Un «plan national» réclamé pour s’attaquer à la crise du logement au Québec

Le groupe G15 + demande, notamment, la réalisation de 5000 logements sociaux et communautaires par année pendant les 5 prochaines années.
Sean Kilpatrick La Presse canadienne Le groupe G15 + demande, notamment, la réalisation de 5000 logements sociaux et communautaires par année pendant les 5 prochaines années.

Une coalition d’organisations des milieux économique, syndical et environnemental réclame la création d’un « plan national » en habitation au Québec, tout en appelant le gouvernement Legault à ne pas négliger la crise environnementale à laquelle contribue le déficit majeur dans l’offre de transport collectif dans la province.

Le collectif G15+ a été formé en mars 2020, au moment où la pandémie de COVID-19 bouleversait l’économie du Québec. Ses membres, parmi lesquels on compte le Conseil du patronat du Québec (CPQ), l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ) de même que l’organisme Vivre en ville et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, ont alors uni leur voix derrière 29 recommandations qui ont été soumises au gouvernement Legault pour l’aider à organiser la relance économique de la province.

Depuis, cependant, « le monde a évolué », a résumé mardi le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard, en entrevue avec Le Devoir en présence de deux autres membres de cette coalition d’organismes. Devant une « crise en habitation » qui s’est accentuée et celle des changements climatiques, qui s’est « accélérée », le groupe G15+ a décidé dans la dernière année de réviser sa « feuille de route », a ajouté M. Savard.

Ce sont ainsi 45 nouvelles propositions que le collectif, qui compte plus de 15 membres, a présentées mardi soir à l’Assemblée nationale devant plusieurs membres de la société civile et des députés, dont la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a appris Le Devoir.

Le groupe G15+ demande notamment à Québec de réaliser 5000 logements sociaux et communautaires par année pendant les cinq prochaines années en mettant en place un financement public suffisant pour couvrir 50 % des coûts de construction. Le gouvernement du Québec et les villes sont également invités à rénover leurs propriétés publiques excédentaires pour que celles-ci puissent ensuite accueillir des projets de logements sociaux.

Il y a un travail à faire assez urgent et nécessaire

« C’est un chiffre établi en fonction de la capacité de livrer que le gouvernement avait mis de l’avant en termes de budget », mais qui n’a pas encore donné les résultats attendus, relève le directeur général de l’AGRTQ, Éric Cimon. « Il y a un travail à faire assez urgent et nécessaire » pour répondre aux besoins des locataires les moins nantis, poursuit-il.

Le casse-tête des employeurs

 

Or, à la crise du logement se juxtapose celle de la pénurie de main-d’oeuvre, les deux s’entrechoquant pour causer bien des maux de tête aux employeurs, en particulier en région, a relevé le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn. Certains entrepreneurs se retrouvent ainsi à devoir construire eux-mêmes des logements pour accueillir de nouveaux travailleurs dans les municipalités où ils s’installent, avec tous les défis logistiques que cela implique, a-t-il souligné.

« Maintenant, les entrepreneurs, en plus de gérer et d’exploiter leur entreprise, c’est rendu dans certains cas des agents immobiliers, des constructeurs de logements, a poursuivi le président de la CPQ. C’est sûr que pour les employeurs, cette incapacité à trouver des logements est un problème aussi grand que la pénurie de main-d’oeuvre, parce que si tu as des travailleurs, mais que tu n’es pas capable de les loger convenablement, tu ne pourras pas les garder dans ta municipalité. C’est un problème majeur. »

Le groupe G15+ presse ainsi le gouvernement Legault d’organiser des états généraux sur l’habitation qui permettront l’élaboration rapide d’un plan national visant à s’attaquer aux différentes facettes de la crise du logement. « Le temps ne réglera pas les choses par lui-même cette fois », a ainsi prévenu Christian Savard, les problèmes d’accès à un logement ayant fait gonfler le nombre d’itinérants au Québec entre 2018 et l’an dernier.

Crise environnementale

 

Or, il ne faut pas seulement construire des logements rapidement, mais aussi s’assurer de limiter l’empreinte énergétique de ceux-ci, estime le collectif, qui propose une série de façons de rendre le milieu de la construction plus écologique. « Effectivement, ce n’est pas parce qu’il y a une crise de l’habitation qu’il ne faut pas faire face à la crise environnementale et construire de manière à réduire nos émissions de gaz à effet de serre », a résumé Christian Savard mardi.

Le collectif propose également aux élus de doubler l’offre de transport en commun au Québec d’ici 10 ans afin de freiner la croissance rapide du parc automobile dans la province, qui va à contre-courant de la lutte contre les changements climatiques. « On croit qu’il faut se diriger vers une amélioration de l’offre de service partout au Québec », souligne M. Savard, selon qui Québec aurait tout avantage à s’inspirer de l’Ontario, qui a développé son réseau de transport collectif de façon « assez spectaculaire » dans les dernières années.

G15+ entend rencontrer tour à tour différents cabinets ministériels à Québec et à Ottawa dans les prochains mois pour faire entendre ses requêtes.

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