L’Université de l’Alberta retirera un nouveau panneau unilingue anglophone

L’ancien panneau à l’entrée du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, que l’on voit ici en 2020, comprenait à la fois le français et l’anglais.
Viola-Ness via Wikimedia Commons L’ancien panneau à l’entrée du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, que l’on voit ici en 2020, comprenait à la fois le français et l’anglais.

L’Université de l’Alberta a annoncé mardi après-midi que le panneau unilingue anglophone installé à l’entrée du campus Saint-Jean « sera immédiatement retiré » et remplacé par un nouveau qui « reflète l’identité culturelle francophone unique » de l’endroit.

L’établissement explique le changement d’affichage par une volonté de s’« aligner sur sa nouvelle image de marque institutionnelle ».

« L’omission de la dimension francophone sur le panneau d’entrée du campus Saint-Jean est une erreur importante et regrettable, a déclaré l’Université de l’Alberta par voie de communiqué. Nous nous excusons auprès des communautés d’expression française et des membres de la communauté du campus Saint-Jean. »

Lundi, une gestionnaire de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), Amy Vachon-Chabot, avait partagé sur X (anciennement Twitter) une photo du nouveau panneau dépourvu de français. Dès le lendemain, l’ACFA a qualifié le geste « d’anglo-normatif » et a appelé l’établissement à revenir sur sa décision.


 

Les inquiétudes demeurent

Joint mardi en fin d’après-midi par Le Devoir, le président de l’ACFA, Pierre Asselin, s’est dit « encouragé » par la réponse « rapide et favorable » de l’Université de l’Alberta, mais plusieurs inquiétudes demeurent.

« L’esprit de cette décision m’inquiète. Ils vont remettre le panneau, c’est bien beau, mais d’où est venue cette idée qu’il y avait une logique de faire cela ? » lance-t-il au bout du fil. « Que ce soit une erreur, on accepte les excuses, mais comment est-ce que des erreurs comme ça continuent de se produire ? » ajoute-t-il, qualifiant cette fois-ci le geste d’« assimilateur » et de « manque de respect envers la francophonie en Alberta ».

« Lieu de mémoire », le campus Saint-Jean, chapeauté par l’Université de l’Alberta, est le seul établissement postsecondaire en français à l’ouest du Manitoba, rappelle Pierre Asselin.

Ce dernier estime que les craintes quant à la préservation de « l’aspect franco-dominant du campus Saint-Jean » et de son « rôle communautaire, culturel et social » sont, depuis l’année dernière, particulièrement nombreuses. « Ça fait longtemps que ça bout un petit peu en dessous, et puis là, c’est assez. »

L’ACFA est particulièrement inquiète de l’« absence de consultations » de la part de l’université. La semaine dernière, le journal albertain Le Franco rapportait que plusieurs organisations francophones s’alarmaient du réaménagement d’une « salle historique » du campus Saint-Jean, qu’elles estiment avoir été mené sans consultation préalable, ce que l’Université de l’Alberta dément. La salle abritait selon elles des objets mémoriels importants.

Un comité ad hoc chargé d’étudier la situation et d’établir un plan d’action s’est rencontré. Une réunion avec la haute direction de l’Université de l’Alberta est également prévue « très prochainement », indique M. Asselin.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
 



Une version précédente de ce texte indiquant que c'est Radio-Canada qui rapportait que plusieurs organisations francophones albertaines s’alarmaient du réaménagement d'une salle du campus Saint-Jean a été modifiée.

 

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