Élections Québec propose le retrait de circonscriptions à Montréal et en Gaspésie

À Montréal, le directeur général des élections du Québec modifierait sept circonscriptions et éliminerait celle d’Anjou–Louis-Riel.
Ryan Remiorz Archives La Presse canadienne À Montréal, le directeur général des élections du Québec modifierait sept circonscriptions et éliminerait celle d’Anjou–Louis-Riel.

Les régions de Montréal et de la Gaspésie pourraient bientôt perdre de leur poids démocratique. La Commission de la représentation électorale (CRE) recommande qu’on leur enlève une circonscription chacune.

L’organisme a déposé mardi à l’Assemblée nationale une révision préliminaire de la carte électorale québécoise. La refonte prévoit le maintien de 125 circonscriptions, mais l’apport de modifications à 55 d’entre elles. « La proposition […] vise à corriger des inégalités de représentation », a indiqué dans un communiqué le directeur général des élections, Jean-François Blanchet.

Selon le scénario d’Élections Québec, les circonscriptions gaspésiennes de Gaspé et de Bonaventure fusionneraient pour devenir simplement Gaspé-Bonaventure. Une portion de la circonscription actuelle de Gaspé passerait également dans Matane-Matapédia.

À Montréal, une réorganisation profonde de la carte électorale verrait la circonscription d’Anjou–Louis-Riel disparaître. Les circonscriptions de Camille-Laurin et de Rosemont se partageraient alors le territoire laissé derrière. Et ce n’est pas tout pour la métropole québécoise : le scénario proposé modifierait en fait sept circonscriptions sur l’île, dont cinq appartenant actuellement à Québec solidaire.

La Loi électorale fixe à 125 le nombre maximal de circonscriptions au Québec. Pour maintenir ce chiffre, la commission propose de faire naître les circonscriptions de Bellefeuille, à l’ouest et au nord de Saint-Jérôme, et de Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie, qui s’assiérait en partie sur le territoire de Drummondville.

Le rapport préliminaire de la CRE fera l’objet d’audiences publiques et d’une commission parlementaire. Élections Québec déposera ensuite une version finale de sa nouvelle carte électorale, laquelle entrera en vigueur dès les prochaines élections générales, en 2026.

« Attaque frontale »

L’avocat Alexis Deschênes, qui s’était présenté dans Bonaventure sous la bannière du Parti québécois l’an dernier, dénonce depuis quelques années « la dilution du poids politique de la Gaspésie » par les autorités fédérales et québécoises. Il a d’ailleurs entamé le mois dernier une poursuite pour faire annuler la décision d’éliminer la circonscription fédérale d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia.

Mis au courant mardi soir de la nouvelle proposition d’Élections Québec, M. Deschênes a condamné « une attaque frontale contre la Gaspésie ». « C’est vraiment fâchant. Comme Gaspésiens, on se sent un peu écartés. On se sent un peu mis de côté », a-t-il dit en entrevue avec Le Devoir.

« Quand on quitte l’extrémité ouest de la circonscription actuelle et qu’on veut se rendre jusqu’à l’extrémité est, on en a pour 3 h 15 de route. C’est déjà un très grand comté. Ajouter jusqu’à Grande-Vallée, ça ferait en sorte que le député dans une telle circonscription serait indubitablement moins accessible. »

Ajouter des députés ?

Le ministre responsable des Institutions démocratiques, Jean-François Roberge, a indiqué mardi qu’il prendrait le temps de consulter le rapport avant de se positionner. « Évidemment, nous sommes préoccupés par la représentation des régions et soucieux du poids de chaque vote », a écrit au Devoir son attaché de presse, Thomas Verville.

Alexis Deschênes exhorte le ministre caquiste à réagir dès maintenant. Le réaménagement du Salon bleu, qui permettra à terme l’ajout de quatre sièges, constitue une occasion en or pour le gouvernement de rouvrir la loi et d’ajouter des circonscriptions à la carte, a-t-il dit. « Le gouvernement en a tout à fait le pouvoir, et je pense que c’est le temps qu’il le fasse. »

Mardi, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, s’est dit « choqué et surpris de constater que l’est de Montréal perdrait une circonscription ». « Ma circonscription de Camille-Laurin perdrait tout le secteur Longue-Pointe, tout en ajoutant Anjou au comté. Les réalités y sont différentes, et les citoyens de Camille-Laurin ont le droit de maintenir une cohésion et représentation distincte », a-t-il écrit sur le réseau social X (anciennement Twitter).

Le Parti libéral du Québec et Québec solidaire ont pour leur part indiqué qu’ils analyseraient le rapport avant d’émettre des commentaires.

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