La Mauricie, culture éblouissante

FestiVoix
Photo: Cyrille Farré FestiVoix
La scène culturelle québécoise est plus dynamique que jamais et les régions n’ont rien à envier à la métropole. C’est le cas de la Mauricie, où des artisans d’une multitude de disciplines créent, inspirent et redéfinissent l’art, quelle qu’en soit la forme. En six portraits, tournée d’une région devenue incontournable pour son panorama diversifié d’art et de culture.

Porter à l’écran ses convictions
Laurence B. Lemaire

« L’inspiration peut naître à peu près n’importe où, pourvu qu’on soit curieux, mais la ville que j’habite, Trois-Rivières, qui est aussi ma ville natale, offre certainement de nouvelles histoires à raconter avec une perspective décentralisée des grands centres comme Montréal », réfléchit Laurence B. Lemaire, productrice, réalisatrice et scénariste indépendante.
Celle qui a fondé les Productions La Petite Lumière travaille actuellement sur un long métrage documentaire portant sur une famille syrienne réfugiée, arrivée à Trois-Rivières en 2016, les Albasha. « Je m’intéresse à leur expérience d’exil et d’enracinement dans une ville de région, qui leur reflète souvent leurs différences, et à leur passage rocailleux et lumineux vers l’âge adulte. » Pour ce film portant sur la sororité et l’amour d’une famille, elle est accompagnée par Patricia Bergeron des Productions Leitmotiv à Montréal.

Son premier long métrage, Le mur invisible, a été en lice aux Prix Gémeaux 2021 dans trois catégories, dont Meilleur film documentaire société. « Toute marque de reconnaissance qui vient avec la diffusion d’un premier film nous donne confiance. Mais un matin, on se retrouve devant notre ordinateur, et il faut puiser dans nos motivations profondes pour continuer. Être documentariste, défendre des idées en respect de nos convictions, c’est, pour moi, une vocation. »
La petite Place des Arts, exposition de Jacques Newashish

Guitares lourdes et sentiers d’automne
Louise Girard

Louise Girard a eu le coup de foudre pour le heavy métal lorsqu’elle a entendu pour la première fois One de Metallica. L’émission SolidRok à MusiquePlus, des cassettes copiées dont le ruban défilait dans son baladeur jaune et des groupes métal découverts par hasard avec le club d’achat postal Columbia ont contribué à son éducation musicale. Quelques années plus tard, elle lançait le projet Sang frais, un magazine consacré aux artistes québécois de la scène métal, publié de 1998 à 2005.

Elle cherchait un peu de calme lorsqu’elle a quitté la métropole pour s’établir en Mauricie : « C’était quelques années après avoir mis fin à mon projet de magazine. À l’époque, j’étais totalement épuisée du rythme de vie que je menais à Montréal, où j’assistais en moyenne à trois spectacles métal par semaine », se souvient-elle.

La mélomane a récemment reçu une bourse territoriale du CALQ afin de documenter la scène métal de la Mauricie dans le livre qu’elle est en train d’écrire sur l’évolution de ce genre musical au Québec. Elle entrevoit un automne productif et créatif en Mauricie : « C’est une de mes saisons préférées pour me retirer en forêt et écrire. Ici, il y a plein de beaux sentiers où je peux m’installer avec mon cahier. »
Photo: Stéphane Bourgeois Les Escales Fantastiques de Shawinigan

La musique, comme un film dans la tête
Verlene

L’autrice-compositrice-interprète et photographe Verlene a trouvé refuge au croisement des univers rock alternatif et cinématographique. Après deux mini-albums parus en 2016 et 2019, elle oriente désormais sa création sous forme d’œuvres conceptuelles. Son inspiration, elle la trouve dans la signification d’origine philosophique des arcanes majeurs du tarot de Marseille. À ce sujet, Verlene collabore avec Christophe Poncet, philosophe et auteur français qui lui enseigne les principes et codes que porte chacun des 22 arcanes majeurs, qu’elle transpose dans l’écriture et la composition de ses chansons.

La Mauricie est mise en vedette dans son approche artistique : « Même si ma région n’est pas le terreau premier des concepts liés à la création de mes chansons, elle l’est pour ce que je crée sur le plan visuel. Le caractère mystique et ancré dans la nature de mon univers artistique se marie très bien aux lieux qu’on retrouve ici », décrit-elle.

Ce sont Alanis Morissette, Björk, Nirvana et Radiohead, découverts à l’adolescence, qui l’ont marquée par leur façon singulière de chanter et de bouger. « Il s’en dégageait une essence totalement libérée et un sentiment de défoulement qui résonnaient très fort en l’ado que j’étais. » Son prochain album sera d’ailleurs teinté de cette influence alternative, promet l’artiste.

EMA Expérience métiers d'arts

Jeux de lumière
Sylvie Leblanc

Reconnue pour sa maîtrise de la coupe de verre à froid, l’artiste verrier Sylvie Leblanc fait parler la matière à travers la lumière. Prédominante dans ses œuvres, elle transmet au verre force, vitalité, dynamisme et portée. « Paradoxalement, on peut la manipuler en tant que matérialité, mais on ne peut y toucher. Elle anime et donne vie. Elle est l’essence de mes œuvres », explique l’artiste.

La bachelière en arts visuels de l’Université du Québec à Trois-Rivières participe régulièrement à des projets de médiation culturelle auprès des jeunes. Elle croit en l’importance d’entrer en contact avec les arts dès la petite enfance : « S’initier à ce qui est différent de soi, s’ouvrir à de nouvelles techniques et formes d’art, faire des erreurs volontaires, expérimenter, persévérer, travailler en collectif, s’ouvrir à l’autre, canaliser son énergie de façon créative et, enfin, développer un sentiment d’appartenance font partie des valeurs que je tente de transmettre lors de mes rencontres-projets avec les jeunes. »

Née en Mauricie avec de grandes envies d’aller voir ailleurs, elle a choisi de revenir pour se rapprocher de ses racines : « L’arbre, la forêt, le paysage abstrait, les grands courants d’eau, le froid et l’environnement m’inspirent, et ici, tout cela est possible », termine-t-elle.
Photo: Le groupe Cosmophone

Ode à la répétition
Geneviève Baril

C’est en milieu urbain, dans le parc récréotouristique de l’Île-Saint-Quentin, qu’on a déposé sa plus récente création, formée de deux structures en acier inoxydable construites sur place. « Ces sculptures évoquant une vague ont été recouvertes de matières végétales amassées lors de cueillettes sur l’île. Les sculptures “habitables et immersives” se veulent une invitation aux visiteurs à s’en imprégner, car ils peuvent s’y asseoir pour prendre une pause et découvrir l’île autrement », décrit Geneviève Baril, artiste en arts visuels.

Depuis quelques années, elle projette l’idée de visiter les îles du Saint-Laurent et d’y créer des œuvres éphémères et il était primordial que ce projet débute dans sa région. Les structures, qui sont démontables, prendront le chemin des îles du fleuve Saint-Laurent dans les prochaines années pour y être chaque fois recouvertes de matières végétales spécifiques à l’endroit. « Chaque lieu dictera l’aspect final des sculptures », assure l’artiste.

Celle qui s’intéresse à la temporalité de la lenteur, de la contemplation, à l’effet d’accumulation et au geste répétitif crée des installations, des reliefs sculpturaux, des lieux à découvrir ou à vivre, des environnements où l’épuration, la sensibilité et la poétique sont au premier plan.
Photo: Musée Pop

Gardienne de la mémoire
Ann Marlène Gagnon

Ses interventions visent à conserver ou à restaurer l’authenticité et l’intégrité du bien ou du lieu à préserver. « Avec les années, j’ai compris que cette volonté d’atténuer les aléas de l’existence en disait beaucoup sur moi. Cela me parle de mes préoccupations éthiques et esthétiques, que je veux en concordance avec mes valeurs », explique Ann Marlène Gagnon, conservatrice-restauratrice accréditée, gestionnaire et chef d’atelier à l’Atelier du Patrimoine

Sa clientèle est composée de musées, de galeristes, d’encadreurs et de collectionneurs privés. Sa riche expérience, en partie acquise sur le Vieux Continent, lui a permis de développer un savoir-faire qui dépasse les limites de la restauration. Par des conférences et des formations, elle intervient au cœur même de la création. « La vulgarisation de mes connaissances scientifiques en regard des matériaux, de leur mise en œuvre et de leur vieillissement répond à un réel besoin chez nos créateurs. […] La transmission de ce savoir a un effet significatif sur le savoir-faire et un impact direct sur la santé des œuvres. »

De son atelier, qu’elle a fondé en 2016, celle qui est également doctorante à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) au programme de muséologie, médiation et patrimoine s’applique à garder en vie des fragments de notre histoire, une œuvre à la fois.

DICI.ca, un écosystème pour les arts

Ces artistes et plusieurs autres sont tous présentés sur le site DICI.ca, un magazine culturel qui met en valeur toute la vitalité culturelle de la Mauricie. Lancé en 2021, le projet propulsé par l’équipe de Culture Mauricie s’est rapidement positionné comme un incontournable de l’information et de la programmation culturelle de la région, territoire d’évasion, d’aventure et de divertissement. Avec son contenu exclusif et local, DICI.ca donne l’occasion aux lecteurs de créer un contact privilégié avec des artistes et artisans, des œuvres puissantes et leur histoire. Véritable halte art et culture dans un univers numérique où abonde l’information, DICI.ca transforme chaque visite en rencontre.
www.dici.ca/la-culture-eblouit


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