«La candidate»: députée par accident

Image tirée de la série «La Candidate» sur tou.tv
Bertrand Calmeau Image tirée de la série «La Candidate» sur tou.tv

Difficile de ne pas reconnaître Ruth Ellen Brosseau à l’écoute de la nouvelle série de Tou.tv La candidate, dans laquelle une jeune mère célibataire accepte d’être candidate poteau dans une circonscription qu’elle n’a jamais habitée, pour un parti dont elle ne connaît pas le programme. À l’instar de celle qui a incarné la vague orange en 2011, la protagoniste de cette comédie dramatique sera élue à la surprise générale. S’ouvre alors à elle tout un monde dont elle devra apprendre au fur et à mesure les rouages sans s’y perdre.

Dans le premier épisode, Alix Mongeau (Catherine Chabot) est une technicienne en pose d’ongles un brin mal engueulée qui habite un quartier populaire de Longueuil avec sa fille, qu’elle a eue à 16 ans. Certes, c’est une femme travaillante qui a su terminer sa 5e secondaire avec un enfant à charge, mais disons qu’Alix est plus à l’aise avec le « système D » (pour débrouillardise) qu’avec le système de Westminster.

« Oui, elle a des cheveux colorés, oui, elle a des vêtements ostentatoires, mais on ne la juge pas. Ne pas juger son personnage, c’est la base. Dès la première lecture, je suis tombée en amour avec elle. Jamais je ne me suis dit que c’était une guédaille. Elle est frontale, elle a de l’humour, elle répond, elle a une intelligence vive », prévient la comédienne Catherine Chabot, qui a su éviter de verser dans la caricature.

Son personnage ne connaît au départ de la série pas grand-chose de la politique, et n’a même pas voté aux dernières élections. Mais pour rendre service à un ancien ami du secondaire, dont elle n’est pas indifférente aux charmes, Alix accepte de se porter candidate pour le Parti progrès et démocratie du Québec, qui peine à recruter des candidats dans les circonscriptions perdues d’avance. Coup de théâtre : un scandale écorche le gouvernement en pleine campagne électorale, et elle est contre toute attente élue à l’Assemblée nationale alors qu’elle fête son 30e anniversaire avec sa meilleure amie à New York.

La politique, secondaire

 

Durant les 10 épisodes d’une heure qui seront en ligne à partir de jeudi sur Tou.tv Extra, sa personnalité éclatante et son franc-parler corrosif se buteront à la rigidité du monde politique. Certes, La candidate est campée dans le milieu politique, mais les téléspectateurs qui s’en désintéressent pourront tout de même apprécier la série, assure-t-on.

« Ce n’est pas un cours de politique. Au même titre qu’Avant le crash n’est pas une série sur la finance. Ce qui nous intéresse, c’est toujours l’humain avant tout », de souligner André Béraud, premier directeur des émissions dramatiques et des longs métrages à Radio-Canada.

En visionnement de presse, mercredi, André Béraud a laissé savoir que La candidate ne connaîtrait pas de deuxième saison, même si le potentiel est là. « La décision a été prise de faire une minisérie dans laquelle on suit [le personnage principal] durant un an. Ensuite, pourquoi étirer la sauce ? » a-t-il indiqué.

Inspirée par la vague orange

 

Le tournage de La candidate l’an dernier a été compliqué, notamment à cause des intempéries. La COVID-19 et des cafards se sont aussi invités sur le plateau. Qui plus est, le réalisateur Sébastien Gagné (Nuit blanche, Lâcher prise, Le chalet) s’est vu refuser l’autorisation de filmer à l’intérieur de l’Assemblée nationale.

Toutes ces embûches ne transparaissent pas des deux premiers épisodes présentés aux médias. Ce qui frappe, plutôt, c’est que la comédie dramatique porte clairement la marque de son autrice, Isabelle Langlois, celle à qui l’on doit les séries à succès Rumeurs et Lâcher prise.

La scénariste n’était pas présente mercredi au visionnement de presse, mais elle avait précédemment expliqué en entrevue que la « bougie d’allumage » de cette série était l’élection en 2011 de Ruth Ellen Brosseau.

On prend cependant bien soin de préciser que le personnage d’Alix Mongeau n’est pas l’ex-députée néodémocrate, élue à la surprise générale lors de la vague orange bien qu’elle ne se soit jamais rendue dans sa circonscription, Berthier-Maskinongé, et qu’elle ait passé une partie de la campagne à Las Vegas. Ruth Ellen Brosseau n’a pas été consultée durant le processus d’écriture.

On peut lire en fin de générique que « toute ressemblance avec des personnages réels ne peut être que fortuite ». Vraiment ?

À voir en vidéo