeunes médecins, une fois formés, resteront dans le nord de la province ? Il n’y a pas de moyen de le garantir, rétorque Nicole Ranger. Mais elle assure que le processus d’admission cible les étudiants « les plus susceptibles » d’y exercer. « La très grande majorité des étudiants parviennent de communautés rurales, éloignées, précise-t-elle. Ils ont un background francophone, autochtone, etc. »

Pendant leur troisième année, les étudiants doivent d’ailleurs passer huit mois dans une communauté pour gagner en expérience clinique. Une première immersion qui pourra déterminer leur « motivation à rester travailler dans le Nord de l’Ontario ».

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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