La priorité en éducation : les négociations

La rentrée scolaire risque d’être bien chargée côté négociations et actions pour le personnel du réseau de l’éducation et la CSQ, qui le représente.
Photo: CSQ La rentrée scolaire risque d’être bien chargée côté négociations et actions pour le personnel du réseau de l’éducation et la CSQ, qui le représente.
À quelques jours de la rentrée, des défis de taille s’annoncent aux portes des écoles : les négociations pour améliorer les conditions de travail du personnel, sans compter la conservation des effectifs en place et les efforts pour attirer une relève. La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a beau être en première ligne de front, ce ne sera pas la négociation d’un syndicat, mais bien celle des femmes et des hommes qui tiennent le réseau de l’éducation à bout de bras depuis un bon moment déjà, et ce, du préscolaire au collégial.

Ne cachant pas que la pénurie risque de créer encore bien des maux de tête aux membres du personnel (profs, soutien scolaire et professionnels — c’est qu’on les représente toutes et tous, pas seulement les enseignants —) qui se prépare à amorcer une nouvelle année, le président de la CSQ, Éric Gingras, rappelle que la sonnette d’alarme a pourtant été tirée il y a plusieurs années : « On lève la main depuis longtemps, avant même la pandémie. “Non, non, ce n’est pas une pénurie, c’est une rareté dans certaines régions, sans plus”, répondait le ministre Roberge, qui était alors en place. Pourtant, on lui répétait que ça s’en venait. » Pour pourvoir au manque d’effectifs dans toutes les catégories d’emploi du réseau scolaire et améliorer les conditions de travail de ses membres, « ça va prendre un coup de barre », résume M. Gingras, qui prédit que la suite des négociations sera ardue.

Selon lui, les gouvernements qui se sont succédé ont fait le choix d’investir peu dans les réseaux publics, creusant davantage l’écart avec le privé dans les conditions de travail. Et les membres — ou le personnel — le sentent plus que jamais : « Si on prend l’exemple des salaires, on voit tout ce qui se fait dans les entreprises et dans le secteur privé, ici et ailleurs au Canada, en période d’inflation. Oui, il y a des négociations qui se terminent en conflit de travail, mais les salaires sont très élevés parce qu’on veut attirer du personnel, observe Éric Gingras. Dans le secteur public, le gouvernement nous offre 9 % sur 5 ans. C’est moins de 2 % par année. Ce n’est même pas une base de discussion. »
Photo: CSQ Éric Gingras, président de la CSQ

La réforme Drainville rate la cible

Ayant déjà fait couler beaucoup d’encre, le projet de loi du ministre de l’Éducation actuel, Bernard Drainville, ne fait pas l’unanimité. En se dotant de plus de pouvoir et en multipliant les données qui seront recueillies dans les établissements pour alimenter un tableau de bord provincial, la vision du gouvernement inquiète plusieurs acteurs dans le réseau de l’éducation, dont Éric Gingras et ses membres.

« Le ministre veut refaire ce qu’on a mis de côté à travers les différentes réformes. Il y a des éléments qui sont intéressants, mais c’est sur le terrain que ça se passe, pas [dans des tableaux, des chiffres] ou un centre d’excellence en éducation. Surtout pas quand il existe des universitaires qui font déjà ça [réfléchir au système de l’éducation et trouver des pistes pour l’améliorer]. Pourquoi ne discute-t-on pas avec eux? » demande Éric Gingras.

Ce dernier est catégorique : le projet de loi du ministre Drainville n’a pas le mordant qu’il faut pour enrayer la pénurie dans les différents réseaux. « Est-ce que ça aura un impact à court, moyen et long termes sur le travail des enseignants, du personnel de soutien et des professionnels dans les milieux scolaires? La réponse est non. »
Photo: CSQ

Des négos plus musclées à la rentrée?

Doit-on se préparer à un conflit de travail? S’il y a lieu, « ce sera proposé par les organisations syndicales et adopté par les membres en assemblées, prévient le président de la CSQ. On va leur suggérer des stratégies, et ça pourrait inclure la grève. On n’a pas à le cacher, mais personne ne veut ça. On est prêts à se battre, à lever le ton. Ce sera à nos membres de décider. Ce serait pourtant si simple pour le gouvernement de s’asseoir et [de travailler avec nous]. On a besoin de monde dans le réseau, ça se vit partout ».

Pour pourvoir au manque d’effectifs dans toutes les catégories d’emploi du réseau scolaire et améliorer les conditions de travail de ses membres, « ça va prendre un coup de barre ».


La situation actuelle a été largement documentée. La pénurie est présente à tous les niveaux, y compris le collégial. Pourquoi le travail de négociation s’annonce-t-il alors aussi difficile malgré des besoins facilement repérables et quantifiables sur le terrain? « On a un gouvernement d’affaires qui préfère subventionner les entreprises et investir des sommes considérables pour le développement d’emploi dans le secteur privé, observe Éric Gingras. Pour lui, le secteur public est une dépense. Pourtant, on parle de servir la population. Il est là, l’investissement pour le futur du Québec! »

L’automne risque d’être mouvementé, répète Éric Gingras, « mais comme organisation, on veut trouver des solutions. Les prochains mois seront déterminants ».

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